La visite des chantiers effectuée, le 1er septembre dernier, par Séraphin Moundounga, le ministre de l’Éduction nationale, a été l’occasion d’un violent blâme envers l’un des entrepreneurs adjudicataires des travaux. Mais, les personnes indélicates ne sont pourtant pas toujours là où on croit les trouver.
Séraphin Moundounga, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et technique et de la Formation professionnelle, a effectué, le 1er septembre 2012, un tour des établissements scolaires et universitaires de Libreville dans lesquels des travaux de réfection, de réaménagement ou de construction ont été entrepris.
La visite, qui a commencé par le lycée technique Omar-Bongo, est passée par la faculté de médecine. Arrivé au Lycée Paul Indjendjet Gondjout, le ministre a constaté le non avancement criant des travaux, le recyclage de certains matériaux et fournitures pourtant facturés. Adjudicataire du marché, Habib Sylla, promoteur des entreprises EGCRE et GIDCO, qui était sur les lieux, a de ce fait été vertement blâmé. Séraphin Moundounga lui a instamment demandé d’arrêter les travaux et de rembourser l’acompte perçu. En courroux, le ministre n’a plus échangé avec les enseignants ainsi qu’il l’a fait partout où il était passé auparavant.
L’entrepreneur serait coutumier du fait : encaisser de grosses sommes d’argent pour des marchés publics qui ne sont que partiellement réalisés. En novembre 2009 par exemple, il avait été sommé par le département du contrôle de l’administration centrale de s’expliquer sur la non-livraison de marchés contractés auprès du ministère de la Formation professionnelle et de l’Enseignement technique. Le 29 août denier, l’hebdomadaire «Le Temps» qui publiait un fac-similé d’une convocation adressée au même Habib Sylla par le Contrôle général d’État sous couvert de la Primature, a indiqué que «force est de constater qu’après avoir perçu les grosses sommes d’argent desdits marchés, sur le terrain, et comme si ces patrons d’un autre genre sont de connivence avec certaines personnalités, nombre de ces marchés ne sont pas réalisés. Et pour confirmer que ces «patrons» d’entreprise ont des soutiens à un haut niveau, ils circulent librement.» Passée la montée d’adrénaline de Séraphin Moundounga, devant la presse et la délégation qui l’accompagnait lors de cette visite d’inspection, Habib Sylla ne risque pas grand-chose ou ne sera pas inquiété outre mesure.
Mais les entrepreneurs «véreux» ne sont pas les seuls à blâmer. Des fonctionnaires participent également à ces entourloupettes qui transforment bien de projets en simple effet d’annonce. Les exemples sont légion. Ainsi, présageant que pour la rentrée scolaire du 1er octobre prochain, les lycées et collèges vont devoir accueillir entre 7 000 et 8 000 nouveaux élèves, il a été envisagé de construire de nouvelles salles de classe et un budget de 36 milliards de francs CFA a été déterminé à cet effet. Il se murmure dans les couloirs du ministère de l’Éducation nationale que des «gestionnaires de génie» tentent de détourner le projet. En lieu et place de constructions en dur, ils voudraient imposer des édifices préfabriqués beaucoup moins chers, ainsi qu’on le voit depuis quelques années à l’Université Omar Bongo.
Au regard de l’urgence, certains cadres du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et technique et de la Formation professionnelle redoutent qu’on en vienne à adopter une autre idée encore plus déraisonnable : l’érection de tentes climatisées dans les cours d’écoles. Une chose est sûre : de nombreux élèves arrivant en 6e pour l’année académique 2012-2013, risquent d’apprendre dans ces classes surpeuplées que l’on nomme «Chine populaire». Ici, ce ne sera nullement la faute d’un autre Habib Sylla, mais de pesanteurs absurdes, internes à l’administration gabonaise, elle-même truffée de hauts cadres uniquement motivés par le lucre et le péculat.
