A quelques jours de l’élection du président de la Fegafoot, les Panthernautes, ces nouveaux supporters exigeants de l’équipe nationale, publient un rapport accusatoire et sévère sur la gestion calamiteuse de la Fédération gabonaise de football.
Après des mois d’enquête rigoureuse, dont la rédaction de gabonreview peut attester puisque l’association Les Panthernautes a eu la gentillesse de nous tenir informés tout du long de son avancée, le site des supporters du football gabonais dénonce les manquements avérés des équipes dirigeantes de la Fegafoot depuis 2003 et s’étonne de l’utilisation désastreuse de l’argent mis à leur disposition.
«En octobre 2003, sur financement de la Fifa, le Gabon s’est vu octroyer des fonds pour la construction d’un centre d’entrainement ultramoderne pour les équipes nationales de football. Ce centre, dont l’implantation avait premièrement été pensée dans la ville de Souba (Haut Ogooué) a été délocalisé à Bikélé (Estuaire) pour les facilités que la zone offre, car à quelques encablures de Libreville, donc facile d’accès pour les déplacements des sélections. De plus, c’est une solution qui devait permettre à l’État gabonais de faire des économies sur les dépenses liées au logement et à la restauration des sélections nationales. La révolution gabonaise qui devait conduire le football gabonais dans le modernisme serra brusquement interrompue par les forces de l’inertie. Voilà 9 ans que ce centre d’entraînement, dont le génie militaire gabonais était le maitre d’œuvre, n’a toujours pas vu le jour.» Le ton est donné.
Arrivé en 2004 à la tête de la Fédération gabonaise de football, Léon Ababé avait en charge, entre autres, l’édification de ce centre d’entraînement initié par son prédécesseur, Placide Dieudonné Engandzas, contrairement d’ailleurs à ce qu’annonçait, en 2006, un communiqué de la Fegafoot attribuant l’initiative du projet à son nouveau président. Las, en novembre 2011, rien n’était toujours sorti de terre, mais un autre communiqué de la fegafoot annonçait la livraison des travaux 45 jours plus tard, soit la mi-janvier 2012, juste avant le lancement de la CAN 2012. Promesse difficile à tenir dans la mesure où le délai semblait véritablement trop court. D’ailleurs rien ne sera prêt pour la CAN, pas plus d’ailleurs qu’il n’existe encore aujourd’hui. Ce communiqué du 4 décembre 2011 avance par ailleurs des chiffres assez farfelus : «La Fegafoot avance le montant de 203 000 dollars américains (155 millions F CFA) comme montant total du financement de la FIFA. Le montant exact attribué à chaque projet Goal de cette envergure est de 500 000 dollars américains (250 millions de F CFA – 400 000 dollars pour la construction proprement dite et 100 000 dollars pour le mobilier du futur centre). A écouter la déclaration de la partie gabonaise, il ressort que la Fifa aurait volontairement délesté le budget du centre du Gabon d’environ 60% et ce, sans explication, sans aucune explication» remarque le site des Panthernautes.
Le centre n’étant toujours pas opérationnel, les supporters s’interrogent : «Depuis donc bientôt un an supplémentaire, on a toujours pas vu le centre d’entrainement livré comme promis. Que s’est il passé ? où est passé l’argent ? Mystère à la gabonaise pour ne pas dire : mammouth blanc ! Nous avons, par courrier, pris contact avec la fédération internationale de football qui, dans une réponse le 14 janvier dernier, nous affirmait ne rien comprendre au mode de fonctionnement des gestionnaires gabonais. La Fifa nous a annoncé une visite dans les tous prochains jours pour vérifier le centre de Bikélé.»
Le bus de la Fegafoot abandonné © Panthernautes
Comme si cela ne suffisait pas, l’association se demande où sont passés 100 000 dollars (50 millions de F CFA) alloués, eux aussi, par la Fifa destinés à l’achat d’un bus pour le transport des Panthères au Gabon. Là encore, une enquête de terrain au Gabon puis en France a révélé ce qui semble bien être une véritable escroquerie. «Notre enquête nous a permis de mettre la main sur les documents d’immatriculation de ce bus qui a été mis en circulation le 5 janvier 1994 et qui au moment de son achat totalisait près d’un million de kilomètres au compteur ! Notre enquête nous a conduit dans la région de Rouen, dans un cimetière automobile qui a fait le miracle, au nom de Léon Ababé, de ressusciter pour la partie gabonaise ce vieux tas de ferraille. Ce bus portait, au moment de son achat, une mention importante : Interdiction de circuler en France. Toutes les factures de ce bus (en notre possession) portent le nom de Leon Ababé, président de la Fédération gabonaise de football. L’autre élément important dans ce volet du dossier nous a permis de savoir que cette même Fegafoot avait demandé et obtenu de la CAF un financement pour également s’acheter un bus. Mieux, du côté du Caire (Égypte), au siège de la CAF, on a même pensé que le bus que venait d’acheter la Fegafoot l’avait été sur les financements débloqués par l’instance continentale. Voilà une belle preuve de supercherie. Qui de la CAF ou de la Fifa a offert le bus à la fédération gabonaise ? Seul Leon Ababé, et sans doute l’éternel secrétaire général de la fédération, Barthélémy Bouassa Moussadji, ont la réponse à cette interrogation.»
Suite a ces découvertes, l’association les Panthernautes a envoyé une correspondance le 26 décembre 2012 à Zurich (Suisse) au siège de la Fifa, à l’attention de Jérôme Valcke, Secrétaire Général de l’institution. Ils souhaitaient par cette saisine obtenir de la part de l’instance mondiale de football des explications sur le non-aboutissement de projets dont elle a été le principal soutien financier. «Le 14 janvier 2013, au nom du secrétaire général de la FIFA, le chef du Bureau de développement de la Fifa pour le compte de l’Afrique centrale (bureau basé à Yaoundé-Cameroun) a répondu au Panthernautes. (…) Il faut dire que le projet Gabon a été géré par le bureau de Yaoundé et après réception de notre lettre, la Suisse a transmis nos interrogations au Cameroun. Nous apprenons malheureusement que Manga Onguéné a été débarqué de la FIFA pour malversation financière, ce même monsieur qui a géré le projet avec Ababé il y a quelques années. Le bureau de Yaoundé, au lieu de répondre à nos interrogations s’est contenté de nier l’évidence.» D’après le bureau du Cameroun, la Fifa n’a jamais donné d’argent au Gabon pour acheter un bus. Fâcheusement les Panthernautes disposent de documents qui attestent le virement bancaire exécuté par la Fifa (33 488 euros soit 22 millions de F CFA) pour le compte du Gabon, dans une banque française et au bénéfice d’un concessionnaire français.
Peu confiante dans les rouages et somnolences opportunes de la justice gabonaise, l’association les Panthernautes a remis le dossier entre les mains d’un avocat helvétique spécialisé dans les affaires concernant le football afin de donner une suite judiciaire en Suisse, siège de la Fifa, à cette enquête.
