12 des 80 employés gabonais du groupe Schlumberger en grève à Port-Gentil depuis janvier, ont reçu une lettre de licenciement, le 30 janvier dernier. Une décision que l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) juge outrageuse et hors-la-loi, non sans dénoncer le silence coupable des forces publiques et indiquer des traces de corruption.
En grève depuis le 26 janvier 2013 à la suite d’un préavis arrivé légalement à terme après cinq jours, les employés de Schlumberger ont enregistré le licenciement de 12 d’entre eux, le 30 janvier dernier. La société parapétrolière s’est appuyée sur une décision rendue le 18 janvier 2013 par le Tribunal de Première Instance de Port-Gentil qui a déclaré illicite la grève déclenchée. Une démarche que l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) qualifie d’«outrage aux lois de la République gabonaise, au vu et su de l’administration qui reste silencieuse».
Les travailleurs Schlumberger ayant entrepris leur mouvement de grève sans se référer à l’Onep, cette organisation n’est finalement entrée dans le bal que par solidarité corporatiste. La grève s’étant effectuée hors du mouvement syndical, l’employeur avait donc saisi la justice qui a rendu ce verdict du 18 janvier. L’Onep a aussitôt introduit un recours en appel qui devrait, légalement, suspendre la prise de sanction, le nouveau délibéré du tribunal étant fixé au 26 février 2013.
Par ailleurs, il a été prouvé, à travers un exploit d’huissier établi le 28 janvier, que Schlumberger Gabon faisait venir des travailleurs expatriés en situation irrégulière pour remplacer numériquement les salariés grévistes à leurs postes. Ce qui, selon le secrétaire général adjoint de l’Onep, Hans Landry Ivala, joint au téléphone, n’est pas permis par le code du travail et constitue une entorse droit de grève qui permet à toute une personne employée de cesser le travail pour manifester un désaccord. «Le remplacement d’un travailleur en grève est interdit par la loi», a rappelé le syndicaliste.
Le membre de l’Onep indique également qu’une délégation de l’Inspection du travail, venue de Libreville pour arbitrage, se serait laissé corrompre. L’un des inspecteurs aurait encaissé 1,7 million de francs CFA et un autre 1,3 millions, selon les copies de chèques envoyées aux grévistes par des personnes anonymes solidaires de leurs revendications. Des preuves qui ont été rapportées au gouverneur de la province de l’Ogooué-Maritime, mais celui-ci est resté impassible. L’Onep qui s’indigne d’ailleurs de l’insensibilité des autorités face à tous ces abus, indique qu’elle va «se rapprocher de la base [ses militants – ndlr] pour voir ensemble ce qu’il faut faire». Un nouveau bras de fer en perspective.
A l’origine de la grève en cours se trouve le mécontentement de travailleurs face aux violations, par Schlumberger Gabon, des dispositions légales et réglementaires, le licenciement abusif, le non-paiement des heures supplémentaires effectuées sur site, le non-octroi des jours de récupération et le cumul des postes par les directeurs expatriés.