Le préjudice causé par l’Union des banques gabonaises (UGB) à ses clients et à leurs fournisseurs aux alentours de fêtes de fin d’année 2012, trouverait son explication dans un bug inhérent à cette seule banque, les chéquiers problématiques étant fabriqués par une entreprise qui fourni également d’autres banques de la place, sans que celles-ci n’aient eu à enregistrer le même problème.
© D.R.
Durant les trois dernières semaines de fin d’année 2012, un certain nombre des carnets de chèques mis en service par l’UGB étaient défectueux, impossibles à traiter automatiquement, parce qu’illisibles par les scanners des banques. Dans le langage technique on parle de «chèques incompensables par les scanners de compensation».
Cette situation a été examinée par la banque et son prestataire agrée en système monétique. Les informations recueillies auprès d’un cadre travaillant chez le prestataire indiquent «qu’à l’examen des documents, donc de la vignette chèque, fabriquée en France depuis plusieurs années, ce bug ne saurait venir de là. Cette vignette est normée et sécurisée par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC).» Le bug, selon le technicien, pourrait donc concerner «l’impression sur les vignettes des chèques, qui répond à un paramétrage spécifique déterminé par le système d’exploitation générant automatiquement toute demande de carnet de chèques.» Un jargon technique qui reste incompréhensible au commun des mortels et qui semble indiquer que personne ne sait, ou ne veut, définir qui est responsable.
L’UGB, qui a déjà pris les dispositions de renouvellement de ses équipements concourants à l’impression et à la personnalisation des carnets de chèques, s’attèle actuellement, de concert avec le concepteur du logiciel, à circonscrire ce problème, lié certainement à une migration des données informatiques, selon les informations recueillies auprès de Goldfinger Gabon. La même source indique que 10 000 chéquiers sont fabriqués en moyenne chaque année pour cette banque. Ce qui représente 500 000 vignettes traitées par an tandis que l’anomalie observée ne concernerait, dit-il, qu’une dizaine de cas avérés, mais cela ne peut constituer une «excuse quant on ne peut mesurer la conséquence d’un rejet de compensation.»
Cela dit, on peut douter de ce chiffre. Une dizaine de cas avérés ne perturberaient pas autant l’ensemble du système bancaire et n’entraînerait pas des retards de 3 semaines dans le paiement de ces chèques. D’après ce que nous ont rapporté quelques gestionnaires de diverses banques, chacune aurait eu à traiter manuellement des centaines de chèques non-conformes. Cela n’explique pas non plus pourquoi l’UGB n’a pas communiqué sur ce problème, au moins auprès de ses clients, afin d’éviter les situations désespérantes qui en ont découlé.
On découvre ainsi que bon nombre de chéquiers qui circulent au Gabon, même émis par d’autres banques que l’UGB, sont la production d’une PME locale, Goldfinger Gabon, qui fourni aux banques et à divers organismes des solutions technologiques et de recherche de performance. En 2008, l’UGB a été repris pour 59% par le groupe bancaire marocain Attijariwafa Bank, premier groupe bancaire africain du continent, hors Afrique du Sud. Un transfert de technologies et de savoir-faire a été opéré depuis, qui tarde visiblement à prendre effet.