Le siège de l’ONG «Publiez ce que vous payez», à Libreville, a prêté son cadre ce 11 janvier 2013 pour le plaidoyer du groupe de travail de la société civile centrafricaine sur le conflit actuel en RCA. Des voies ont été proposées pour une paix durable dans ce pays.
Présents à Libreville dans le cadre des pourparlers entre le gouvernement centrafricain, l’opposition démocratique et les rebelles de la Séleka, les leaders des organisations de la société civile de la RCA, pays en crise depuis le 10 décembre, ont surfé sur la journée de la signature de l’accord de principe pour un cessez-le-feu dans leur pays pour partager les causes et les facteurs profonds de ce conflit militaro-politique avec la communauté gabonaise et internationale.
En effet, selon le directeur du Cercle de recherche et d’éducation par les arts (Crea), organisation non gouvernementale d’action culturelle et d’animation pour le développement, Gervais Lakosso, les causes de cette crise sont diverses et variées au rang desquels, à titre illustratif mais non exhaustif, l’échec du processus de démocratisation entrepris depuis 1979 avec la chute de l’Empereur Bokassa 1er ; l’instrumentalisation des différences ethniques (Ngbaka, Yakoma, Kaba et Gbaya) par les régimes successifs ; la fragilité des institutions d’appui à la démocratie dont les mandats sont arrivés à expiration depuis plus d’une année (Conseil national de la médiation, Cour constitutionnelle, Conseil économique et social) ; la prolifération des groupes armés et la circulation des armes légères à la suite des multiples mutineries de 1996, 1997, les coups d’État manqués du 28 mai 2011 et du 25 octobre 2002, le coup d’État du 15 mars 2003 et les rébellions de 2007 et 2012.
Il a également été noté l’absence d’un dialogue franc et sincère entre le pouvoir, l’opposition et la société civile, la politisation de l’armée nationale et l’administration publique ; le chômage des jeunes, la pauvreté et la misère criantes des populations ; le sentiment d’exclusion de certaines franges de la population, la porosité des frontières dans la partie Nord et à l’Est, la présence des rébellions étrangères sur le sol national…
«Ce cocktail de causes et facteurs susmentionnés, rend complexe et difficile toute entreprise de résolution basée sur la précipitation ou toute tentative de résolution parcellaire de ce conflit», a indiqué Gervais Lakosso, avant d’ajouter que, «la société civile centrafricaine plaide pour un règlement en deux temps du conflit actuel, car les pourparlers de Libreville seuls ne suffisent pas pour régler la crise centrafricaine».
Pour ces leaders de la société civile centrafricaine, il faudra d’abord concentrer les énergies et les intelligences sur le Sommet de Libreville pour obtenir la signature d’un accord en quatre points prévoyants, à savoir un cessez-le-feu ; l’ouverture des couloirs humanitaires ; la fixation d’une date pour un dialogue entre Centrafricains ; l’implication de la société civile dans le comité de suivi des accords de Libreville.
Il faudra ensuite organiser, dans les meilleurs délais, un dialogue entre Centrafricains appuyé par les amis et autres partenaires de la RCA. Il devra regrouper toutes les forces vives du pays, comporter entre 50 à 75 participants, sa durée ne doit pas excéder 12 jours, le processus de préparation et de désignation des membres sera inclusif et transparent, les sujets déterminant de la vie du pays seront abordés, les décisions de ce dialogue seront souveraines. Les travaux de ce dialogue seront présidés par une personnalité africaine neutre pour donner la chance à la paix de s’installer durablement dans notre pays.
«Pour nous la solution ou la priorité n’est pas la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, et après la signature du cessez le feu, nous allons peser de tout notre poids pour que ce gouvernement ne soit mis en place qu’à l’issue de ce dialogue franc inter-centrafricain qui doit se tenir au pays, il faut baliser le terrain. Parce que, quelle que soit la compétence des personnes qui intégreront ce gouvernement, s’ils font cela à la va-vite, ils vont se casser la figure», a conclu Gervais Lakosso.