Alors que les agents de la radio panafricaine, Africa n°1 sont entrés en grève illimitée, le mercredi 19 décembre 2012, pour réclamer le paiement de cinq mois de salaire et des arriérés antérieurs, on apprend que l’administrateur judiciaire de cette structure, Me Roger Valère Moussadji a été interpellé et placé en garde à vue par la Police Judiciaire (PJ).
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Cette interpellation est intervenue dans la même journée, en fin de soirée. L’intéressé devrait répondre de la gestion d’une enveloppe de 800 millions de francs CFA allouée à cette radio à la veille de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en janvier dernier, rapporte le quotidien L’Union.
La radio panafricaine, Africa n°1, est en effet placée en redressement judiciaire depuis un an. Cela n’a malheureusement pas permis à cette structure de sortir des problèmes qui bloquent son fonctionnement alors que certains espéraient que ce redressement allait permettre de reprendre les parts libyennes après la chute de Kadhafi. Le président Ali Bongo avait même assuré qu’il était «important» que la radio «ne cesse pas d’émettre».
Dans l’une de ses interventions, la présidente du Syndicat des communicateurs d’Africa n°1 (Syca), Blandine Mengue, déclarait: «Nous réclamons, d’abord et avant tout, l’arrêt du processus de redressement judiciaire. L’administrateur judiciaire nous a dit lui-même qu’Africa n°1 était la première expérience de redressement judiciaire au Gabon. Comme elle a été la première expérience, je crois que les autorités ont vu les limites de cette expérience puisqu’elle n’a rien apporté à Africa n°1. Au contraire. Elle a même aggravé les problèmes d’Africa n°1. Je crois que c’est une expérience qui n’a pas été probante. Nous demandons l’arrêt immédiat du processus de redressement judiciaire».
Me Moussadji est donc entendu sur la gestion de cette radio panafricaine, notamment sur cette enveloppe de 800 millions de francs CFA allouée en janvier dernier à Africa N°1. Le Ministre de la communication, Blaise Louembé, a fait entre temps un déplacement inopiné à cette radio pour assurer les agents du paiement urgent de leurs salaires et du changement du syndic.
Jadis fleuron du Gabon, la radio, créée en 1981, est censée toucher 20 millions d’auditeurs dans une vingtaine de pays africains. La société française Sofirad, qui détenait 40% du capital de la radio panafricaine, s’est retirée en 2002. En 2007 la Libye est devenue l’actionnaire majoritaire, mais depuis la mort de Mohammed Kadhafi, Africa n°1 connaît de sérieux problèmes de fonctionnement liés au manque de financements.
De 2002 à 2010 l’État gabonais a investi près de 14 Milliards de francs CFA pour tenter de sauver la radio, sans succès.