Le 29 mai 2012, sur les antennes de Gabon Télévision, le Gabon annonçait l’ouverture d’une vaste opération de régularisation de ses sans-papiers. La période du 4 juin au 2 septembre 2012 fut consacrée à l’enregistrement des dossiers par la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI) et la remise des récépissés aux demandeurs de cartes de séjours. Depuis le jeudi 21 février 2013, c’est le début de la délivrance de ce «précieux sésame» à ceux qui répondent aux critères. Promesse tenue !
Avant d’en arriver à cette dernière phase, il s’en était suivi un long silence jusqu’à la sortie, le mercredi 28 novembre 2012, du ministre de l’Intérieur, Jean François Ndongou qui, lors d’une tournée dans des unités des forces de polices, avait indiqué que 50 000 dossiers avaient été reçus et étaient en cours d’examen par une trentaine de personnes. Toute chose qui laissaient dire à de nombreuses personnes qui avaient fait la demande que cette «opération n’était qu’un effet d’annonce».
Le temps s’écoulait et aucune voix officielle ne donnait de suites à cette affaire qui concerne la grande majorité des étrangers qui résident en situation irrégulière au Gabon. Au calme plat qui avait régné jusque-là, un communiqué paru le mardi 5 février 2013 dans les quotidiens nationaux est venu leur apporter une lueur d’espoir. Alors que les nombreuses personnes en situation irrégulière qui avaient envahi les services de la DGDI étaient encore dans l’expectative, elles ont été informées par ce communiqué qu’elles seraint bientôt convoquées nominativement pour la régularisation promise.
C’est donc cette dernière phase qui a débuté depuis le jeudi 21 février 2013. Une liste est d’abord parue dans l’un des quotidiens nationaux invitant ceux dont les noms y figuraient à se rendre à la DGDI pour se faire établir leur titre de séjour. Le samedi 23 février 2013, un jeune malien qui est arrivé au Gabon il y a près qu’un an se voyait établir ce papier dans le plus bref délai. «Je suis entré au Cedoc (Ndlr : ancien nom de la DGDI) à huit heures. Avant dix heures, j’étais déjà sorti avec ma carte de séjour. Je ne pensais pas que j’allais l’avoir un jour», a-t-il dit jouissif et sautillant presque de joie.
Comme lui, Béninois, Ghanéens, Sénégalais, Camerounais, Tchadiens, Burkinabè, entre autres, qui sortaient de la DGDI avec ce précieux document à la main remerciaient les autorités gabonaises «pour n’avoir pas menti». «On a raconté trop de choses sur cette opération. Beaucoup de gens voulaient maintenant en profiter pour nous escroquer. Mais Dieu est grand. Le gouvernement gabonais a tenu sa promesse. J’ai ma carte de séjour en passant par la voie normale. Je ne peux pas oublier ce jour», a déclaré un ressortissant camerounais, aussi heureux et dandinant qu’un enfant qui venait de recevoir son premier jouet.
La vérité est que cette opération qui a débuté et qui se poursuivra jusqu’à la liquidation de tous les dossiers retenus a été couverte de toutes sortes de nuages. Les uns se sont même dit qu’il s’agissait d’avoir les identités des sans-papiers pour les rapatrier facilement, tandis que d’autres craignaient qu’il ne s’agisse, ni plus ni moins, que d’un coup médiatique du Gabon pour améliorer son image sur le traitement des étrangers sur son sol. La réalité s ‘avère plus simple : le ministère de l’Intérieur a encore une communication qui frise l’archaïsme.
Toujours est-il que la promesse est tenue. Même si les coûts restent très élevés, notamment en ce qui concerne les ressortissants de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), il n’en demeure pas moins que beaucoup préfèrent être en règle et échapper aux forces de l‘ordre qui parfois font souvent de l’excès de zèle, on peut même parler d’abus d’autorité pour certains, lorsque la carte de séjour n’est pas présentée lors d’un contrôle.
