Jules Aristide Bourdes Ogouliguende (JABO), à qui l’hebdomadaire indépendant d’informations générales « L’évènement » a ouvert ses colonnes le 14 janvier 2013, dans un article intitulé « les quatre vérités de JABO », donne l’impression générale est qu’à force d’être mal entouré ce brillant magistrat en vient à d’indignes méprises sur l’analyse de la situation économique, politique, administrative et sociale du pays.
Il revient ainsi dans un premier temps sur le leurre qu’est la conférence nationale souveraine made in l’ex union nationale en alléguant que « les partis de la CPPA, les autres partis de l’oppositions et la société civile…vivent les problèmes du pays « de la même manière et sous le même regard » ; ce qui signifierait que ce respectable magistrat amalgame ou ignore les particularismes juridiques, statutaires, idéologiques et sociologique des différentes entités qui composent la société gabonaise ; alors même que ces particularismes à contrario conduisent ces groupements de la société à vivre les mutations économiques et politiques du Gabon, de façon spécifique à leur secteur et leur raison d’être ; par exemple, la raison d’être d’un parti politique est la participation au suffrage (art.6 de la constitution), celle des acteurs de la société civile se cantonne à la défense des droits sectoriels et catégoriels ; on comprend alors que l’amalgame qu’opère JABO n’est que de l’instrumentalisation politicienne et manipulatrice.
JABO poussera le bouchon jusqu’à affirmer que « la tenue d’une conférence nationale souveraine est impératif parce qu’attendu par la grande majorité des gabonais » ; là, l’homme affabule grossièrement, car après grossissement des chiffres du reste invérifiable, il y aurait 30.000 inscrits pour cette conférence nationale, sur toutes l’étendue du territoire. Pour la petite comparaison, la population élective du Gabon environne les 700.000 individus ; ce qui signifie que les 30.000 inscrits de l’UFA (Union des Forces pour l’Alternance, groupement de certains partis de l’opposition) et ses alliés, ne représentent même pas les 5% de la population élective nationale. D’où que JABO affabule grandement, lorsqu’il désigne ces 5% comme « la grande majorité des gabonais » !
Par ailleurs, à propos de la proposition du Chef de l’Etat d’un Conseil National de la Démocratie (CND) qui servirait de cadre formelle de la concertation politique, JABO propose que « tous les compatriotes, de quelque partis que ce soit et/ou issue de la société doivent y être conviés », comme pour reproduire au Gabon l’exemple de l’assemblée populaire des démocraties populaires ; du type de la Lybie de Mouammar Kadhafi ; il s’agirait là d’une hérésie qui ne correspond guère aux modèles de démocraties pratiqués par les pays développés et ceux qui recherchent à l’être.
Concernant la biométrie, JABO affirme que « le président Ali et son équipe trainent les pieds pour introduire la biométrie dans notre système électoral ». Et pourtant la biométrie est en passe d’être effective à la seconde élection sous l’ère Ali Bongo ; et à peine trois ans après son accession à la magistrature suprême. Rageur, JABO ajoute que le processus de biométrisation est « chaotique » et « loin de toute volonté de transparence » ; sur ce coup, l’homme n’est vraiment pas très honnête, quant on sait que les saisines de la Cour constitutionnelle par l’opposition ont souvent engendré des recommandations faites par la haute Cour au Gouvernement ; et que de plus, l’opposition est conviée dans des concertations avec le Gouvernement et la société choisie par l’Etat pour mettre en place la biométrie.
De plus, d’après JABO, « l’UFA relève pour le dénoncer avec rigueur, les manœuvres frauduleuses déjà engagées par les députés, sénateurs, et élus du PDG (Parti Démocratique Gabonais, au pouvoir) sur toute l’étendue du territoire national, visant à accueillir les inscriptions sur les listes électorales à partir des bordereaux d’identification, ceci sous le contrôle des autorités administratives locales ». En réalité JABO reproche aux élus PDG de sensibiliser et de mobiliser leurs militants sur les enjeux électoraux de cette année et la conduite militante et citoyenne à tenir. Ce qui est pourtant dans le rôle d’un parti, d’éduquer et instruire ses militants et sympathisants sur les opérations relatives aux scrutins. Mais, surtout, l’accusation d’inscriptions frauduleuses est tout bonnement inopérante sachant que les inscriptions sur les fichiers biométriques n’ont pas encore débuté et que la technologie de la biométrie vise à permettre justement d’éliminer les inscriptions frauduleuses éventuelles.
Enfin, JABO se réjouit de ce que l’UFA a obtenu son récépissé de reconnaissance, sans pour autant dire si oui ou non l’ex UN fait parti des partis politiques reconnus comme composant ce regroupement de partis. Cela n’est autre que la langue de bois du politicien. Car, il serait en effet étonnant que le Ministère de l’Intérieur qui avait exigé à l’UFC d’organiser leur célèbre meeting de rio à l’exclusion des membres de l’ex UN, ait pu reconnaitre l’ex UN dans l’UFA, sans courir le risque d’être auteur et complice de « l’inexécution de décisions judiciaires ou administratives devenues définitives » (article 185 du code pénal).
Né le 28 février 1938 à Libreville, Jules-Aristide Bourdes-Ogouliguende est un homme politique gabonais. Il est le président du Congrès pour la Démocratie et la Justice (CDJ), un parti d’opposition. Ancien baron du régime en place, il a été Ministre de 1976 à 1990 et fut le président de l’Assemblée nationale de 1990 à 1993. Il fut candidat à l’élection présidentielle anticipée de 2009, gagnée par Ali Bongo Ondimba, l’actuel Chef de l’Etat gabonais