Alors que des sources proches du ministère de la Justice annonçaient la tenue d’un conseil supérieur extraordinaire de la magistrature le 26 février, après 20 ans de léthargie, c’est finalement un simple conseil supérieur de la magistrature qui a eu lieu, présidé par Ali Bongo Ondimba, président du conseil supérieur de la magistrature.
Un conseil supérieur extraordinaire de la magistrature aurait pourtant été capital face au le contexte actuel, marqué par le recrudescence des crimes dits rituels, l’impunité insolente de certains concitoyens et l’enregistrement de nombreux manquements au sein de l’appareil judiciaire. Autant de dysfonctionnements qui font douter les citoyens du système judiciaire et pourraient déboucher sur la justice populaire avec son cortège de conséquences catastrophiques.
Qu’à cela ne tienne, plusieurs points non moins importants ont été abordés lors de ces assises. Tout de même, Ali Bongo a exhorté d’entrée «le ministre de la Justice qu’il lui appartient de mobiliser l’administration judiciaire du sommet à la base en vue de mettre en œuvre le défi de l’État de droit qu’il a placé au cœur de son action pour un Gabon émergent», non sans appeler «les magistrats à impulser une dynamique de nature à leur permettre de hisser la rigueur et la responsabilité au rang de préoccupation majeure et primordiale dans l’accomplissement de leur mission, au risque de perdre toute crédibilité vis-à-vis des justiciables».
Échaudé par l’affaire du trafic d’enfant à Minvoul, le président du conseil supérieur de la magistrature, Ali Bongo, a invité le ministre Garde des Sceaux à mettre en place le conseil de prévention et de lutte contre le trafic d’enfants. A cet égard, il a exigé que «tous les dossiers de trafic d’enfants et de crimes de sang soient traités avec la plus grande diligence et le professionnalisme nécessaire, sous réserve des obligations légales d’enquêtes ou d’instructions éventuelles, et que lui soient transmis, par voie hiérarchique et dans les délais les plus raisonnables, des rapports d’enquêtes fructueux au sujet du trafic d’enfants, depuis le lancement de l’opération «Bana» en décembre 2010».
Dans le même sens, le chef de l’État a instruit le ministre de la Justice de lui «rendre impérativement compte du traitement diligent apporté par les juridictions au traitement de ces dossiers».
Sur un tout autre plan, Ali Bongo a haussé le ton face aux «cas de résistance de certains procureurs aux instructions écrites émanant de la Chancellerie», fustigeant et jugeant «inacceptables et intolérables ces comportements que rien ne peut justifier». Des traductions en conseil de discipline des coupables de ces comportements sont prévues.
Par ailleurs, le président gabonais a félicité l’ensemble des magistrats pour la qualité du travail accompli pendant les sessions criminelles, dont le rapport à mi-parcours a été présenté au conseil de la magistrature par le ministre de la Justice. Au total, les cours d’appel judiciaire de Libreville, de Franceville et de Port-Gentil «ont jugé 348 affaires enrôlées, alors que le passif pour l’ensemble desdites juridictions est de 289 affaires».