Au Gabon, c’est une grande première. Le Sénat a levé, ce lundi 24 décembre, l’immunité parlementaire de Gabriel Eyeghe Ekomié, cité au tribunal comme commanditaire du meurtre d’une écolière de douze ans, à des fins fétichistes. La justice est donc libre de le convoquer. C’est du jamais vu, alors que les crimes rituels ont souvent été couverts par l’impunité.
Avec notre correspondant à Libreville
C’est le meilleur cadeau de Noël que le Sénat a offert aux Gabonais. Personne n’imaginait que le parti au pouvoir, ultra majoritaire au Sénat, pouvait livrer son camarade à la justice. Les Gabonais attendaient avec impatience une telle décision pour que la peur change de camp. Et pourtant les choses n’ont pas été faciles.
Dans un long rapport, élaboré durant sept mois d’enquête et de débats, les sénateurs ont recommandé de ne pas lever l’immunité parlementaire de leur camarade, faute de preuve. En réalité, certains sénateurs ont eu peur d’ouvrir la boîte de Pandore.
Mais la ministre de la Justice, Ida Reteno Assounoué, est restée combattive jusqu’au bout. « Il nous faut une justice exemplaire. Nous devons permettre au sénateur d’aller se défendre devant les tribunaux pour prouver son innocence », a-t-elle plaidé.
C’est à huis clos que le bureau du Sénat a pris la décision. La lutte contre les crimes rituels vient de prendre un tournant spectaculaire. « C’est peut être la fin de l’impunité concernant les crimes rituels, un phénomène qui a endeuillé trop de familles », a murmuré un sénateur.