Alain Claude Bilie-By Nze, a annoncé, dans un entretien exclusif à GABONEWS, la tenue d’un Forum de la diaspora gabonaise pour identifier les secteurs dans lesquels le pays a besoin de l’expertise de sa Diaspora et comment elle peut intégrer le pays pour apporter ce qu’elle sait faire et pour enrichir le Gabon de son expérience.
GABONEWS (GN) : M. Alain Claude Bilie-By Nze, qu’est-ce qui justifie votre présence à Paris ?
Alain Claude Bilie-By Nze (ACBBN) : Je suis venu répondre à une invitation du Collectif des Jeunes Gabonais de France composé des partisans de l’opposition, de la majorité et de la société civile qui voulait savoir où en est le Gabon du point de vue de son développement économique mais également sur sa santé politique. Au sujet de la situation politique, j’ai tenu a rassuré nos compatriotes que le Gabon se porte bien en dépit de quelques contradictions et agitations. Au plan économique, le Gabon a de très bons indicateurs avec une performance économique dont le taux est situé aujourd’hui à 6,7% et c’est une très bonne chose.
GN : Nombreux sont les jeunes gabonais de France qui pensent qu’ils sont abandonnés par le pouvoir de Libreville, malgré leurs profils éloquents. Quelle est votre réaction ?
ACBBN : La nécessité de transformer le Gabon est très forte et rien ne peut se faire sans la contribution de la diaspora gabonaise de France. Il est donc temps de penser à l’organisation d’un Forum de la Diaspora Gabonaise pour identifier effectivement les secteurs dans lesquels nous avons besoin de l’expertise de notre Diaspora et comment elle peut intégrer le pays pour apporter ce qu’elle sait faire et pour enrichir notre pays de son expérience. C’est envisageable et dès les mois d’octobre et novembre, nous serons à nouveau à Paris pour les rencontrer à ce sujet très capital et important pour le Gabon émergent car on ne peut pas construire le pays en nous séparant de certains de nos talents, et les talents gabonais à l’étranger existent. Il faut aller les chercher pour développer le Gabon d’ici 2025.
GN : La diaspora gabonaise de France dénonce aussi le tribalisme qui constitue un véritable goulot d’étranglement pour le développement du pays.
ACBBN : Nous condamnons avec force la « tribalisation » du débat politique dans un pays qui veut se construire. Le Président de la République Ali Bongo Ondimba est déterminé à trouver des solutions idoines par rapport à ce phénomène. Il a saisi récemment les parlementaires gabonais à ce propos.
GN : Est-ce que la mention de la coutume dans les extraits d’acte de naissance des gabonais ne favorise pas aussi les discriminations dans certaines administrations ou lors des recrutements dans la fonction publique voir même dans les entreprises privées sachant que le Gabon est un et indivisible ?
ACBBN : En ce qui concerne la mention de la coutume dans les actes de naissance, il y a un décret qui est en examen au Conseil d’Etat pour supprimer cette mention parce qu’effectivement, elle n’est pas nécessaire et elle est source de discriminations dans notre pays. Le temps est venu pour supprimer ça, et là vous avez raison.
GN : Les jeunes entrepreneurs gabonais de France ont du mal à trouver les marchés dans leur propre pays. Comment réagissez-vous face à cette injustice ?
ACBBN : Dans le discours du Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba, il disait que « je ne crois pas à un développement uniquement sur les grandes entreprises. Il faut aussi un réseau des PME PMI gabonaises ». Lorsque vous regardez les gros marchés qui sont accordés à des entreprises dans les domaines du pétrole, de la forêt, de la route…Souvent les sous-traitants ce sont encore des entreprises françaises, chinoises ou indiennes. Il faut arrêter ce principe parce que si on continue avec cette politique, les entreprises gabonaises ne vont pas se développer. Nous avons reçu comme orientations et instructions de la part du président de la République de séjourner à Paris ou ailleurs pour expliquer aux gabonais de l’étranger les nouvelles dispositions qu’on est entrain de prendre pour donner la chance aux chefs d’entreprises gabonais vivant à l’étranger.
GN : Est-ce qu’en tant qu’ancien ministre, vous n’êtes pas responsable ou coupable de la situation économique d’aujourd’hui ?
ACBBN : (Rire). J’ai été aux affaires certes, mais je n’ai pas volé.
GN : Votre invite à la diaspora gabonaise de France
ACBBN : Nous nous réjouissons en ce qui nous concerne de ce qu’en France, les Gabonais tentent de se structurer, de s’organiser et de changer. Nous sommes bien loin de 2016 et nous ne sommes pas dans une tournée électorale. Nous respectons un engagement républicain, celui de discuter avec tous les gabonais peu importe leur situation géographique pour parler du pays. J’ai discuté avec les jeunes gabonais de France. J’ai enregistré leurs observations et préoccupations liées à l’absence d’implication par le pays des gabonais de la Diaspora, la question du retour au pays pour ceux qui ont terminé leurs études, les étudiants qui doivent encore terminer leurs études, mais qui sont confrontés au problème de suspension brutale de la bourse et qui les exposent à des questions administratives en France. Je ne dis pas que tout va être réglé tout de suite, mais je vais faire le point au Président de la République. Le Gabon nous appartient. Lorsque la route n’est pas bien faite, elle n’est pas bien faite pour tout le monde. Lorsque les quartiers ne sont pas assainis, les moustiques ne choisissent pas ceux qui ne sont pas au PDG ou proche du pouvoir pour laisser les autres. Nous devons tous conjuguer les efforts dans la paix et l’unité nationale pour construire le pays.