Ntumpa Lebani, général de la Garde républicaine, qui a été condamné à 5 ans de prison ferme, en mars 2011, pour avoir projeté un coup d’État, a bénéficié de la grâce présidentielle et recouvré sa liberté.
Le général Jean-Philippe Ntumpa Lebani, incarcéré en septembre 2009, jugé et condamné le 11 mars 2011, a été libéré le 19 octobre 2012. Condamné à 7 ans de prison dont 2 avec sursis, il a bénéficié d’un décret présidentiel daté du 25 septembre 2012 et portant remise gracieuse de peine, en application de l’article 23 de la Constitution gabonaise. L’article 1er dudit décret indique qu’il s’agit d’une «mesure générale de grâce» accordée à «l’ensemble des condamnés n’ayant subi aucune sanction disciplinaire durant leur détention». Le décret fixe également les types de condamnations ne pouvant bénéficier de cette faveur présidentielle.
Se situant parfaitement dans les cordes de ce texte bénéficiant à 279 prisonniers en tout, le général de Brigade de la Garde républicaine, ex-dirigeant du Conseil national de sécurité (CNS), a été acclamé par les soldats de la sécurité pénitentiaire qui prenaient par à la cérémonie solennelle de remise de peine. Dans une allocution de circonstance, Sidonie Flore Ouwé, procureur de la République, qui prenait part à cette cérémonie aux côtes du gouverneur de l’Estuaire, du maire du 1er arrondissement de Libreville et du substitut du procureur entre autres, a laissé comprendre que «l’action de grâce du président a quelque chose du droit divin, comme un seigneur hautain mais magnanime qui gracie la plèbe coupable dans la fange, la grâce présidentielle surpasse la justice en octroyant une concession à la dureté des peines. Le président de la République a la prérogative de pardonner comme au monarque, l’indulgence présidentielle dépasse le tribunal et impose sa miséricorde».
À ceux des journalistes qui l’ont suivi hors de la prison centrale de Libreville pour lui arracher quelque déclaration, l’ex-numéro deux de la Garde présidentielle, visiblement devenu très spirituel, s’est contenté de laisser entendre qu’il remercie le chef de l’État, rend grâce à Dieu, pardonne les conspirateurs de son emprisonnement injuste et reste à la disposition de son pays et du chef suprême des armées du Gabon.
Incarcéré depuis le 3 septembre 2009, Ntumpa Lebani, initialement accusé de «tentative d’atteinte à la sûreté de l’État» avec cinq co-prévenus, a été jugé du 21 février au 11 mars 2011, pour «complot» pendant la transition qui a suivi la mort du président Omar Bongo Ondimba en juin 2009. Ce «complot», élaboré à l’insu de son bénéficiaire pressenti, aurait visé à placer Ali Bongo Ondimba au pouvoir.
Lors de son procès, Jean-Philippe Ntumpa Lebani a révélé que le président Omar Bongo avait choisi d’être remplacé à la tête de l’État par son fils Ali Bongo. Voyant que Rose Francine Rogombé, présidente de la République par intérim, pouvait fausser cette volonté et que les sondages commandés par le pouvoir n’étaient pas en faveur d’Ali Bongo, le général avait envisagé un scénario «à la togolaise» mais, ayant tout le mal du monde à rencontrer Ali Bongo, il en serait resté au stade de l’idée. Il a ensuite clamé son innocence lors d’une audience de plus de deux heures devant la Cour. «Tout ce qui m’est reproché, je ne le reconnais pas. Je n’ai jamais fomenté un complot […] Je n’ai jamais fomenté un coup d’État». Son avocat, Me Ruphin Nkoulou-Ondo, avait alors déclaré «Cette accusation est (…) rocambolesque, je veux dire les faits qui lui sont reprochés relèvent d’un mythe, d’une chimère, crées et orchestrés par ses frères d’armes, dont certains ont savamment manipulé les pseudos informations sur les activités professionnelles qui étaient les siennes.»
Au moment où il recouvre sa liberté, Jean-Philippe Ntumpa Lebani a déjà totalisé trois ans et un mois d’incarcération. Il lui restait donc onze mois de prison à purger. S’il s’en est remis à la volonté du chef suprême des armées, on ne peut cependant penser qu’il va être remis en service dans une unité militaire du pays. Ancien attaché militaire à l’ambassade du Gabon à Paris, il a longtemps vécu à l’étranger. Notamment au Maroc et aux États-Unis, où il a été formé avant d’atterrir à l’École de guerre de Paris. On le voit bien repartir dans une ambassade éloignée.