Remplaçant d’Henry Ohayon au poste de directeur général de l’Agence nationale des grands travaux (ANGT), Jim Dutton s’est livré aux questions du quotidien L’Union, le 6 février 2013. Il a été amené à aborder, notamment, le rôle de l’ANGT, les priorités du chef de l’État, les grands chantiers de l’émergence, leurs systèmes de financement ainsi que les motifs des retards dans l’exécution de certains de ces chantiers.
Se présentant à l’entame de cette interview, Jim Dutton indique qu’il est arrivé au Gabon en 2011, qu’il a été 37 ans durant dans la Royal Marines (unité d’élite de l’infanterie amphibie du Royaume-Uni) où il a été officier supérieur, il a travaillé pendant trois ans pour le compte de Bechtel qui l’a envoyé en Arabie Saoudite avant de le faire venir au Gabon.
S’il reconnait qu’il n’a pas une connaissance approfondie de l’Afrique et que le Gabon ne dispose pas des mêmes ressources financières que Dubaï ou le Quatar, Jim Dutton estime que Bechtel a tenu tout simplement à intégrer la vision du président Ali Bongo qui voulait un plan d’infrastructure pour le Gabon.
Invité à indiquer s’il a pris connaissance de quelques 100 projets contenus dans les classeurs de l’ANGT, le nouveau directeur général répond : «effectivement, nous sommes en train de revoir et d’améliorer certains projets avec les ministères concernés, notamment le ministère de la Promotion des investissements et des travaux publics». La question du logement a ensuite été largement abordée. D’autant plus qu’on est parti de 5 000 logements par an à 1 000 sur la même période et qu’à ce jour presque rien n’a été comptabilisé. «Il y a effectivement beaucoup de retard concernant la livraison de ces habitations… mais je peux vous dire que nous avons deux lotissements au niveau d’Angondjè où des entreprises procèdent à des fondations. Deux entreprises turques sont actuellement en train de monter des maisons sur ces fondations», a-t-il expliqué avant d’ajouter que d’ici là les «deux premiers lotissements pourront accueillir 700 et 800 maisons». De plus, l’ANGT souhaitant obtenir d’autres espaces constructibles, «le processus d’expropriation des terres est en cours», a-t-il indiqué.
Pour lui, plus de 1 000 maisons seront construits cette année, l’objectif étant d’étendre le projet à tout le Gabon. Quant à la qualité des logements que l’on dit construits avec des matériaux préfabriqués, Jim Dutton assure qu’ils sont durables. «Rassurez-vous ! Ces maisons ont été construites en prenant en considération le contexte climatique de Libreville. Les matériaux utilisés respectent l’environnement. Nous travaillons en étroite collaboration avec la fondation du prince de Galles», a-t-il expliqué.
La recherche des fonds pour tous ces projets ne relève cependant pas des prérogatives de l’ANGT, a relevé Jim Dutton, précisant que l’agence a quand même une responsabilité dans ce domaine. Toutefois, la recherche des financements pour tous ces chantiers est à la charge de l’Etat gabonais. Amené à décliner l’ordre des priorités, le nouveau patron de l’ANGT indique que le président Ali Bongo Ondimba a été clair. Il s’agit de l’école, l’hôpital, les routes et le logement. Il énumère également l’accès à l’eau et l’électricité.
Jim Dutton reconnait enfin que les critiques enregistrées sont justifiées. «Parfois, on a été critiqué et cela à juste titre. C’est souvent lié aux contrats que nous devions établir avec certaines entreprises. Cela a été pour beaucoup, à l’origine des retards constatés», a-t-il déclaré avant d’ajouter «Notre mission est de pouvoir réaliser de grands projets, et donc de grands travaux, conjointement en travaillant avec les ministères pour mettre en œuvre le Schéma national directeur».
Maxime Serge Mihindou du quotidien L’Union qui a mené cet entretien s’est sans doute refusé d’aborder les derniers murmures relayés par La Lettre du Continent, faisant état de quelques tensions entre Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet du président Ali Bongo, et Jim Dutton qui envisagerait de revoir certains contrats signés par son prédécesseur, Henri Ohayon. Notamment la pléiade de marchés obtenus par le groupe Olam.
S’agirait-il d’incompréhensions dues au fait que Dutton ne parle pas le français ? Amené justement à expliquer si cela ne lui pose pas de problème, l’ancien officier de la marine britannique, riant, a usé d’un humour subtilement anglais : «C’est vrai que le fait de ne pas parler français est un peu difficile. J’essaie d’apprendre le français depuis 50 ans. Et je crois que dans les prochaines années, mon français sera parfait». Et de préciser : «je comprend presque tout ce qui se dit en français. J’éprouve juste des difficultés pour m’exprimer de façon adéquate».