Les bourses d’études des stagiaires pilotes Gabonais en France sont l’objet d’un rodéo financier qui met bien souvent en péril leur apprentissage. L’Agence nationale des bourses du Gabon fait preuve de laxisme à ce sujet.
Malgré qu’il ne dispose pas d’une compagnie aérienne nationale pour le moment, l’État gabonais alloue, chaque année, d’importants budgets à la formation de pilote de ligne. Mais ces fonds disparaissent bien souvent sans le moindre envoi de stagiaires pilotes en formation, à l’instar de l’année 2012 où 237,8 millions de francs ont été alloués alors qu’aucun étudiant n’a été affecté à une école de pilotage.
Lorsque des stagiaires sont envoyés, les gestionnaires de l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) s’arrangent pour suspendre ou supprimer, arbitrairement, la bourse de certains stagiaires, même en cas de bons résultats, afin de récupérer le budget de vol alloué à l’étudiant. Bertrand Mabhyala et M.M. qui a requis l’anonymat, deux jeunes gabonais étudiant le pilotage en France, l’ont découvert à leurs dépens. D’après le premier d’entre eux, alors que la totalité de ses frais de formation, 54 000 euros (35 millions de francs CFA environ), ont été payés dès octobre 2011, il a été retardé pour des motifs fallacieux par les dirigeants de Gilles Polomé Aviation, l’école de pilotage qu’il fréquente à Valenciennes (France). L’objectif étant de lui faire perdre ses crédits de vols, de le décourager afin que les financiers de l’ANBG viennent, par derrière, récupérer les frais d’études non utilisés et se les partager avec les dirigeants de l’école.
Même scénario pour M.M., inscrit à l’École de pilotage Amaury de la Grange (Epag), qui a perdu le bénéfice de son module de pilote de ligne théorique, le PDG de l’Epag lui ayant signifié, en novembre 2010, qu’il n’y avait plus d’argent pour la suite de sa formation. Pourtant, le Gabon disposait encore, en avril 2011, de plus de 85 000 euros d’avoirs dans cette école et le module de M.M. ne nécessitait que 40 000 euros. Venu au Gabon pour s’enquérir auprès de l’ANBG, M.M. n’est plus jamais retourné à ses études et a fini par abandonner son ambition de devenir pilote. Il travaille depuis dans un tout autre secteur.
Sans doute très occupées, les autorités gabonaises de l’ANBG, saisies par les élèves-pilotes, tardent à envoyer le commandant Serge Deacken, l’expert pilote de ligne chargé du suivi des élèves-pilotes gabonais, pour régler le problème. L’École de pilotage Amaury de la Grange est actuellement en liquidation judiciaire alors que Marc M. y dispose encore de 49 000 euros et que l’autorité française en charge des écoles de pilotage à la direction générale de l’aviation civile (DGAC), demande aux Gabonais de changer d’école. Laxisme volontaire ou gaspillage par laxisme ? Le 30 décembre dernier, un étudiant concerné par cette situation a écrit au Premier ministre, Raymond Ndong Sima, une longue lettre très documentée avec ampliation au président de l’Assemblée nationale, en vue de solliciter leur intercession. Il n’a jamais reçu de réponse. Où irons donc les 237,86 millions de francs inscrits dans la loi des finances de cette année ?