Pour la première fois depuis le début de l’opération Serval et après les frappes aériennes, la France engage, aux côtés des militaires maliens, des troupes au sol vers l’ouest et la ville de Diabali, tombée aux mains des djihadistes.
Après la phrase aérienne, voici la phase terrestre. La France a, pour la première fois, engagé ce mardi des troupes au sol au Mali. Objectif: reprendre une localité de l’ouest, Diabali, tombée lundi aux mains des groupes islamistes armés.
C’est un tournant dans l’intervention militaire française Serval au Mali, après la campagne de bombardements aériens menée depuis vendredi. Plus de 800 soldats français sont d’ores et déjà déployés dans le pays.
Les chiffres de l’opération
1700 militaires au total dont:
800 sur le territoire malien
une quarantaine de blindés venus de Côte d’Ivoire
12 chasseurs Rafale et Mirage
5 avions ravitailleurs
2 avions de reconnaissance
2 groupements tactiques, Bamako et Mopti
1 satellite Pléiades 1B
« Plusieurs centaines de militaires maliens et français ont quitté Niono pour prendre Diabali » 50km plus au nord, ont témoigné un élu de la ville, un habitant et une source de sécurité malienne. « D’ici demain, nous allons reprendre Diabali avec les Français », a précisé celle-ci.
Depuis Bamako, un journaliste a également vu en fin d’après-midi une colonne d’une trentaine de véhicules blindés français quitter la capitale en direction du Nord.
Les djihadistes engagent un « retrait tactique »
Les moujahidines sont partis, ils ont vraiment peur
Dans le nord du Mali, contrôlé depuis neuf mois par les jihadistes, ceux-ci ont largement abandonné leurs fiefs. « Les moujahidines sont partis, ils ont vraiment peur », a noté un résident de Tombouctou. Mais pour le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), Senda Ould Boumama, il ne s’agit que d’un « retrait tactique ».
Dans les airs, la France poursuit ses frappes contre les combattants islamistes dans l’attente de l’arrivée de la force ouest-africaine. Paris a annoncé le déploiement à terme de 2500 soldats au Mali.
Diabali, à 400km au nord de Bamako, est tombée mardi aux mains de jihadistes, qui seraient commandés par un émir algérien d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Zeid, et qui avait été bombardée dans la nuit de lundi à mardi. Autre résistance inattendue, des combattants islamistes dans la ville de Konna, au centre, à 700km de la capitale, dont ils s’étaient emparé jeudi.
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a reconnu ce mardi que cette ville de Konna n’avait pas encore été reprise par l’armée malienne, contrairement à ce qu’avait indiqué samedi Bamako. La zone n’est pas accessible à des observateurs indépendants.
L’enthousiasme des résidents du nord du Mali
Le président François Hollande, en déplacement à Dubaï, a rappelé les trois buts de l’intervention militaire française: « Arrêter l’agression terroriste », « sécuriser Bamako » et permettre au Mali de préserver son « intégrité territoriale ».
La France n’a pas vocation à rester au Mali
« La France n’a pas vocation à rester au Mali mais nous avons un objectif, c’est de faire en sorte que lorsque nous partirons il y ait une sécurité au Mali, des autorités légitimes, un processus électoral et plus de terroristes », a-t-il souligné.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) doit former une force d’intervention de 3300 soldats contre les islamistes du Nord, conformément à une résolution de l’ONU. Baptisée Misma (pour Force internationale de soutien au Mali), cette unité sera dirigée par un général nigérian, Shehu Abdulkadir.
D’ici là, l’enthousiasme des résidents du nord du Mali a des échos dans tout le pays. Plusieurs médias maliens ont ainsi rapporté que des enfants nés ces derniers jours ont été prénommés « Hollande », du nom du président français. A Bamako, les commerçants ont même signalé mardi une « pénurie » de drapeaux français.
Mais le conflit est également fui par une partie de la population: le nombre de réfugiés chassés par les combats approche les 150 000 personnes dans les pays voisins, le nombre de personnes déplacées est proche de 230 000, selon l’ONU.
Avec AFP