Depuis l’arrivée des grandes pluies qui s’abattent sur l’ensemble du territoire national, «inondations» rime avec «Port-Gentil», la capitale économique et pétrolière du Gabon, dont la population ne peut s’empêcher d’enregistrer des nombreux dégâts matériels après chaque passage de pluies diluviennes.
Une rue de Port-Gentil en saison des pluies © CG93
Le désespoir des populations de la commune de Port-Gentil a atteint son paroxysme. Les habitants qui ne savent plus à quelle autorité se vouer et éprouvent d’énormes difficultés à assumer leur quotidien à cause des inondations qui envahissent la cité pétrolière. À chaque fois, on dénombre plusieurs familles sans abri. Les édifices public et privé ne sont pas, non plus, épargnés par les eaux. Les cours d’écoles se transforment en lacs, les quartiers huppés sont également abonnés aux «pieds dans l’eau» au même titre que les quartiers populaires.
Un quartier populaire de Port-Gentil après la pluie © CG93
Cette difficile situation d’inondations permanentes, dans cette partie du Gabon où sont brassés les trois quarts de la richesse du pays avec l’activité pétrolière, vient remettre au goût du jour l’épineux problème de l’absence d’un plan d’urbanisation qui réponde aux réalités du moment, notamment celle du changement climatique et de la montée des eaux de mer, mais également celui de la construction d’un important canal d’évacuation afin d’assainir la ville et la rendre plus attractive.
«Où en est-on avec ce projet de construction d’un important canal d’évacuation des eaux, devant permettre la réduction des inondations et améliorer le quotidien des Port-gentillais pendant les fortes précipitations, pour lequel le président Ali Bongo Ondimba avait consacré la somme de 43,5 milliards de francs CFA, lors du premier Conseil des ministres délocalisé de Port-Gentil en mars 2010 ?», s’interroge Philippe, un citoyen de la ville désappointé, joint au téléphone.
«Comment comprendre qu’avec tout ce que l’État engrange comme bénéfice issu des activités pétrolières, cette petite ville a du mal à refléter ce qu’elle produit comme richesse pour l’économie du pays tout entier ?», a-t-il poursuivi avant d’ajouter : «il se peut que nos autorités attendent que la ville disparaisse complètement sous les eaux pour bouger leur petit doigt, vu que dans ce pays, on a encore du mal à définir ce qui est prioritaire et ce qui est distraction quand on pense à l’argent dépensé pour organiser une course de bateau qui s’est terminée par des obsèques».
Quartier Salsa © Reflets Magazine/H2O
Le gouvernement est de nouveau interpellé par les populations pour qu’un effort spécial soit consenti, en vue d’une urbanisation réelle de la ville pétrolière, pour que les populations sentent enfin une amorce de développement de leur ville.
Situé au sud-ouest du Gabon, Port-Gentil est le chef-lieu de la province de l’Ogooué-Maritime. Les déplacements entre Libreville et cette ville côtière totalement dépourvue de relief, située à une altitude comprise entre 2 et 4 mètres au-dessus du niveau de la mer et construite sur des formations sableuses s’effectuent par avion ou par voie maritime. Cette ville paisible, jouissant d’un climat tropical ponctué par une saison «sèche» et d’une autre dite «des pluies», est confrontée depuis un longtemps déjà aux phénomènes d’inondations et d’érosion côtière.