La Cour d’Appel de Libreville a rendu, le 7 février 2013, sa décision dans l’affaire dite «évènement de Cocotiers» au cours de son audience dérogatoire de droit commun initiée exclusivement sur l’aspect de violation des droits de l’Homme commise par l’ensemble de la chaîne pénale du Parquet à l’endroit des prisonniers dits «politiques du 15 août 2012».
Saisie le 31 janvier dernier à la satisfaction de l’avocate des prévenus en la personne de Maître Paulette Oyane Ondo, c’est ce 7 février 2013 que la Cour d’appel de Libreville a rendu son verdict sur ce qui s’apparente au premier procès exclusivement «dérogatoire du droit commun» et essentiellement orienté sur les violations des droits de l’Homme en terre gabonaise depuis l’indépendance.
Sur les violations référencées et démontrées par le Centre pour la démocratie et la défense des droits de l’homme (CDDH) présidée par Maître Paulette Oyane Ondo, la Cour a jugé primo, de libérer 4 prisonniers dont les noms ne figuraient même pas dans la décision de condamnation en première instance, et deuxio, d’organiser hors des délais de la procédure légale une audience d’appel à bride abattue pour le 14 février prochain, cette fois-ci sur le fond des chefs d’accusation allégués par le ministère public.
«En imaginant une telle gymnastique, en se livrant à ce tour de passe-passe éculé on pourrait accoler encore bien des épithètes, la Cour d’Appel vient de nous rappeler un postulat de base : contredire un régime dictatorial qui a décidé de triompher de ses adversaires politiques, en causant des préjudices graves à une infinité de personnes, est inacceptable», a déclaré Maître Oyane Ondo.
«La dictature n’admet pas que l’on démontre ses erreurs et qu’on mette à nu ses travers, c’est aussi grave qu’un blasphème pour un prêtre ou un pasteur. Dans un régime dictatorial comme le Gabon, l’important est que le régime ne perde jamais la face. Dans ces conditions, faire délibérément bon marché du b.a.ba de la mission du juge qui est d’équilibrer les passions, les influences et les intérêts, n’a pas d’importance» poursuit-elle.
«Face à ces archaïsmes qui sont tout à fait caractéristiques du Gabon et dont l’objectif, qui s’exprime confusément, est précisément de décourager et de désespérer, le CDDH garde son allure. Malgré les manœuvres souterraines et l’attitude défensive dans laquelle se sont vautrés les tenants du pouvoir, malgré les contorsions rhétoriques d’un syllogisme boiteux, malgré la mauvaise foi, le CDDH reste totalement déterminé à aller au bout de toutes les procédures dont il a connaissance et que les victimes des violations voudront bien lui soumettre», a rassuré Maître Paulette Oyane Ondo, avant de promettre, dans le cadre de cette affaire, et une fois que le fond sera définitivement jugé, de saisir tout naturellement cette fois-ci (en plus de sa saisine du Conseil) le Comité des droits de l’Homme de l’ONU en tant qu’organe judiciaire des Nations Unies, pour les violations en matière de droits de l’Homme.
À l’issue de ce chapitre judiciaire, qui vient d’annoncer l’ouverture prochaine du prochain avec l’organisation hors des délais de la procédure légale d’une audience d’appel pour le 14 février prochain, cette fois-ci sur le fond des chefs d’accusation allégués par le ministère public, l’avocate des prévenus ne semble pas prête à lâcher prise. «Il n’y a aucune place pour le découragement ou pour la désespérance. C’est incompatible avec notre philosophie, notre éthique de conviction et de responsabilité, et c’est tout bonnement contraire à nos missions», a-t-elle indiqué.