Environ 2.000 personnes ont assisté samedi à Libreville au meeting de l’Union des forces du changement qui regroupe tous les partis de l’opposition, y compris le parti dissous Union nationale (UN) dont un dirigeant a pris la parole malgré l’interdiction du ministère de l’Intérieur.
En soirée, un porte-parole du ministère de l’Intérieur a indiqué que la douzaine de partis organisateurs étaient passibles d’une suspension, voire d’une dissolution, pour avoir donné la parole à Zacharie Myboto, président de l’UN. Une décision sera prise dans les jours qui viennent.
Je suis là, qu’on vienne me faire sortir, a lancé M. Myboto, suscitant les applaudissements de la foule. Dans son discours, il a rappelé la principale revendication de l’opposition, la tenue d’une conférence nationale souveraine devant mener à l’alternance politique.
Il faut qu’il (le président Ali Bongo) organise la conférence nationale souveraine d’ici le mois d’octobre. Passé ce délai, vous, peuple gabonais, allez demander son départ, a-t-il lancé.
Auparavant, Pierre Maganga Moussavou, ancien ministre du Parti social Democrate (PSD), avait estimé que ce n’est pas le ministre de l’Intérieur qui doit dire qui prend ou ne prend pas la parole (…) à un meeting autorisé.
D’autres orateurs ont demandé aux militants de rester mobilisés pour obtenir le départ du président Bongo.
Le meeting avait été autorisé mais le ministère de l’Intérieur avait précisé que les leaders de l’UN, mouvement du principal opposant André Mba Obame, n’avaient pas le droit de s’y exprimer, leur parti étant dissous. M. Mba Obame n’était pas présent samedi.
Samedi soir, un porte-parole a déclaré: Le ministre de l’Intérieur se réserve le droit d’appliquer à tous les partis politiques organisateurs les dispositions de la loi qui vont de la suspension à la dissolution.
Dans le communiqué qui ne fixe pas de date aux éventuelles sanctions, le ministre de l’Intérieur Jean-François Ndongou a affirmé qu’on peut déplorer leur attitude de défiance (des partis) vis à vis des lois gabonaises et de l’autorité de l’Etat
En donnant expressément la parole au responsable d’une formation politique dissoute, les organisateurs ont volontairement foulé aux pieds les termes de l’obtention de l’autorisation la tenue de leur réunion, selonle texte.
Il a estimé que ces agissements étaient l’oeuvre d’une frange de compatriotes qui veut semer le trouble et installer le chaos dans notre pays.
Le meeting s’est déroulé dans le calme. Les forces de l’ordre étaient stationnées à proximité mais pas visibles sur le lieu du rassemblement.
A Port-Gentil, la capitale pétrolière, une marche de supporteurs de Séraphin Ndaot, ancien maire de la ville et membre de l’UFC, dont la maison a été cambriolée par des hommes en cagoule le 8 septembre, a été interdite par les autorités. Si chaque citoyen cambriolé par des malfrats organisait une marche, on en ferait une tous les jours, a précisé une source anonyme au ministère de l’Intérieur.
De retour au Gabon après 14 mois d’absence en raison de problèmes de santé, M. Mba Obame, dit AMO, ancien baron du régime passé dans l’opposition à la mort du président Omar Bongo en 2009, avait contesté la victoire à la présidentielle d’Ali Bongo, le fils de l’ancien président.
M. Mba Obame s’était autoproclamé président en 2011, avant de se réfugier pendant plus d’un mois dans une agence onusienne de Libreville. L’UN avait alors été dissoute. Son immunité parlementaire avait été levée et il est poursuivi pour trouble à l’ordre public.