Le secrétaire général de Reporters Sans Frontières (RSF), Christophe Deloire, et le responsable Afrique de cette organisation, Ambroise Pierre, ont été reçus par le président Ali Bongo, le 8 février 2013, en présence du président du Conseil national de la communication, Guy-Bertrand Mapangou. Pour le moins francs, les échanges ont débouché sur l’invite de RSF à contribuer à la révision de la loi de 2001 portant Code de la Communication.
Une délégation de Reporters sans frontières (RSF) a effectué une mission de trois jours au Gabon. Reçu en audience par le président Ali Bongo, le 8 février, Christophe Deloire, secrétaire général de cette organisation de défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes, a demandé au président gabonais des «actes concrets» en faveur de la liberté de la presse.
Les officiels gabonais se réjouissent en effet de ce que le pays a gagné 12 places dans le dernier classement mondial de RSF, alors qu’un an auparavant il occupait 101e rang. En vérité, l’amélioration du score du Gabon tient au fait que la dernière distribution se base essentiellement sur l’existence, dans les pays examinés, de journalistes tués ou emprisonnés. Ce qu’a d’ailleurs rappelé le président Ali Bongo : «Je veille à ce que personne ne soit arrêté pour ses opinions. D’ailleurs, aucun journaliste n’est actuellement en prison», non sans déplorer «depuis trois ans des dérives qui nous inquiètent. En raison des difficultés économiques pour les journalistes, se développe un mercenariat de la plume. Le journalisme ne saurait se réduire à l’invective.»
Christophe Deloire et Ambroise Pierre, le responsable du bureau Afrique de RSF qui était de la rencontre, ont reconnu que «Le Gabon compte une presse diverse, plurielle, capable d’une grande liberté de ton. Néanmoins, des points noirs demeurent : pressions exercées sur les rédactions, subordination des organes de presse aux acteurs politiques de tous bords, fréquentes suspensions de médias par l’organe de régulation, caractère excessif des sanctions qui rendent les journalistes et les médias vulnérables face aux autorités, mépris des journalistes, entraves à l’accès à l’information, persistance d’une autocensure sur certains sujets.»
RSF a donc souhaité que le Gabon, «classé au 89e rang du classement mondial 2013 de la liberté de la presse, favorise tant l’exercice quotidien du journalisme que le cadre légal de la liberté de l’information, en abrogeant et remplaçant le code de la communication de 2001». Dans ce texte, la liberté de la presse est consacrée mais n’est pas garantie par une institution de la République, remarque l’ONG. La censure «constitue une violation des droits de l’Homme» mais elle n’est pas interdite. Des «cas prévus par la loi» peuvent la justifier. Les fonctions du Conseil national de la communication (CNC) ne sont pas suffisamment définies. La tutelle du ministre de la Communication sur les médias publics (pouvoir de nomination) est problématique.
Ali Bongo a de ce fait invité à RSF à formuler des recommandations, sous soixantaine, pour la révision du code de la communication de 2001. Mais, l’organisation souhaite l’abrogation du texte existant et la rédaction d’une nouvelle loi. «Les autorités gabonaises sollicitent Reporters sans frontières pour que, dans un délai de deux mois, une liste de recommandations soit fournie sur le projet de loi. Pour RSF, il est urgent de supprimer des délits de presse à la définition nébuleuse, d’introduire de la clarté dans l’application des délits tels que la diffamation et l’injure, de reconnaître l’existence de la presse électronique qui agit pour l’instant dans un vide juridique et de supprimer les peines de prison pour les délits commis par les acteurs de l’information dans l’exercice de leurs fonctions», lit-on dans le communiqué publié par RSF au terme de cette visite au Gabon.