Plus de trois ans après l’électrochoc que produisit le coup de force du 3 septembre 2009, alors que la majorité des Gabonais pensait que la voix des urnes serait enfin respectée après la mort d’Omar Bongo Ondimba, d’innombrables débats ont vu le jour au Gabon comme dans la diaspora, et notamment sur les réseaux sociaux, les sites Internet et un peu partout où cela pouvait encore être possible. Dans ce contexte de protestation généralisée allant même jusqu’à toucher les rangs du parti au pouvoir depuis 1968, la réorganisation de la société civile gabonaise s’est considérablement accélérée au Gabon comme dans la diaspora, poussant les acteurs politiques engagés à poser, du moins en apparence, des actes forts et sincères allant dans le sens de la recherche d’un changement profond et immédiat au Gabon.
Au fur et à mesure que la conscience citoyenne gabonaise se réveillait douloureusement de sa torpeur après cet horrible cauchemar, nombreuses ont été les interrogations et les réflexions opposant parfois diamétralement des compatriotes qui semblaient pourtant poursuivre, in fine, les mêmes objectifs, c’est-à-dire : précipiter la chute du régime dynastique et autoritaire en place, réaliser la réforme profonde de la Constitution et des institutions, instaurer la transparence électorale, respecter les libertés et droits fondamentaux des citoyens, garantir le respect du vrai verdict des urnes, assurer l’amélioration effective des conditions de vie du Peuple souverain, moderniser le système de santé, développer le système éducatif, diversifier et sécuriser l’économie du pays, etc.
Dans ce foisonnement d’idées s’articulant notamment autour des méthodes appropriées et du choix des leaders pouvant les conduire à réaliser leurs aspirations les plus légitimes, les Gabonaises et les Gabonais ont sans cesse soulevé des questions essentielles :
– Fallait-il systématiquement s’aligner derrière les anciens piliers du régime devenus opposants, au motif qu’ils seraient les mieux outillés, politiquement et financièrement, pour aider à démanteler un système qu’ils avaient, eux-mêmes, si docilement construit et servi pendant des décennies ? Ou bien, fallait-il, au contraire, combattre ces anciens hiérarques du PDG, au motif que le type d’opposition qu’ils incarnent s’apparenterait plus à des querelles de « frères » engagés dans une concurrence conviviale visant à occuper une place de premier choix au cœur d’un dispositif inchangé sur le fond et que personne ne veut réellement changer?
– D’un point de vue structurel, fallait-il qu’au niveau national toutes les formations politiques de l’opposition, pour prouver leur unité, se fondent en une seule et unique entité, au risque de promouvoir une pensée unique de l’opposition et les immobilismes inhérents à ces types d’amalgames d’hommes et de femmes ne partageant pas forcément les mêmes finalités politiques ? Et fallait-il qu’à l’extérieur les structures associatives et politiques de la diaspora en fassent de même, au risque de causer un appauvrissement de la pensée et de l’effervescence démocratique dont le pays a besoin, surtout au vu des ratés politiques désormais flagrants de ceux qui ont fait la promotion de ces unifications artificielles alors même que les visées idéologiques des uns et des autres n’avaient jamais été clarifiées?
– Les Gabonaises et les Gabonais avaient-ils une détermination telle qu’ils accepteraient d’aller à la confrontation directe avec ce régime despotique qui baigne dans la complaisance face à sa propre incompétence ? Et les leaders de l’opposition étaient-ils eux-mêmes prêts et réellement déterminés à évincer ce régime pour que s’installe enfin au Gabon une démocratie véritable ?
– Par ailleurs, le projet de Conférence Nationale Souveraine proposé par l’Union Nationale et ses affiliés de la diaspora et de la société civile avait-il été vraiment mûrement réfléchi et préparé avant sa mise en orbite pour en garantir le succès?
C’est pour répondre à toutes ces interrogations cruciales sur les enjeux concernant le devenir de notre pays et la manière de s’opposer au régime en place au Gabon que plusieurs compatriotes d’Amérique et d’Europe, réunis le 22 septembre 2012 à Paris, donnèrent naissance aux Diasporas Gabonaises Libres (D.G.L.). C’est dans le cadre de cette large alliance citoyenne d’associations et membres de la diaspora, porteuse à la fois d’un projet humaniste et d’une véritable ambition pour le développement du Gabon, que les Diasporas Gabonaises Libres ont décidé d’inviter de toute urgence l’ensemble des forces politiques, associatives, syndicales, estudiantines et religieuses, à une rencontre qui devait avoir lieu le 26 octobre 2012 à Paris, pour y lancer de manière solennelle un ultimatum en bonne et due forme contre ce régime illégitime et dictatorial. Il s’agissait-là d’un ultimatum devant être assorti d’un agenda précis d’actions et d’initiatives communes qu’il fallait aussitôt rendre public pour non seulement préparer le Peuple gabonais à sa propre libération, mais aussi l’engager à des actions spécifiques à réaliser dans le cadre de symbioses et de synergies nationales qui seraient assumées et partagées par tous les groupes ainsi engagés dans le combat de libération nationale.
Dans cette optique, des démarches avaient été entreprises par les Diasporas Gabonaises Libres auprès de différentes personnalités de la société civile et des partis politiques qui sont sur le terrain au Gabon, afin que ce projet d’agenda commun devienne réalité. Malheureusement, plusieurs des leaders de l’opposition et de la société civile consultés ont manifesté leur volonté de se conformer au chronogramme déclenché par l’ultimatum de Monsieur Myboto le 22 septembre 2012 à Rio, le jour même où se tenaient les assises des Diasporas Gabonaises Libres.
C’est ainsi que, dans le souci, justement, de préserver le minimum de cohésion nécessaire entre les opposants résidant à l’intérieur du Gabon et ceux vivant à l’extérieur, les Diasporas Gabonaises Libres ont décidé de surseoir au projet de réunir l’opposition gabonaise à Paris le 26 octobre. Il était question, à ce moment-là, de laisser à l’Union Nationale et à ses affiliés au sein de la diaspora, de la classe politique et de la société civile l’opportunité d’aller au bout de leur logique et d’attendre de voir si l’ultimatum de Zacharie Myboto mènerait, comme affirmé, à l’éviction d’Ali Bongo et du régime PDG à l’expiration de l’ultimatum le 31 octobre 2012.
Force est, hélas, de constater aujourd’hui que la crédibilité de la grande majorité des acteurs politiques de l’opposition gabonaise est désormais proche de zéro. Il est devenu largement apparent, le 10 novembre dernier, que l’ultimatum lancé par Monsieur Myboto est très loin d’avoir tenu ses promesses, au point de paraître extrêmement ridicule dans la mesure où le meeting de l’Union Nationale n’a pas du tout répondu aux attentes du Peuple gabonais : aucun agenda crédible, aucun mot d’ordre, aucune lisibilité politique qui soient de nature à conforter l’idée, encore mois la possibilité, d’un éventuel départ d’Ali Bongo et de tout son régime du pouvoir.
Ayant visiblement confondu précipitation et action, combat démocratique dans un contexte de démocratie et combat de libération nationale dans un contexte de dictature, solennité de l’action politique et divertissement politique, les leaders les plus bruyants au sein de l’opposition gabonaise, parce que disposant (grâce à leur participation au pillage des ressources nationales) des moyens nécessaires pour se faire entendre, continuent malheureusement d’offrir à la population meurtrie un piètre spectacle politique agrémenté de tergiversations diverses, un spectacle qui aurait pu virer au comique s’il n’avait déjà entraîné à plusieurs reprises la mort de compatriotes victimes, depuis 1990, du peu de considération que le régime Bongo/PDG a pour le respect de la vie humaine au Gabon.
Les Diasporas Gabonaises Libres pensent que le moment est venu de constater la caducité du projet de Conférence Nationale Souveraine au Gabon. C’est pourquoi elles invitent à nouveau tous les Gabonais, à se joindre au projet de lutte frontale qu’elles proposent sur le court, moyen et long-terme.
Vu l’urgence, les Diasporas Gabonaises Libres (D.G.L) affirment la nécessité d’aller directement vers une Assemblée Constituante. Il s’agit en clair, de s’organiser de façon efficace et coordonnée, pour le départ de Bongo et de son régime. C’est en ce sens que les Diasporas Gabonaises Libres (D.G.L) se réuniront bientôt à Paris pour mettre en place les bases du projet d’Assemblée Constituante au Gabon.
Pour le comité de suivi des Diasporas gabonaises Libres,
La commission communication
Le 20 Novembre 2012
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