L’opposition gabonaise a persisté samedi dans sa demande d’une conférence nationale devant déboucher sur une alternance politique, alors que les partis favorables au président Ali Bongo ont rassemblé plusieurs milliers de militants pour refuser cette proposition.
Le président Bongo, lors d’un discours devant les deux chambres réunies en Congrès extraordinaire mercredi, avait balayé l’idée d’une conférence nationale, estimant qu’il s’agissait d’un véritable coup d’Etat constitutionnel.
Le représentant de l’Union des forces du changement (UFC) – plate-forme regroupant tous les principaux partis, fondée le 9 septembre – l’ancien ministre Pierre Maganga Moussavou, a affirmé: Nonobstant le refus de dialogue par Ali Bongo et pour éviter les conséquences regrettables qui peuvent en découler, l’UFC croit fermement à la Conférence nationale souveraine.
M. Maganga Moussavou a estimé que le refus du dialogue (…) les parodies d’élection, le favoritisme, l’accaparement des moyens de l’Etat, le chômage (…) la privation des libertés essentielles que sont le logement, l’éducation et la santé, les coupures d’électricité et d’eau (…) la cherté de la vie étaient des formes de violence devant lesquelles tout peuple, même adepte de la non-violence, ne peut qu’être excédé et opposer la résistance si ce n’est la contre-violence.
A Libreville, le Parti démocratique gabonais (PDG) d’Ali Bongo et seize autres partis ont organisé un grand meeting pour soutenir le président dans son refus.
Nous disons +Non à la déstabilisation des institutions+, nous disons +non à la conférence nationale dite souveraine+, a lancé Faustin Boukoubi, secrétaire général du PDG.
Il y a une majorité qui doit travailler pour la bonne marche du pays. Ceux qui sont dans l’opposition ont fait en sorte que les choses n’avancent pas, a déclaré l’ex-ministre et ancien opposant Paul Mba Abessole du Rassemblement pour le Gabon (RPG).
Pendant la matinée, l’UFC avait aussi contesté la dissolution en 2011 de l’Union nationale (UN) du principal opposant André Mba Obame. M. Obame avait revendiqué la victoire à la présidentielle de 2009 et s’était autoproclamé président en 2011 avant de se réfugier pendant un mois dans une agence onusienne de Libreville. Son parti avait alors été dissous.
Un acte posé par un seul individu ne peut pas entraîner la sanction de tout un groupe, a estimé M. Maganga Moussavou, estimant que la dissolution était un abus de pouvoir.
Depuis le retour au Gabon de M. Mba Obame, le 11 août, l’opposition s’est mobilisée autour du thème de la conférence nationale qui réunirait les partis de l’opposition, le pouvoir et des représentants de la société civile – à l’image de celle qui avait donné naissance au multipartisme en 1990 – afin d’élaborer une nouvelle Constitution et d’organiser la tenue d’élections générales.