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Présidentielle USA : Romney domine Obama lors du premier débat

Obama – Romney lors du débat du 3 octobre 2012
Une heure et demie après le début d’un débat au cours duquel Barack Obama, comme Mitt Romney, ont allégrement dépassé les limites imposées par l’exercice, la question sur toutes les lèvres était : qui est sorti gagnant de cette première joute verbale ? Dans un tout premier sondage express, CNN rapporte que 67 % des téléspectateurs donnent Romney vainqueur. Il faudra toutefois attendre des enquêtes d’opinion plus fouillées pour savoir si cet avantage permet au candidat républicain de rattraper son retard sur Barack Obama. Lors du débat, Mitt Romney s’est en tout cas montré plus mordant, plus sûr de lui, quitte à paraître hautain, alors que le président sortant était quelque peu passif et beaucoup moins à l’aise qu’à son habitude.
L’économie. Le débat a commencé par des discours de campagne très calibrés, avec des aspects parfois très techniques, sur l’état de l’économie et les programmes de chaque candidat. M. Romney a répété son programme en cinq points, affirmant qu’il créerait « 12 millions d’emplois ». Il a estimé que l’économie américaine avait suivi un « chemin infructueux » depuis le début de la présidence Obama, répétant à plusieurs reprises que la classe moyenne avait été « écrasée ». « Le président a une vision très similaire à celle qu’il avait quand il s’est présenté il y a quatre ans, celle d’un gouvernement plus important, avec plus de dépenses, plus d’impôts, plus de régulations », a dit M. Romney, égrenant les exemples négatifs : augmentation des tickets d’alimentation (« food stamps »), une croissance « inférieure à ce qu’elle était en 2011 » ou « 23 millions de chômeurs ».

Lorsque Barack Obama l’attaquait sur ses promesses fiscales – « Le fait est que si vous baissez les taux d’imposition de la façon que vous décrivez, M. le gouverneur, il ne sera pas possible d’identifier suffisamment d’abattements et de niches fiscales qui ne concernent que les contribuables aux hauts revenus pour empêcher d’augmenter le déficit » – M. Romney répliquait très vivement, sans pour autant donner davantage de détails. Il préférait attaquer le démocrate sur des promesses faites en 2008, comme celle de réduire le déficit de moitié. « Quand je suis entré dans le Bureau ovale, j’avais un déficit de plus de 1 000 milliards qui m’attendait. Et nous savons d’où il venait », a répondu M. Obama, évoquant « deux guerres payées à crédit, deux dispositifs de cadeaux fiscaux qui n’étaient pas financés ».

Lire aussi :  » Quelle est la part de responsabilité d’Obama dans la dette américaine ? »

La fiscalité. Ce fut un des thèmes les plus disputés. Barack Obama a calculé que la baisse des impôts prônée par son rival coûterait 5 000 milliards de dollars, ce qui devrait être compensé par des réductions de dépenses dans des secteurs comme l’éducation. « Le gouverneur Romney dit que si nous réduisons les impôts qui pèsent sur les riches et revenons sur la réglementation, nous nous en trouverons mieux. J’ai un point de vue différent », a déclaré M. Obama, ajoutant qu’il s’agissait « de mathématiques très simples ». Il n’a pas manqué de rapprocher cette réforme de celles mises en place sous George W. Bush. « Nous avons fini en déficit alors que nous avions des excédents et tout cela a abouti à la récession la plus grave depuis la Grande Dépression », a-t-il noté.

« Je ne cherche ni à réduire les impôts ni à réduire les recettes qui vont à l’Etat, s’est défendu Mitt Romney. Mon principe numéro un est qu’il n’y aura pas de baisse d’impôt qui creuse le déficit. Mais je veux vraiment réduire le fardeau qui pèse sur les classes moyennes. Et, pour ce faire, cela veut aussi dire que je ne peux pas réduire la charge payée par les hauts revenus. » Dans son programme, M. Romney se dit pourtant favorable à une révision du code fiscal, comprenant une baisse de 20 % des impôts. Lors du débat, Mitt Romney a, à son tour, accusé son rival de pénaliser les petites et les moyennes entreprises en acceptant la fin des réductions d’impôt pour les hauts revenus décidées sous George W. Bush. Etonnamment, Barack Obama a choisi de ne pas attaquer M. Romney sur la vidéo dite « des 47 % », diffusée il y a quelques semaines, ni sur le flou autour de ses impôts.

Lire aussi :  » Les plans budgétaires des candidats à la présidentielle américaine »

« Obamacare ». La réforme de la santé mise en place par Barack Obama est un thème sur lequel les deux candidats ont des opinions diamétralement opposées. Mitt Romney a réaffirmé qu’il annulerait la réforme « dès son premier jour à la Maison Blanche ». Il estime que cette réforme a détruit des emplois et s’est étonné que le président sortant l’ait défendu bec et ongles alors qu’il y avait d’autres dossiers plus pressants. Il a affirmé que la réforme de santé qu’il a mise en place dans le Massachusetts, dont Obama s’est pourtant inspiré, est la bonne solution « car elle a été mise en place au niveau de l’Etat ».

M. Romney a ressorti une attaque qu’il utilise régulièrement en campagne, accusant le président de vouloir amputer 716 milliards de dollars du programme d’assurance-maladie des seniors, Medicare, pour financer directement sa propre réforme. Une affirmation qui a déjà été démentie par la presse américaine mais qui, ce qui est plus gênant pour M. Romney, est également défendue par son colistier, Paul Ryan.

Légèrement sur la défensive, M. Obama a défendu son bilan, soulignant que cette réforme ne veut pas dire que « le gouvernement s’immisce dans votre vie », mais qu’elle permet de baisser les coûts, que tous les Américains soient assurés et qu’elle empêche les abus des compagnies d’assurance. Il s’est étonné que M. Romney propose de garder les meilleures parties de sa réforme, mais refuse de dire comment il allait faire. « A un moment, les Américains devront se demander : ‘Le gouverneur Romney garde-t-il ses idées secrètes parce qu’elles sont si bonnes ? Parce qu’elles aideraient les classes moyennes ?’ La réponse est non. »

Le président sortant a rappelé que sa réforme, tout juste approuvée par la Cour suprême, n’entrera complètement en vigueur qu’en 2016. « Nous pourrons alors prouver qu’elle permettra de faire baisser le coût » de l’assurance-maladie, a-t-il dit. Et quand M. Romney a sorti le terme « Obamacare », jusque-là utilisé péjorativement par ses opposants, Barack Obama n’a pas bronché, assurant qu’il aimait bien le mot. Et l’a ensuite utilisé jusqu’à la fin du débat.

Notre infographie interactive :  » Obama a-t-il tenu ses promesses ? »

Dès la fin du débat, alors que les candidats se serraient la main et que leurs familles les rejoignaient sur scène, les télévisions tentaient de prendre la température. Dans un sondage express post-débat, CNN rapportait que 67 % des auditeurs ont pensé que Romney était sorti vainqueur. A la question de savoir si le débat a changé leur intention de vote, 35 % ont répondu qu’ils étaient plus susceptibles de voter pour Mitt Romney, 17 % pour Obama, et le reste pour aucun des deux. Même dans la camp démocrate, on ne faisait pas semblant d’ignorer ces conclusions. Stéphanie Cutter, directrice-adjointe de la campagne démocrate, a immédiatement reconnu que M. Romney « avait marqué des points de style », même s’il avait « perdu sur le fond ».

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