Une jeune fille d’une quinzaine d’années a été découverte pendue, abusée sexuellement, un tuyau de plomberie introduit dans ses parties génitales. Un crime barbare de plus et peut-être un de trop pour la population choquée qui ne comprend pas l’indigence des enquêtes de police.
Aux environs de 2h30 du matin, un gendarme en poste de surveillance au carrefour STFO a fait une découverte terrible derrière un terrain privé abritant un bar, alors qu’il s’y rendait dans le but de se soulager. Une jeune fille âgée de 15 ans environ, dénudée, le cou entouré d’un tissu blanc faisant logiquement penser qu’elle avait été pendue ou étranglée, un long tuyau de plomberie fiché dans ses parties génitales.
Le viol atroce, ainsi que le rapporte le quotidien L’Union, se serait déroulé dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 mars, dans le 3e arrondissement de Libreville, sous une pluie battante, aux abords d’une maison de trois chambres abritant un bar. Selon la femme qui, au lever du jour, a répondu aux journalistes et aux agents de police venus l’interroger sur la malheureuse affaire, les autres membres de la famille occupant la maison étaient à la veillée funéraire d’un de leurs proches au moment des faits. De son côté, sous l’effet des médicaments qu’elle doit prendre et de la pluie abondante cette nuit-là, elle n’avait rien entendu de ce qui se déroulait à l’extérieur.
L’explosion inacceptable du nombre de viols au Gabon
Ce énième cas de viol, avec tortures et mise en scène macabre illustre s’est déroulé dans la nuit amenant à la journée de la lutte contre les violences faites aux femmes. Un comble, mais aussi un symbole particulièrement révoltant pour la population gabonaise. Les autorités judiciaires, qui ont été informées par les riverains du quartier STFO, ont promis de faire la lumière sur ce drame sans pour autant convaincre quiconque. Rien n’est fait pour renforcer la sécurité des citoyens, et certainement pas la présence d’un police plus disposée à rançonner les automobilistes qu’à sécuriser les zones dangereuses. Quant aux enquêtes, elles semblent ne jamais aboutir faute de motivation, ou peut-être de compétence de la part de la police, en souhaitant qu’il ne s’agisse pas, une fois de plus, de fermer les yeux contre argent sonnant et trébuchant.
Ce meurtre, à connotation sexuelle évidente, perpétré pendant la célébration de la journée internationale de la femme, vient jeter le doute sur les différentes stratégies, annoncées avec force communication, dont l’objectif est d’assurer la sécurité de la femme, celle de cette adolescente en l’occurrence. Un silence et un immobilisme que le discours de Michelle Bachelet, la directrice exécutive de l’organisation des Nations Unis pour les femmes (ONU Femmes) n’a pas manqué de relever le 8 mars, en scandant haut et fort: «Nous disons que trop c’est trop […] Une promesse est une promesse».
Ni sensibilisation, ni travail d’enquête réel
Les Gabonais attendent donc que les autorités responsables de leur sécurité prennent à bras le corps ce phénomène d’agressions sexuelles dont la fréquence et la violence semblent augmenter d’années en années. Avec ce nouveau meurtre, le nombre de victimes ayant subi un sort semblable s’élève désormais à 7 depuis 2010. Cela mériterait, pour le moins, une campagne d’avertissement et de sensibilisation auprès des adolescentes du pays.
Mais si ces actes de violence inhumains dont la jeune fille a été victime à STFO viennent cruellement rappeler l’inefficacité des différentes enquêtes ouvertes depuis de nombreux mois, voire des années, ainsi qu’une absence de réaction choquante de l’institution judiciaire, la question de la responsabilité et de l’autorité des adultes est aussi soulevée. La fréquentation des bistrots, boîtes de nuit et autres lieux publics à des heures tardives par des mineurs, la consommation excessive d’alcool leur ôtant toute réserve, sans réaction des parents, des tenanciers ou des clients, est la conséquence d’un manque flagrant de responsabilité, et sans doute, également, la conséquence de la pauvreté qui sévit dans une bonne partie de la population gabonaise.
Quoi qu’il en soit, devant autant d’indifférence et de laisser aller de la part de tous ceux qui pourraient éviter que de tels drames se reproduisent, la principale réaction qui se manifeste est la colère. Une colère qui risque de déborder du cadre légal, si l’inaction de l’État et l’impunité perdurent face à la mort tragique d’adolescentes.