Des produits périmés sont de plus en plus déversés sur le marché gabonais. Notamment dans les petits marchés informels qui se développent un peu partout. Malgré la dangerosité, l’argument principal, concernant leur acquisition par les consommateurs est leur moindre coût.
A Libreville comme à l’intérieur du pays, après la destruction de tous les étals et autres boutiques qui occupaient le domaine public, les marchés informels reviennent en force. Dans ces lieux de commerce à la sauvette, le plus souvent des carrefours qui se transforment en début de soirée, grouillent des flopées de débrouillards. Ils proposent aux populations à faibles revenus, des produits accessibles du fait de leurs bas prix.
On y trouve un peu de tout : des pâtes, des conserves, du dentifrice, de la viande, du lait concentré ou en poudre… mais aussi des matériaux de construction ou des vêtements.
Très rarement, sur les produits de consommation proposés, les dates de péremption sont exactes. Si elles n’ont pas été falsifiées, elles sont incorrectement inscrites sur la marchandise. Mais le prix très bas encourage les consommateurs à l’achat, négligeant de ce fait les risques toxiques et la dangerosité.
Après avoir acheté, à 500 francs CFA, au marché de Mont-Bouët (le plus grand du Gabon), un tube de pâte dentifrice d’une marque notoirement connue, une dame interrogée sur une chaîne de télévision locale, résume la situation : «Ce n’est pas seulement aujourd’hui qu’on achète des choses comme ça. C’est à cause de l’argent. Il n’y en a pas assez pour allez acheter dans une boutique à plus de 2 500 francs CFA. Ces gens nous aident. On n’a pas le choix».
Depuis la mesure gouvernementale qui annonçait, le 3 août dernier, la suspension des contrôles dans les commerces et échoppes, des commerçants véreux écoulent désormais allègrement des produits avariés. Ils les mélangent aux stocks de bons produits et les consommateurs, qui ne prêtent que rarement attention à ces détails, tombent facilement dans le piège.
«Récemment, nous avons acheté du poisson congelé. Mais lorsqu’on a commencé à le dégivrer pour le nettoyer, on s’est rendu compte qu’il était entièrement pourri et sentait très mauvais. C’est à la poubelle qu’il a fini», raconte Corinne S., une jeune mère de famille. «Les commerçants veulent se faire plus d’argent. Donc, même lorsque c’est pourri parce qu’il y a eu des problèmes pendant l’importation, ils cherchent seulement à rentrer dans leurs fonds». S’expliquant, un jeune Gabonais, vendeur de volaille en bordure de route au marché de Nzeng-Ayong, affirme qu’il est, lui aussi, victime de ces produits périmés ou contrefaits, pourtant achetés auprès des grossistes ou des importateurs.
La réalité est que les stocks ayant atteint la date de péremption ne sont pas détruits comme l’exige la loi. Ils sont bien au contraire bradés aux marchands à la sauvette qui ne disposent eux-mêmes que d’un très faible capital. Certains agents véreux de la Direction générale de la concurrence et de la consommation (DGCC), chargés de contrôler ces opérations, passent sous silence ce qu’ils devraient réprimander par des sanctions exemplaires en échange d’un bakchich.
Au final, le consommateur peut se retrouver avec des intoxications alimentaires, des maladies cutanées dont il ignore l’origine et même en mourir. Sensibiliser et éduquer les consommateurs pour qu’ils ne sautent pas les yeux fermés sur des produits alléchants et dont les prix deviennent subitement séduisants fait parti du travail du gouvernement… Mais il semble l’avoir oublié.
C’est là aussi que doivent intervenir les associations des consommateurs. Car si, dans ce genre de cas, la sanction est un moyen de dissuasion, la sensibilisation et l’éducation sont aussi nécessaires pour protéger les intérêts des consommateurs.