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Des milliards pour le football… et nous, et nous, et nous !

Le championnat de première division professionnelle de football gabonais a été lancé le 19 octobre dernier avec 14 équipes en course pour le sacre. Bien avant, le stade de l’amitié situé à Agondjé, dans le premier arrondissement de Libreville, avait été transformé en établissement scolaire pour accueillir le trop plein d’élèves qu’enregistre la ville lors de la rentrée scolaire 2012-2013… Il est parfois difficile de cerner les priorités du gouvernement.

Avec les chiffres annoncés pour l’organisation du championnat national de football de première division et surtout le choix de sa professionnalisation, les langues se sont rapidement déliées pour fustiger certains choix du Gabon en matière de développement. On se demande ouvertement où se situent les priorités et si le peuple est véritablement pris en compte dans ces arbitrages.

Cette polémique, qui n’a certainement pas fini d’enfler, vient du fait l’on parle de 10 milliards de francs CFA engagés pour la professionnalisation du football au Gabon. Du coup, dans des agoras qui se créent autour d’une bière, dans les taxis ou dans des cafétérias, la population s’interroge sur la primauté que peut avoir cette professionnalisation sur l’instruction des enfants. «Comment a-t-on pu mettre des enfants dans un stade pour les instruire parce qu’il manque des établissements et, du jour au lendemain, dire qu’il y a 10 milliards de francs CFA pour le football ?» s’interroge une mère, ancienne fonctionnaire du ministère des Affaires sociales à la retraite, à bord d’un taxi. «Le symbole que représente la transformation de ce stade en lycée ne va pas laisser les enfants qui y apprennent indifférents. Ils auront forcément l’impression d’être moins importants que d’autres puisqu’ils ont été choisis pour étudier dans un stade. Il y a forcément un prix à payer pour ce genre d’initiative», a ajouté l’ancienne fonctionnaire des Affaires sociales.

Le débat ne s’arrête pas sur l’école du stade d’Agondjé. S’y ajoute la question de l’insalubrité des villes du pays. On ne peut plus en effet se promener à pieds à Libreville sans que son regard, et son odorat, ne soient heurtés par les tas d’immondices qui jonchent les rues. Un énorme dépotoir permanent trône ainsi juste devant les grilles du collège Tchoréré, sale, dangereux, malsain et hideux. La Société de valorisation des ordures ménagères du Gabon (Sovog) semble visiblement dépassée. Le gouvernement et la mairie de Libreville quant à eux n’ont pas l’air d’en faire une priorité. Et au final, tous se rejettent les responsabilités les uns sur les autres. Autrement dit, il n’y a en réalité pas de cohérence dans le projet de ramassage, de gestion et de collecte des ordures dans le pays. Ceux qui aspirent à vivre concrètement l’émergence que prône le président Ali Bongo Ondimba sont les plus amers : «les 10 milliards de francs auraient pu être utilisés pour effectuer le ramassage de ces tas d’ordures et offrir des villes propres, attractives et accueillantes à ces investisseurs et partenaires qu’on recherche de par le monde» ne peut s’empêcher de soupirer un militant du PDG, son teeshirt Ali9 sur les épaules.

Certains s’étonnent d’ailleurs du fait que ces 10 milliards devraient servir à régler les factures intégrales de tous les clubs engagés dans ce championnat. Les questions fusent : «Comment quelqu’un peut-il créer une équipe de football sans conviction pour faire son business et d’un coup, il se retrouve millionnaires grâce à l’État ? Combien de temps cela va-t-il durer ? Quelles sont les études qui ont été menées pour savoir si ces clubs vont respecter leurs engagements ? Quel est la part d’effort que vont fournir les clubs si l’État leur donne déjà tout ?». La conclusion qui vient à la bouche de tous, plus ou moins fort, c’est « corruption et détournement d’argent », et ce ne sont pas les exemples internationaux qui risquent de démentir ces soupçons.

Officiellement, le football professionnel ne compte pas sur l’argent de l’État providence. «Ce sont les membres des clubs, les supporteurs, les produits issus du club, les contributions diverses, les droits télé et la publicité qui financent les équipes de football aujourd’hui et non l’État seul.», a dit un jeune homme supporter affiché de Barcelone.

Le débat qui s’enflamme n’est pas sans fondement. Si le football peut avoir un impact sur la visibilité du pays dans le monde, il existe des priorités que le gouvernement et la présidence ne devraient pas oublier : la salubrité de l’environnement, l’éducation, le pouvoir d’achat, l’emploi, le logement… la liste est longue, très longue des revendication légitimes devant lesquelles le football ne peut prétendre passer.

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