Alors que les enseignants membres de la Convention nationale des syndicats de l’éducation nationale (Conasysed) observent, depuis le lundi 25 février, une grève d’avertissement de trois jours en vue de bousculer le gouvernement avec lequel des négociations ont été entamées, on apprend que de nombreuses recrues, récemment affectés, se retrouvent sans présalaire ni toit pour dormir dans leur lieu d’affectation.
Le ministère de l’Éducation nationale a publié, le 30 janvier 2013, une liste affectant les nouveaux enseignants formés à l’École normale supérieure (ENS) vers leurs lieux de travail. Beaucoup d’entre eux sont allés prendre leur service dans les différentes régions du pays où ils été envoyés. Presque toutes les villes et villages du Gabon (Port-Gentil, Makokou, Booué, Pana, Moanda, Franceville, Bitam) ont ainsi vu débarqué de jeunes enseignants devant officier dans le primaire et le secondaire.
Si au moment de ces affectations, il leur a été signifié qu’ils n’auront les salaires qu’en mars prochain, ils n’attendaient pas moins de l’État des dispositions d’accompagnement pour tenir le temps nécessaire. Or, selon de nombreux témoignages, ils sont pour la plupart abandonnés à leur propre sort. «Beaucoup d’enseignants sont de retour à Libreville parce que les conditions de vie sont difficiles sans salaire et sans lieu d’habitation en province», indique un enseignant sous le couvert de l’anonymat.
«Je suis affecté sans salaire et en plus à Port-Gentil. Je me suis déplacé à mes frais. C’est un coin où la vie est très chère. Juste des affectations, pas de salaire, pas de lieu d’habitation. Ce n’est pas normal !», a déclaré un autre.
Depuis quelque temps une grève se profile sur le secteur éducatif national, si les négociations avec les mouvements syndicaux n’aboutissent pas. Le problème de ces nouveaux affectés risque donc d’alimenter la tension déjà existante. Ces enseignants estiment qu’il aurait été nécessaire de leur trouver, en attendant, un présalaire et un logement leur permettant de «manger et dormir». «Nous voulons juste le minimum», a lancé un enseignant de Port-Gentil avant d’ajouter : «ils n’auraient pas dû nous couper la bourse de l’ENS».
Au-delà, ces jeunes enseignants estiment que les autorités du ministère de l’Éducation nationale ne savent pas ce qu’ils veulent. «Il y a trop de choses qui sont dites et rien n’est fait. Ils sont dans les contradictions et nous ne savons pas finalement s’ils vont nous prendre en compte pour la Pife (Ndlr : Prime d’incitation à la fonction enseignante) en mai».