Près de 20 000 fonctionnaires n’ont pas pu toucher leur paye le 25 du mois dernier. Alors que le quotidien L’Union insinuait l’incompétence des agents de la Solde dans le maniement d’un nouveau logiciel, nombreux parmi ceux-ci parlent plutôt d’une absence de liquidités dans les caisses du Trésor.
Sur 70 960 agents, près de 20 000 fonctionnaires n’ont pas été payés le vendredi 25 janvier dernier. Le lendemain, le billet satirique Makaya du quotidien L’Union a fustigé les agents du service de la Solde qui avaient changé le logiciel de gestion de tous les fonctionnaires et qui n’ont pas vérifié, à la fin du mois, que tout était au point. On a donc conclu à un bug informatique.
D’autant que le 24 janvier, à travers un communiqué, le ministère du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique a indiqué avoir procédé à une mise à jour des numéros de compte des agents publics payés par l’entremise des banques. De 11 caractères habituels, les numéros de leurs comptes sont passés à 23, afin de se conformer aux normes du système de règlement interbancaire (Systac). Le billet de L’Union a cependant mis en courroux les agents de la Solde. Approchés, nombreux d’entre eux ont parlé de mise en scène justificative alors qu’il était plutôt question d’un manque de trésorerie, l’argent ayant été affecté à une «urgence en haut lieu». De plus, interrogent bon nombre d’agents de la Solde, les banques étaient-elles également incompétentes quant à cette mise à jour informatique ?
C’est la deuxième fois depuis 2009 qu’une telle situation est enregistrée, toujours du fait, officieusement, d’une «urgence en haut lieu». La comptabilité publique fonctionne donc en flux tendu, doit-on comprendre. Il n’y aurait pas de réserve de trésorerie. Pour mémoire, le Pr Ondo Ossa, économiste, avait déclaré le 16 août 2009 qu’«au Gabon, il n’y a pas d’argent pour payer les fonctionnaires à la fin du mois». Un mois plus tard, les fonctionnaires éprouvèrent, durant tout un week-end, des difficultés pour entrer en possession de leurs salaires au guichet unique du Trésor public qui s’était trouvé en manque de liquidités. Fidèle Ntsissi, alors trésorier payeur général, rétorqua que la difficulté de payer ce mois-là les fonctionnaires au guichet du Trésor public était due à un manque de liquidité attribué à une panne d’électricité.
«Il y a pas de problèmes de trésorerie en ce qui concerne la paie des fonctionnaires», avait-il confirmé, ajoutant que «si on avait vraiment ces problèmes, il va de soi que nous n’aurions pas fait deux poids deux mesures. C’est à dire payer uniquement les fonctionnaires enregistrés par virement bancaire et non ceux utilisant nos guichets automatiques. Ce n’est pas possible». Les fonctionnaires furent finalement tous payés ce mois là, tout comme pour ce mois de janvier 2013. Les victimes du «bug» qui, cette fois-ci, étaient ceux payés par virement bancaire, ont été finalement payées avec cinq jours de retard.
