Alors que l’entreprise change à peine de directeur général, les manageurs de la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag) ont obtenu la suspension de la grève lancée le 11 mars, dans un contexte marqué par un décès sur le chantier de réfection des zones instables du chemin de fer.
La grève lancée le lundi 11 mars au sein de la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag) par un regroupement de huit petits syndicats qui se dénomment «G8», a été désamorcée le mardi 12 mars au terme de négociations ayant pratiquement duré toute la journée. La direction générale de l’entreprise a donné des réponses favorables aux préalables posés par les syndiqués pour suspendre leur mouvement d’humeur.
Les négociations vont donc se poursuivre dès ce mercredi 13 mars en vue de l’élaboration d’un protocole visant l’épuration des revendications. Celles-ci portaient, entre autres, sur les avancements automatiques bloqués depuis 2005, le reclassement du personnel au cas par cas, le positionnement des agents sans fonction, l’harmonisation des salaires et surtout la rétrocession par la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) du service d’entretien de la voie ferrée.
Cette grogne du personnel qui n’aura pas été suivi tant que cela et a bénéficié d’un service minimum, survient dans un contexte marqué par des changements au sommet de l’entreprise ferroviaire. En effet, à l’issue de son conseil d’administration, le 28 février dernier, Henri Jobin, jusque-là directeur général de la Setrag, a présenté sa démission, consécutive à des insuffisances managériales, notamment marquées par une baisse des résultats financiers et du trafic minier pour 8 %.
Des résultats qui poussent certains cadres de l’entreprise à se demander si l’éviction de Marcel Abéké, en septembre 2011, n’était pas une mauvaise opération. Les options de Jean Fabre, qui l’a remplacé à la tête de Comilog, n’ayant visiblement pas été productives deux ans après. Henri Jobin a donc été remplacé par le polytechnicien Guillaume Verschaeve, directeur industriel à la division mines d’Eramet depuis 2010. La rénovation de la ligne de chemin de fer, l’acquisition de matériel neuf et l’amélioration de l’exploitation comptent parmi les challenges qui l’attendent au Gabon. Des sources concordantes au sein de l’entreprise indiquent qu’il s’est montré percutant lors des négociations avec le «G8», les problèmes traités étant connus de longue date au sein du groupe.
Le ciel n’était pourtant pas vraiment bleu à l’entame de ses nouvelles missions. On note en effet de mauvaises nouvelles sur le chantier, en cours, de la remise en état de 47 zones instables sur la voie ferrée : l’entreprise française Steurbaut Forage qui y travaille a enregistré le décès, le 10 mars à la polyclinique El Rapha de Libreville, de l’un de ses ingénieurs, foudroyé par le paludisme. La grogne des travailleurs a été circonscrite et une convention collective devrait être adoptée à l’issue de ce nouveau round de négociations. On se demande tout de même si cette grève ne s’inscrit pas dans un mouvement général de contestation à travers le pays, orchestré par quelques tireurs de ficelles tapis dans l’ombre ?