Communiqué de presse, pour diffusion immédiate
Le 22 septembre 2012, les Diasporas Gabonaises Libres se réunissaient à Paris en vue non seulement de donner naissance à ce nouveau groupe de la diaspora qui se voulait un cadre de rassemblement et de mutualisation des synergies libératrices dont le Gabon a aujourd’hui besoin dans sa lutte contre la dictature, mais aussi pour clarifier le débat sur la Conférence Nationale Souveraine tant souhaitée par le Peuple gabonais.
Au vu du blocage politique constaté au Gabon et de l’apparente carence d’initiatives frontales à même de mener à la démocratisation immédiate du pays, les résolutions sorties de cette rencontre des patriotes de la diaspora faisaient état du désir des Diasporas Gabonaises Libres d’inviter les partisans du changement qui appelaient de toutes leurs forces à la tenue d’une Conférence Nationale Souveraine au Gabon (diaspora, partis politiques, société civile, syndicats, étudiants, clergé) à se réunir à Paris du 26 au 28 octobre 2012 en vue de la signature d’un texte d’ultimatum qui demanderait sans ambages au dictateur gabonais Ali Bongo de se soumettre sans conditions à l’impératif d’une Conférence Nationale Souveraine au Gabon en novembre ou de se voir chassé du pouvoir par la force insurrectionnelle du Peuple dès l’expiration de l’ultimatum (Voir résolutions: https://www.diasporaslibres.org/2012/09/30/resolutions-des-assises-des-diasporas-gabonaises-libres-du-22-septembre-2012-a-paris/ et déclaration finale: https://www.diasporaslibres.org/2012/09/23/concertation-des-diasporas-gabonaises-libres-du-22-septembre-2012-declaration-finale/).
Il se trouve que, le même jour où les Diasporas Gabonaises Libres se réunissaient à Paris en vue de formaliser leurs propositions sur cet ultimatum, déjà proposé le 28 août 2012 par le BDP-Modwoam dans son « Plan pour une prise de pouvoir immédiate par le Peuple gabonais », Zacharie Myboto, président de l’Union Nationale (UN) lançait, lors du meeting de l’opposition à Rio le même 22 septembre, un ultimatum à Ali Bongo qui demandait au dictateur d’organiser une Conférence Nationale Souveraine en octobre 2012 s’il ne voulait pas se voir chassé du pouvoir. Une dépêche de l’AFP confirme en effet les paroles de M. Zacharie Myboto, qui aurait dit exactement ceci : « il faut qu’il [Ali Bongo] organise la Conférence Nationale Souveraine d’ici le mois d’octobre. Passé ce délai, vous, peuple gabonais, allez demander son départ ».
Depuis le 22 septembre 2012, donc, les Diasporas Gabonaises Libres ont mené auprès de certains membres de la classe politique et de la société civile gabonaises toutes les démarches visant à rendre possible le meeting du 26-28 octobre à Paris. De ces pourparlers, cependant, il est ressorti, essentiellement, les conclusions suivantes :
– l’opposition politique nationale ainsi que la société civile semblent vouloir s’en tenir au chronogramme déclenché par l’ultimatum de M. Zacharie Myboto et de l’Union Nationale donnant à Ali Bongo Ondimba jusqu’au 31 octobre pour organiser la conférence nationale ;
– revenir sur l’ultimatum déjà lancé par M. Myboto pour en lancer un autre à Paris dans le même mois ne pouvait que jeter la confusion dans les différents processus engagés ;
– il était donc préférable, selon nos interlocuteurs, que tout le monde, pour des raisons de cohésion et de cohérence, s’aligne d’abord sur le chronogramme déclenché par l’ultimatum déjà lancé par M. Myboto pour éviter toute cacophonie préjudiciable à l’unité de l’opposition.
Ayant, donc, pris acte de ce chronogramme qui paraît situer l’expiration de l’ultimatum de M. Myboto au 31 octobre, et constatant, en effet, qu’un ultimatum qui prendrait fin le 31 octobre 2012 raccourcirait les échéances là où celui que nous proposions les allongerait de 30 jours, à partir du 1er novembre, les Diasporas Gabonaises Libres ont décidé, au vu des arguments présentés et pour ne pas risquer d’être accusées de faire le jeu du pouvoir, de reporter la réunion du 26-28 octobre à une date ultérieure en vue, justement,
1) de laisser l’opposition nationale, notamment l’Union Nationale, aller au bout de sa logique et, donc, d’accomplir tous actes allant dans le sens d’amener Ali Bongo à organiser la Conférence Nationale Souveraine réclamée par le Peuple gabonais d’ici le 31 octobre 2012, et ce conformément au chronogramme supposé par l’ultimatum de M. Zacharie Myboto ;
2) d’attendre jusqu’au 15 novembre pour constater, si, comme l’avait annoncé M. Zacharie Myboto, Ali Bongo serait chassé du pouvoir à l’expiration de l’ultimatum.
Toutefois, Ali Bongo n’ayant pas encore donné, au jour du 19 octobre actuel, l’impression de capituler, les Diasporas Gabonaises Libres, réitérant leur croyance en l’idée que seule une approche frontale pourra mener le pouvoir à céder sur l’idée d’une Conférence Nationale Souveraine au Gabon, mettent en garde M. Zacharie Myboto, le leadership de l’Union Nationale ainsi que tous ceux de l’opposition engagés dans le sillage de cet ultimatum, contre toute démarche qui galvauderait les principes insurrectionnels qui devraient se situer derrière toute idée d’ultimatum à l’encontre d’une dictature réfractaire au changement comme celle des Bongo Ondimba. Elle attend donc de l’opposition engagée dans le chronogramme relatif à l’ultimatum de M. Myboto qu’elle aille au bout de la logique insurrectionnelle supposée par tout ultimatum digne de ce nom, sans quoi cette opposition perdrait toute crédibilité auprès du Peuple gabonais.
Autrement dit, si Ali Bongo est toujours confortablement installé au pouvoir au 15 novembre 2012, les Diasporas Gabonaises Libres et le Peuple gabonais le constateront. Passé cette date, les Diasporas Gabonaises Libres ainsi que tous les Gabonais qui sont partisans de l’approche frontale aviseront et prendront alors, s’il le faut, leurs responsabilités.
Les Diasporas Gabonaises Libres, encore une fois, se disent opposées à toute démarche qui ferait d’Ali Bongo l’arbitre du changement au Gabon. Demander à Ali Bongo d’être la personne qui doit organiser la Conférence Nationale Souveraine est non seulement contre-productif et contre-intuitif, mais constitue également un acte qui disqualifie toute idée de Conférence Nationale Souveraine au Gabon.
Les Diasporas Gabonaises Libres se disent par ailleurs déjà inquiètes de constater qu’à seulement 12 jours de l’expiration de l’ultimatum de M. Myboto, il n’y ait encore nulle part dans le pays le type de tension qui pourrait garantir la chute du régime des Bongo à l’expiration de l’ultimatum. Elles réitèrent donc ici l’axe principal de leurs résolutions du 22 septembre 2012 appelant à un ultimatum ferme et solennel qui, pour être concret, se doit de laisser clairement entrevoir la finalité et les modalités de la chute du régime des Bongo si ce régime reste réfractaire au contenu et aux délais de l’ultimatum lancé.
Autrement dit, suite aux trois rejets déjà exprimés par le pouvoir bongoïste de saisir l’opportunité d’une sortie honorable par le biais du projet citoyen que représente la Conférence Nationale Souveraine, comme en atteste d’ailleurs le « non » catégorique d’Ali Bongo Ondimba exprimé le 12 septembre 2012 devant les deux chambres du Parlement et rejetant toute idée de Conférence Nationale Souveraine au Gabon, les Diasporas Gabonaises Libres, conformément à leurs résolutions du 22 septembre, pensent que tout ultimatum adressé à Ali Bongo et à son régime se doit de contenir, s’il se veut crédible, des préalables non négociables tels:
– La mise en place d’une Autorité de Transition (ADT) devant prendre en mains le processus réformateur devant encadrer, puis conduire à la Conférence Nationale Souveraine et Constituante ;
– la démission immédiate d’Ali Bongo Ondimba (Président illégitime), Marie-Madeleine Mborantsuo (Présidente de la Cour Constitutionnelle), Rose Francine Rogombé (Présidente du Sénat) et de Guy Nzouba Ndama (Président de l’Assemblée nationale) ;
– la dissolution des deux Chambres du Parlement et le transfert de leur autorité à une Assemblée Constituante qui serait mise en place dans le cadre de la Conférence Nationale Souveraine ;
– le transfert total et inconditionnel du pouvoir gouvernemental à l’Autorité de Transition (ADT), une autorité neutre et inclusive qui aura à charge de liquider les affaires courantes pendant la durée de la transition (six mois maximum), d’assurer la sécurité professionnelle et physique des personnes et des biens, d’assumer, entre autres, le contrôle de l’armée et de la police, d’organiser la Conférence Nationale Souveraine et de préparer le pays à la tenue d’élections générales libres et transparentes suite à une refonte démocratique des textes fondamentaux conformément aux desideratas de l’opposition et de la société civile.
Sans cela, les Diasporas Gabonaises Libres pensent tout simplement :
1) qu’aucune Conférence Nationale ne peut être Souveraine au Gabon si Ali Bongo Ondimba préserve, dans le même temps, les pleins pouvoirs qui lui permettraient d’avoir non seulement le contrôle de l’armée, mais aussi le contrôle de l’Exécutif ;
2) qu’aucune Conférence Nationale ne peut être Souveraine au Gabon s’il n’y a pas, comme en 1990, large ouverture au Peuple gabonais, tant il apparaît absolument obligatoire, pour un processus réparateur comme celui-là, d’y associer un maximum de Gabonais aux fins, justement, de les mobiliser et de les engager à la création de multiples partis politiques et associations qui iraient, ainsi, les représenter à la CNS par délégués interposés ;
3) qu’aucune Conférence Nationale ne peut être Souveraine au Gabon si elle n’est pas inconditionnelle, étant entendu que l’opposition ne peut se permettre de laisser le régime Bongo/PDG, dans ce cas, continuer à jouir de la capacité de contredire l’élan démocratique du Peuple ;
4) qu’aucune Conférence Nationale ne peut être Souveraine au Gabon si elle ne comporte pas le principe d’une remise à zéro du compteur politique de la Nation, tout le monde devant ainsi s’accommoder des règles démocratiques à établir, règles qui garantiraient, une bonne fois pour toutes, la démocratie intégrale au Gabon tout en s’appliquant objectivement à tous, parti au pouvoir comme opposition ;
5) qu’aucune Conférence Nationale ne peut être Souveraine au Gabon si la date de sa tenue n’est pas annoncée suffisamment à l’avance pour permettre, justement, à tous les Gabonais de l’intérieur du pays comme de la diaspora qui veulent y participer de s’organiser pour aller faire entendre leurs voix plurielles lors de ce dialogue national, le minimum de 30 jours étant, dans ce cas, acceptable du point de vue de cet objectif participatif ;
6) qu’aucune Conférence Nationale ne peut être Souveraine au Gabon s’il n’y a pas établissement d’une Commission Vérité-Réparation-Réconciliation qui établirait la vérité sur les 45 ans de dictature bongoïste au Gabon tout en permettant un minimum de réparation par la restitution, même partielle, des biens nationaux confisqués 45 ans durant par TOUS les tenants du bongoïsme au Gabon, le pardon n’étant, dans ce cas, accordé qu’aux repentis et la prison imposée aux réfractaires ;
7) qu’aucune Conférence Nationale ne peut être Souveraine au Gabon si elle n’est pas imposée au dictateur ;
8) qu’aucun changement immédiat n’est possible au Gabon si la Conférence Nationale Souveraine réclamée n’est pas elle-même vue non pas comme une finalité en soi, mais plutôt comme un prétexte à l’évincement pur et simple du régime des Bongo du pouvoir par le Peuple gabonais.
Fait le 19 octobre 2012
Les Diasporas Gabonaises Libres
https://www.diasporaslibres.org