En visite de travail au Rwanda du 5 au 6 octobre dernier, le président Ali Bongo s’est prononcé sur la polémique née de sa volonté de favoriser l’usage de l’anglais au Gabon. «Tout ceci est ridicule, je dis bien ridicule», a-t-il déclaré à l’issue de son séjour à Kigali.
«Il y a des problèmes beaucoup plus graves aujourd’hui auxquels nous avons à faire face que de perdre notre temps à polémiquer sur une question comme celle-là qui est simplement ridicule (…) En fin de compte, je qualifierais tout ceci de tempête dans un verre d’eau. Le Gabon est un État souverain et (…) les décisions que prennent les responsables gabonais ne concernent que la population gabonaise», a martelé Ali Bongo.
En effet, le chef de l’Etat gabonais souhaite introduire l’anglais dans son pays selon le modèle rwandais. D’où ses échanges avec son homologue rwandais, Paul Kagamé, lors de son séjour à Kigali. Après le génocide de 1994 et l’arrivée au pouvoir d’une diaspora tutsi ayant grandi en Ouganda, anglophone, Kigali, qui accuse la France d’avoir soutenu l’ancien régime génocidaire, a fait de l’anglais sa troisième langue officielle. Depuis 2008, l’anglais est également une langue d’enseignement obligatoire dans les écoles publiques du Rwanda. Cependant, moins de 20% des Rwandais parlent une langue étrangère, le français ou l’aanglais, selon le ministère rwandais de l’Éducation nationale.
La démarche d’Ali Bongo a surpris plus d’un, tel Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie, qui s’est dit choqué par le timing de cette annonce, à la veille du Sommet de la Francophonie à Kinshasa, en RDC. «Je n’ai pas de problème avec ça. Mais, pourquoi l’annoncer maintenant ? Ce qui me gêne, c’est l’annonce (qui intervient) juste avant le (prochain) Sommet de la Francophonie», a insisté Abdou Diouf. Même son de cloche au Québec, où Jean-François Lisée, ministre québécois des Relations internationales, a fait part de son inquiétude sur la question.
«J’ai toujours appris dans les écoles françaises, puisque je n’ai été que dans des écoles françaises, où j’ai appris que l’enrichissement culturel et intellectuel était une bonne chose. Je suis surpris d’apprendre aujourd’hui le contraire», s’est défendu le chef de l’Etat gabonais. Le président Kagamé a également qualifié cette question du bilinguisme de «petite chose», qui n’avait pas eu «beaucoup de place» dans ses discussions avec le président gabonais, consacrées à la coopération, notamment économique.