Le domicile du président de l’Alliance nationale des bâtisseurs (ANB), maître Séraphin Ndaot Rembogo, par ailleurs membre de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), a été visité par un commando cagoulé dans la nuit du 15 au 16 septembre dernier aux environs de quatre heures du matin.
L’inquiétude et la panique commencent à s’installer dans les quartiers et maisons. Après les locaux et les installations de la chaîne de télévision privée TV+, le tour est revenu au domicile de l’un des leaders de l’opposition gabonaise, Me Séraphin Ndaot, de recevoir la visite d’un commando de cinq personnes armées et cagoulées.
Absent de son domicile du quartier Haut de Gué-Gué dans le 1er arrondissement de Libreville, quelques heures avant la visite inopinée des malfrats intervenue dans la nuit du 15 au 16 septembre dernier, le président de l’Alliance nationale des bâtisseurs (ANB) aurait échappé de peu à une élimination physique, selon les nombreuses extrapolations et le témoignage de son gardien.
«Hier, il y a eu des voleurs qui sont venus ici vers 4 heures du matin. Ils étaient au nombre de cinq. Ils m’ont ligoté et m’ont demandé si mon patron était là, j’ai dit non. Et par la suite, ils m’ont dit qu’on les a envoyés pour éliminer mon patron. Ils ont cassé la porte de son bureau et de sa chambre et sont entrés dans les deux pièces pour fouiller», a déclaré, en état de choc, le gardien à la chaîne de télévision TV+.
«En sortant, ils m’ont posé la question de savoir combien de personnes résident dans cette maison, je leur ai dit que j’étais seul ici. Et après ils ont vu une autre entrée et m’ont demandé qui habitait là-bas, je leur ai répondu que c’est la fille du patron qui loge là-bas, ils sont allés vers sa maison, ont cassé et ce sont mis à fouiller également», a poursuivi le gardien tout en précisant que, sous la menace, il a été contraint de renseigner ses bourreaux.
Arrivés sur les lieux quelques heures après les malfaiteurs pour constater les dégâts, Pierre Claver Maganga Moussavou et Louis Gaston Mayila, deux leaders de l’opposition gabonaise, se sont dits consternés par cet acte qui vient remettre au goût du jour la question de la sécurité des opposants mais aussi celle de l’insécurité qui s’installe progressivement dans la cité.
«Les évènements comme celui-ci où des gens cagoulés viennent nous casser, prouvent bien qu’il y a une grande intolérance, de grandes violences qui se commettent et l’opposition ne peut pas rester les bras croisés. Il va falloir qu’on réagisse, qu’on dénonce avec force ces intimidations. Je crois que Ali Bongo et son système doivent comprendre que le pouvoir n’appartient pas à eux seuls, le pouvoir appartient à tout le peuple gabonais et qu’il y a des Gabonais qui ont décidé de s’organiser et de donner leur avis ou point de vue», a laissé entendre Pierre Claver Maganga Moussavou.
«Je suis tout simplement consterné, je crois que la politique c’est le débat d’idées. Il paraîtrait qu’on dit que les opposants parlent trop et c’est peut-être pour cela qu’ils veulent nous éliminer physiquement. Pourquoi venir casser, fouiller les tiroirs, est-ce que la politique on la met dans les tiroirs ? Quand ils viennent annoncer qu’ils viennent pour le tuer, je ne vois pas comment dans un pays qui est censé être un pays de droit, on a plus le droit d’être chez soi parce qu’on est de l’opposition», s’est interrogé le président en exercice de l’Alliance pour le changement et la restauration, Louis Gaston Mayila.
«Je crois qu’il faudrait que le pouvoir s’attende à ce que dès les jours à venir, nous prenons toutes les décisions qu’il faut. Il faudrait que le ministre de l’Intérieur accepte que nous marchions pour protester contre cet acte anti-démocratique, contre cet acte qui relève du banditisme politique», a prévenu Louis Gaston Mayila tout en s’inquiétant de la suite des évènements. «Demain matin ce sera sûrement mon tour, après celui de Manganga Moussavou, et j’en passe. Mais nous n’avons pas peur, nous essayerons de faire front».
Le quotidien L’union a indiqué que les bandits ont arraché et emporté le coffre-fort de l’ancien avocat dont le contenu est inconnu de ses parents. Le leader de l’opposition avait quitté Libreville la veille pour Paris en France.