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La maire d’Oyem réfute la conférence nationale

Rose Allogo-Mengara, maire de la 4e ville du Gabon, Oyem, a développé, le 31 août dernier, une argumentation historique et politique qui réfute la nécessité d’une deuxième conférence nationale au Gabon. Elle propose plutôt l’organisation d’un audit national pouvant déboucher sur une plateforme de réconciliation.

Oyem, capitale provinciale du Woleu-Ntem vient une nouvelle fois de prendre le contre-pied de Bitam, deuxième ville de cette province. Alors que René Ndemezo’Obiang, député PDG d’Oyem et baron politique de la province, a rendu public, le 24 août 2012, son approbation pour la tenue de la conférence nationale qui alimente actuellement la chronique au Gabon, la mairesse d’Oyem a annoncé, le 31 août, son hostilité à l’idée d’une tenue des états généraux du pays, souhaités par l’opposition et la société civile.

A la faveur d’une conférence de presse aux relents de meeting donnée à Oyem, à laquelle ont assisté les notables et certaines associations de la ville, Mme Rose Allogo-Mengara, maire de la 4e ville du Gabon, s’est étonnée «de ce que certaines personnes veulent nous ramener en arrière» en demandant la tenue d’une nouvelle conférence nationale.

Comparant le contexte sociopolitique de 1990, qui a donné lieu à la première conférence nationale, à celui de 2012, le maire d’Oyem a rappelé qu’en 1990 «le vent de l’Est a favorisé un mouvement de démocratisation en Afrique francophone dans les pays où il n’y avait qu’un seul parti, où les libertés d’opinion et les droits de l’homme étaient bafoués.» Poursuivant, Mme Allogo-Mengara a souligné qu’aujourd’hui, «il y a plus de 45 partis politiques ; celui qui veut s’exprimer ou donner son avis sur les questions d’intérêt national ou sur la manière de gérer le pays peut le faire sans rien craindre, et ce malgré les difficultés rencontrées. Les pouvoirs publics s’efforcent d’appliquer les droits de l’homme au Gabon.»

Fort de cette comparaison, le maire d’Oyem n’a pas manqué de rappeler que les principaux promoteurs d’une nouvelle conférence nationale, voulue souveraine, ont combattu la souveraineté de celle de 1990. «On appelle à l’organisation d’une deuxième conférence nationale que certains ne voulaient pas souveraine en 1990. Et ceux qui veulent la conférence nationale sont pour la plupart ceux qui contestent la légitimité du président de la république, Ali Bongo Ondimba.»

Elue aux municipales sous la bannière du RPG de Paul Mba Abessole, un parti associé au Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), Mme Rose Allogo-Mengara, a indiqué, sur cette lancée, que cette nouvelle démarche vise à dessaisir le président Ali Bongo de la souveraineté qui lui a été confiée à l’issue de la présidentielle anticipée de 2009. «Je pense que s’ils veulent discuter avec lui, qu’ils commencent par reconnaître qu’Ali est le président de la République et ensuite ils discuteront avec lui», a-t-elle souligné non sans préciser que la conférence nationale souhaitée ne saurait être souveraine : «Si cette conférence devait un jour aboutir, elle ne peut pas être à mon avis souveraine, parce que nous ici à Oyem et dans le Woleu-Ntem nous ne voulons pas que la souveraineté que nous avons confié au président de la République, et que la communauté internationale lui reconnait, lui soit enlevée. Ceux qui lui disputent cette souveraineté doivent attendre 2016 et à ce moment là le peuple tranchera.»

Estimant que les acteurs politiques qui réclament actuellement une nouvelle conférence ont été aux affaires et qu’ils se seraient enrichis pour des générations, l’édile de la commune d’Oyem suggère qu’en lieu et place d’une conférence nationale, soit organisé un audit national. «Si dans leur esprit la 2e conférence nationale qu’ils demandent doit avoir pour objectif à nouveau de se partager le pouvoir et les postes comme ils l’ont fait en 1990 et 1994 après les Accords de Paris, je pense que dans ce cas il est légitime qu’il y ait aussi un audit national de la gestion de ces gens là quand ils étaient aux affaires pour qu’ils rendent compte au peuple gabonais de leur gestion. A ce moment là, la 2e conférence nationale serait un moyen de légitimation de prise de parole pendant ces assises.»

L’audit national souhaité par le maire RPG d’Oyem devrait, selon elle, permettre de savoir «qui a contribué à ruiner le Gabon ou qui a contribué à l’enrichir. Mais s’il est prouvé que toute la classe politique d’hier a participé au pillage de note pays, on parlerait plutôt de réconciliation nationale et vérité.»

A un journaliste qui lui a demandé si elle entendait qu’Ali Bongo et ceux des membres de sa famille ayant participé à la gestion des affaires publiques, ou Jean-François Ntoutoume Emane, le maire de Libreville, ou encore Guy Nzouba Ndama, le président de l’Assemblée nationale, soient également audités, l’ancienne syndicaliste, ex-députée suppléante et ex-conseillère technique du ministre de l’Agriculture, s’est rebiffée : «Je dis qu’Ali Bongo Ondimba, notre président aujourd’hui, est arrivé aux affaires il n’y a pas longtemps. Les principaux acteurs du système ne sont-ils pas ceux qui réclament la conférence nationale aujourd’hui ? Ali Bongo n’était pas le principal acteur. Je dis qu’il n’était pas seul ! Les Bongo n’ont jamais géré le pays seuls ! Ils ont géré le pays avec les autres Gabonais. On ne peut pas se tromper de gestionnaire, on ne peut se tromper sur les gens qui ont fabriqué le système. Pourquoi ne parlerait-on que des Bongo et pas des Myboto, n’ont-ils pas été dans le système ?»

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