Les agents du supermarché Géant Casino de Libreville sont entrés en grève le vendredi 21 septembre. L’irruption de la police judiciaire dans les locaux de cet espace commercial en vue d’embarquer au moins quatre des agents accusés de vol, serait la principale raison de ce débrayage.
Selon les agents rencontrés devant l’entrée principale du centre commercial Mbolo qu’ils ont investi, ce mouvement d’humeur est spontané. Pour eux, il ne pouvait en être autrement au regard de ce qui s’est passé dans la matinée. «Comment pouvez-vous accepter qu’on arrête quelqu’un qu’on dit seulement soupçonner? », s’est interrogé un agent du plus grand super marché du Gabon, au sujet de deux vérificatrices et deux caissières qui ont failli être interpellées par la police n’eut été l’intervention de leurs collègues.
L’employé de ce libre-service appartenant au groupe Casino explique que le feu aux poudres a été déclenché par le mépris des responsables du magasin à leur égard. «Nous nous sommes mobilisés pour refuser que la PJ arrête nos collègues. D’abord parce qu’ils n’avaient pas de mandat, ni de convocation, mais aussi parce que c’est à bord d’un taxi-bus loué qu’on devait les embarquer. Ce sont des pères et des mères de famille, on dit qu’on les soupçonne. Il n’y a donc pas de preuves. Et on veut les arrêter un vendredi soir pour qu’ils passent le week-end en cellule», s’est insurgé l’employé sus cité appuyé par ses collègues. Les grévistes s’interrogent également sur le fait que le responsable du personnel et le directeur des ressources humaines, tout comme le responsable du syndicat affirment n’avoir pas informés de cette interpellation.
Les travailleurs de l’espace commercial, présenté comme le plus grand d’Afrique centrale, ne comprennent pas comment la sécurité, qui dispose de cameras de surveillance, n’a pas pu voir les personnes ayant récemment perpétré des vols à la Pharmacie des Forestiers et à l’agence Western Union situées dans la galerie marchande du supermarché. Ils estiment de ce fait que «les caméras n’ont été fixés que pour [les] surveiller», alors qu’ils «subissent déjà des fouilles corporelles qui riment avec humiliation». Les grévistes de Géant Casino dénoncent par ailleurs ce qu’ils qualifient trivialement de «promotion canapé», des traitements salariaux injustes et des horaires de travail non maîtrisées.
Au regard de ces tensions, le personnel exige le départ de certains responsables de Mbolo en tête desquelles le directeur général, Jacques Rivière, suivi du chef de service sécurité qu’ils accusent de ne pas être compétents dans leur travail. Ils demandent également la tête de Christelle Abéghé, actuellement chef de caisse, à qui il est reproché un manque d’expérience dans le domaine. Le reporter de Gabonreview n’a pu accéder aux responsables de l’hypermarché dont il voulait connaître la version des faits. Peine perdu. Un vigile posté à l’entrée des bureaux n’a rien voulu entendre, se contentant de dire que «tous les responsables son en réunion depuis. Repassez demain». Une réponse qui laisse penser qu’il obéit aux ordres et laisse la place à toutes les supputations.
Cette situation a mis tous les clients de Géant Casino dans l’embarras, puisque rien n’a été mis en place pour signaler la grève. Et l’embarras était perceptible, surtout auprès des automobilistes obligés de faire des manœuvres complexes pour rebrousser chemin dans les parkings.