L’ancien ministre français de la Coopération, Jacques Godfrain, actuellement président de la Fondation Charles de Gaulle, a livré de tout cœur ses conseils aux gabonais en indiquant dans un entretien exclusif à GABONEWS dans le 8è arrondissement de paris, que « si le Gabon se limite seulement au pétrole, il n’ira jamais loin ».
GABONEWS (GN) : Monsieur le ministre, vous êtes un grand ami du Gabon, qu’est-ce qu’il faut à ce pays aujourd’hui pour bien émerger d’ici 2025 comme le veut coûte que coûte le président Gabonais, Ali Bongo Ondimba ?
Jacques Godfrain (JG) : Ce qui est important dans un pays moderne comme le Gabon, c’est qu’il n y a pas que l’administration ou la fonction publique. Il faut des gens qui entreprennent, qui innovent et montrer aux français qu’on peut importer les produits du Gabon en grande quantité.
GN : En faisant quoi exactement ?
JG : Il est temps que le gabonais prouve au monde entier qu’au Gabon, il n’y a pas que le pétrole. C’est vrai le pétrole est une ressource formidable. Mais si on se limite à ça, le pays n’ira jamais loin dans son processus de développement.
GN : Le pétrole est la première source de revenus du Gabon. Est-ce facile aujourd’hui pour les gabonais de tourner le dos à l’or noir qui constitue pratiquement le poumon de l’économie de leur jeune nation depuis des décennies?
JG : (Rire). Je vais vous surprendre. Au Gabon, à côté du pétrole, il y a un produit qui est rare et dépasse toutes les matières premières dont le pétrole.
GN : C’est finalement quoi ce produit rare et sacré dont dispose le Gabon ?
JG : C’est l’intelligence. (Rire). L’intelligence humaine, c’est la clé de tout. Au Gabon, il y a des formations, des lycées, le gouvernement a mis un accent particulier sur l’éducation nationale. Pour preuve, il y a des jeunes français qui vont dans les lycées gabonais. Contrairement à ce que l’on pense, je crois que le gabonais conscient du fait que l’Agriculture est à sa portée et que ça peut nourrir tout le pays, il peut devenir paysan. Et ce n’est pas déshonorant d’être paysan. Au contraire, ça sera dans l’Afrique de demain, la clé de l’aménagement du territoire.
GN : C’est-à-dire ?
JG : C’est-à-dire l’Afrique dans vingt ans aura un milliard d’habitants. S’ils habitent tous le long de la côte, comment se nourriront-ils ? On peut nourrir facilement des gens à l’intérieur des terres. Il faut donc imaginer un système de production agricole de proximité. Et là je vous assure que le Gabon a sa carte à jouer.
GN : Le président Ali Bongo Ondimba veut diversifier l’économie gabonaise en associant d’autres partenaires économiques pour booster l’économie du pays et favoriser l’émergence du pays en toute confiance, dans l’unité et la paix. Vous êtes jaloux par rapport à ce choix du Gabon de s’ouvrir aux autres pays du monde même si la France reste pour lui un partenaire privilégié ?
JG : (Rire). On doit éviter d’être jaloux des choix ou du développement du Gabon parce qu’on est français et on veut avoir tout ce que possède le Gabon. Pour moi, c’est fini cette époque où la France avait le monopole sur le pétrole, le bois, le manganèse du Gabon…nous devons éviter d’être craintifs. Il faut que nous français, nous soyons bons aussi.
GN : Enfin monsieur le ministre, vous êtes économiste et homme politique, comment vous envisager l’avenir du Gabon d’ici 2025 ?
JG : Le Gabon a innové quand il a créé le transgabonais. Je me souviens encore comme si c’était aujourd’hui. Le Gabon a construit un chemin de fer qui traverse la forêt et pour finir, il sert à transporter de nos jours les personnes et tout ce qu’on peut imaginer. Donc il faut pour le Gabon, des gens qui innovent, des entrepreneurs. Ensuite, que le droit commercial soit un droit accessible, que la justice rende la justice et le Gabon sera l’un des pays les plus modernes de l’Afrique d’ici 2025. Enfin, la France évidemment, vu les liens traditionnels avec le Gabon et son regard sur l’avenir sera toujours un partenaire sûr du Gabon. On ne veut pas forcement que le Gabon nous déroule à chaque fois le tapis rouge et qu’il soit notre propriété privée. Cette époque est révolue. Le Gabon doit s’ouvrir au monde et il a d’ailleurs d’autres partenaires aujourd’hui en dehors de la France.