Le Président gabonais a exprimé sa volonté de dialoguer, mais pas avec ses opposants
Mercredi, le président de la République, Ali Bongo Ondimba s’est dit ouvert au dialogue, lors de son discours devant les deux chambres du Parlement. Mais il n’est pas question pour lui de dialoguer avec des personnes « qui ne respectent ni les institutions de leur propre pays, ni ceux qui les incarnent, encore moins les lois de la République ». Il a ainsi fermé la porte à Mba Obame et à ses camarades politiques.
(De notre correspondant)
« J’ai été, je suis et je resterai un homme de dialogue et d’ouverture. Nul ne peut me le contester », a déclaré le président de la République, précisant que dans l’exercice de ses fonctions, il a toujours prouvé qu’il savait être à l’écoute des autres. Il a illustré son discours par des situations dans lesquelles il a eu recours aux conseils de la classe politique et des forces vives de la nation, s’agissant notamment des affaires d’intérêt commun, telles que l’épineuse question de l’île Mbanié et l’introduction de la biométrie dans le système électoral.
Il a même annoncé que, dans les semaines à venir, il recevrait à nouveau la classe politique et les forces vives de la nation pour parler de la Cemac dont le Gabon assure la présidence depuis le dernier sommet de Brazzaville.
Mais le chef de l’Etat gabonais refuse de dialoguer avec les « antipatriotes », « des personnes qui ne respectent ni les institutions de leur propre pays, ni ceux qui les incarnent ». Il a donc envoyé une réponse claire à Mba Obame et à ses camarades politiques, qui sont, selon le gouvernement, responsables des émeutes des quartiers Cocotiers et Nkembo du 15 août.
Une ouverture au dialogue mais pas avec tout le monde
« Je ne dialoguerai pas avec ce genre de personnes. Je ne dialoguerai pas avec des personnes qui se prétendent chrétiennes, envoient des casseurs dans la rue le jour de l’Assomption, jour consacré à la célébration de la vierge Marie. Je ne dialoguerai pas avec des personnes qui, ayant occupé des hautes fonctions dans l’Etat, veulent bafouer les symboles de la république en cherchant à occasionner des violences le 17 août, jour de la célébration de notre indépendance », a martelé Ali Bongo Ondimba, avant d’ajouter « Je reste disposer à recevoir et à travailler avec tous ceux des compatriotes qui le désirent dans le strict respect des institutions et des lois de la république ».
Pas de conférence nationale au Gabon
Selon le chef de l’Etat, la conférence nationale n’apportera aucune réponse aux problèmes des Gabonais, qui réclament entre autres, des routes, des écoles, des hôpitaux, l’accès à l’emploi et à la propriété ou à des logements décents. Cette conférence nationale voulue par l’opposition ne sera, selon le président gabonais, qu’une messe pour rien ou plutôt ne servira qu’à perpétrer un véritable coup d’état constitutionnel, ouvrant ainsi la voie à la tenue de petits arrangements entre amis. « La politique devrait-elle se résumer en Afrique à des grandes messes où tout le monde trouve son compte ? », s’est interrogé Ali Bongo Ondimba, avant de conclure : « Je refuse cette conception tropicale de la gestion des affaires publiques ».
Selon le président gabonais, le temps de la politique politicienne est révolu. Il faut maintenant passer au développement du pays. « Nous avons passé beaucoup de temps à ne faire que de la politique, au détriment du développement économique et social de notre pays et du bien être des populations », a-t-il regretté, invitant les leaders politiques de l’opposition à mettre les préoccupations du peuple au centre de leurs actions.