Le procès intenté à La Lettre du Continent, par Me Joseph Cheunet, avocat personnellement commis par Mme Gondjout, a été prescrit le 22 janvier dernier par la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris. Ce qui suscite tout de même quelques interrogations.
Maurice Botbol, Francis Soler et Frédéric Lejeal, sociétaires et dirigeants de La Lettre du Continent, peuvent donc dormir tranquilles. Leur discrète lettre d’information a indiqué, il y a quelques jours, la prescription du procès qui leur avait été intenté par Laure Olga Gondjout, secrétaire général de la présidence de la République, le 2 février 2012. «La plainte en diffamation […] a été déclarée prescrite. Le tribunal de la 17e chambre du TGI de Paris s’est prononcé le 22 janvier», indique La Lettre du Continent.
Le média confidentiel ne peut donc plus être poursuivi ou alors la plainte n’aurait aucune chance d’aboutir. La loi française dispose en effet, en matière de diffamation, que l’action publique se prescrit au terme d’un délai de 3 mois à compter de la date de publication des allégations diffamatoires.
Pour rappel, il était reproché à La Lettre du Continent d’avoir écrit qu’Ali Bongo avait reçu un questionnaire de la part de Xavier Harel et Thomas Hofnung, auteurs du livre «Le scandale des biens mal acquis – Enquête sur les milliards envolés de la Françafrique». Plus précisément, Laure Olga Gondjout avait été citée comme l’une des destinataires intermédiaires d’un questionnaire établi par les deux journalistes en vue de savoir «entre autres, le montant du salaire d’Ali Bongo et la façon dont le chef de l’Etat pouvait justifier l’acquisition de certains biens, en France» (in La Lettre du Continent n°629). Pour Me Joseph Cheunet, avocat alors commis personnellement par Mme Gondjout, «Les allégations contenues dans cet article ont pour objet de diluer/dissoudre le lien social entre les citoyens gabonais et leurs dirigeants, en suscitant au besoin la fronde des premiers vis-à-vis des seconds.»
Si tout est bien qui fini bien pour une plainte qui pouvait avoir des effets pervers en termes de retentissement médiatique, on doit tout de même se demander pourquoi Me Joseph Cheunet n’avait-il pas activé la procédure dans les délais requis ? Madame Gondjout lui aurait-elle demandé de laisser tomber ? De plus, pourquoi celle-ci n’avait-elle pas commis le duo Patrick Maisonneuve et Georges Arama, avocats d’Ali Bongo dans la plainte contre Yannick Jadot, l’ancien porte-parole d’Eva Joly, également attaqué en diffamation et injure par le président gabonais, en juillet 2011 ?
Par ailleurs, l’évêque Mike Jocktane, ancien directeur de cabinet adjoint de feu le président Omar Bongo passé à l’opposition, qui avait témoigné dans ce livre, «Le scandale des biens mal acquis – Enquête sur les milliards envolés de la Françafrique», avait également écopé d’une action en justice menée par Me Francis Nkéa, alors représentant de la présidence gabonaise et du trésor public gabonais. Ne devrait-on pas également lever le pied sur cette plainte ? L’évêque pentecôtiste semble pourtant en être encore inquiété : le 1er janvier 2013, il a été interdit de sortir du territoire gabonais. Pourquoi donc laisser tomber la poursuite judiciaire contre certains et pas sur les nationaux ?