Publié par Désiré-Clitandre Dzonteu / dans ÉCONOMIE / mardi 18 décembre 2012 à 5:39
La multiplication des usages de la téléphonie mobile influe inéluctablement sur la vie des communautés. Et par conséquence sur la dynamisation des activités qui se faisaient autre fois avec beaucoup de difficultés en terme de temps et de moyens autant humain que matériel et financier. Mais surtout, des techniques et services qui ont été inventées pour l’Afrique commencent à se développer ailleurs..

Réparateur de téléphone mobiles © Heavens / Telecoms Reuters

Le Gabon et les Gabonais n’échappent pas à cette donne. Dans le domaine de la prestation des services de téléphonie mobile, on dénombre pour ce pays de 1,5 millions d’habitants quatre opérateurs (Airtel, Libertis, Azur et Moov). Pour ce qui est de la fourniture de l’internet, le pays a également de nombreuses structures qui se sont lancées avec des offres alternatives aux côtés du principal opérateur national, Gabon Télécom.

Toutes ces entreprises, au-delà des simples communications de base, ont développé de nombreux autres services périphériques qui améliorent considérablement la vie des populations. Tel est d’ailleurs le constat d’un rapport intitulé, eTransform Africa: The Transformational Use of Information and Communication Technologies in Africa, publié conjointement, en début de mois de décembre 2012, par la Banque mondiale et Banque africaine de développement (BAD), avec l’appui de l’Union africaine. En Afrique, indique ce rapport, des innovations dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC) transforment les entreprises, favorisent l’entrepreneuriat et l’innovation tout en stimulant la croissance économique.

«En l’espace de cinq ans, le marché de la téléphonie mobile en Afrique a explosé, le continent recensant aujourd’hui environ 650 millions d’abonnements, chiffre qui le place devant l’Union européenne et les États-Unis. De plus, le débit de la bande passante est aujourd’hui 20 fois plus élevé. Cette explosion de la téléphonie mobile transforme véritablement la vie des Africains», relève-t-on.

L’agriculture, le changement climatique, l’éducation, les services financiers, le gouvernement, la santé, les TIC, la compétitivité, la facilitation du commerce et l’intégration régionale sont des secteurs qui ont largement profité de cet outil de communication dans la plupart des pays d’Afrique.

Une commerçante des vivres frais exerçant à Libreville explique qu’elle n’a plus besoin de se déplacer pour échanger avec ses fournisseurs sur les modalités d’achats de sa marchandise. «Avant que je n’achète un téléphone portable, je devais souvent voyager pour aller chercher les produits dans les plantations près de Mouila ou dans le Woleu-Ntem. Avec le téléphone, je discute désormais avec mes partenaires sans me déplacer. On fixe les prix et les transporteurs nous livrent la marchandise sur place ici à Libreville.», a-t-elle raconté avant de dire que cela représente pour moi un bénéfice. «J’économise par exemple sur l’argent du voyage que j’aurai du faire», mai aussi le temps et la fatigue.

Outre cela, l’argent des achats est expédié via l’une des nombreuses structures qui s’occupent désormais des transferts d’argents. Les paiements peuvent même s’effectuer avec les mobiles.

En ce qui concerne le domaine de la préservation de l’environnement, des entreprises forestières et les éco-gardes sont parfois équipés de GPS. Toute chose qui leur permet de mieux apprécier le travail et l’état des besoins pour chaque projet qui doit avoir cours dans telle ou telle autre zone forestière, limitant ainsi la déforestation et le braconnage.

Du côté de la santé, certains centres de soins s’apprêtent à lancer des consultations de télémédecine pour pallier l’absence de certains spécialistes dans des domaines pointus. A cet effet, des hôpitaux tels que le Centre hospitalier d’Angondjé ou l’hôpital général de Libreville ont été équipés de matériel adapté. Des équipements qui permettent, par exemple, de procéder à des opérations cardiaques sans ouvrir le thorax. Mais certaines cliniques s’apprêtent à démarrer des consultations spécialisées pour les autistes, certaines maladies mentales ou handicaps mal soigné parce que mal connus au Gabon.

Des centres technologiques naissent également dans le pays et créent de nouveaux espaces de collaboration, d’innovation, de formation, de développement d’applications, de contenu et d’incubation des entreprises de demain.

C’est en cela que Jamal Saghir, directeur du Développement durable de la Banque mondiale pour la région Afrique, explique que «le réseau Internet et les téléphones portables transforment les perspectives de développement en Afrique. Ils introduisent un nouveau dynamisme dans des secteurs clés. Le défi désormais consiste à faire passer ces innovations et ces réussites à l’échelle supérieure afin qu’elles exercent un impact social et économique plus visible sur le continent au cours des dix prochaines années.»

«L’Afrique prend rapidement l’étoffe d’un chef de file dans le domaine des TIC. Les innovations qui ont connu leur essor en Afrique – comme les téléphones portables à deux cartes SIM ou les envois de fonds par téléphone – se répandent sur tout le continent et au-delà» affirme même Tim Kelly, expert en politique des TIC à la Banque mondiale et l’un des auteurs du rapport.