Le président Bozizé « est prêt à se rendre à Libreville » si ses pairs le lui demandent, et accepte un dialogue avec la rébellion « qui doit conduire à un gouvernement d’union nationale », a annoncé le président de l’Union africaine, Boni Yayi, après un entretien avec le chef de l’État centrafricain.
Sous la pression de plus en plus forte de la rébellion, le président centrafricain François Bozizé a accepté de dialoguer avec la coalition Séléka dans l’optique de former « un gouvernement d’union nationale », a annoncé le président de l’Union africaine(UA), Boni Yayi, après un entretien avec le chef de l’État centrafricain. François Bozizé est également « prêt à se rendre à Libreville » si ses pairs le lui demandent.
Ces négociations, qui doivent se tenir sous l’égide des chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) à Libreville, devront porter sur l’application des accords de paix conclus entre 2007 et 2011 avec les rébellions, comme le Séléka le souhaitait. François Bozizé a également assuré au président de l’UA qu’ « il ne sera pas candidat » à sa propre succession en 2016 et qu’il respectera « les dispositions constitutionnelles ». L’opposition centrafricaine accusait Bozizé de vouloir modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat.
« Je demande à tous mes frères de la classe politique, des mouvements politico-militaires, ainsi que le nouveau mouvement Seleka, de cesser de verser du sang inutilement, a-t-il déclaré. Nous n’y gagnons rien dans un pays aussi pauvre, parmi les derniers du monde », a déclaré François Bozizé.
État des forces en présence, sur le territoire centrafricain
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Interrogé sur France 24, le porte-parole du Séléka, Eric Massi, a déclaré « prendre acte » de ces engagements tout en demandant au président centrafricain de faire cesser les exactions dont se rendraient coupables les autorités envers les proches de la rébellion résidant à Bangui. « Un entretien doit avoir lieu avec le président de l’Union africaine afin d’étudier en détail les propositions du président Bozizé et de valider ensemble un plan de sortie de crise », a-t-il souligné. « Si le président applique concrètement les engagements pris auprès du président Boni Yayi, il n’y a pas de raison que la tension ne retombe pas et que nous ne trouvions pas une solution pacifique », a-t-il insisté.
Mais quelques heures auparavant, ce même Eric Massi avait évoqué une possible entrée des rebelles dans Bangui, qu’il avait exclue jusque-là, et demandé le départ du président Bozizé. « Bozizé a l’intention de livrer bataille à Bangui et si la population l’exige, nous prendrons des dispositions », avait-il dit. Il « doit reconnaître sa défaite militaire sur le terrain (…) et en tirer les conclusions », avait-il souligné après la prise de la ville de Sibut samedi, qui a mené la rébellion à 160 km de la capitale.
Un expert militaire estimait cependant dimanche, sous couvert d’anonymat, « peu probables des combats à Bangui ». « On est dans une phase plus politique. C’est un jeu de rôles avant les discussions avec un président qui s’accroche au pouvoir », a-t-il estimé. L’avancée des rebelles a néanmoins convaincue la France de dépêcher à Bangui 180 hommes supplémentaires et deux hélicoptères Puma, portant ses effectifs à 580 soldats. Ce dispositif doit permettre une évacuation des Français et autres Européens si besoin, selon le ministère de la Défense.
Après sa rencontre avec Thomas Boni Yayi, François Bozizé – qui avait en vain appelé la France à la rescousse le 27 décembre – a également demandé à rencontrer le président français François Hollande, pour « débattre des questions profondes qui intéressent la République Centrafricaine ». Dans un communiqué publié dans la soirée, François Hollande a appelé « toutes les parties » en conflit en Centrafrique à « cesser les hostilités et à dialoguer ». Il a aussi demandé à nouveau aux autorités centrafricaines de prendre « toutes les mesures » pour garantir la sécurité des ressortissants étrangers.
(Avec AFP)