La 14e édition du classement des 500 premières entreprises africaines, publié en hors-série par l’hebdomadaire Jeune Afrique, devrait pousser le Gabon à un peu de modestie et à une relativisation systématique. Car, rendues à l’échelon continental, les entreprises qu’on y présente comme des mastodontes ne le sont plus du tout, le pays ne compte qu’une seule entreprise dans le top 100.
La presse gabonaise ayant épluché le dernier classement des 500 premières entreprises publié par le journal panafricain Jeune Afrique, se réjouit de ce qu’une dizaine d’entreprises exerçant au Gabon figure dans ce top 500. Il est cependant presque incongru de ne pas souligner que la plus grande entreprise implantée sur les terres du 4e producteur africain de pétrole arrive à la fin du premier quart du tableau. Total Gabon occupe en effet le 96e rang, alors que la Société nationale de raffinage du Cameroun (Sonara) et la Société nationale des hydrocarbures, entreprises du Cameroun –un petit producteur pétrolier- occupent respectivement la 76e et la 83e place. Ce qui s’explique tout simplement par l’importance du marché intérieur camerounais. D’ailleurs ce pays représente 25% du PIB de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) lorsque cet agrégat n’est que de 15% pour le Gabon, pays qui ne loge qu’une seule entreprise dans le top 100 de ce nouveau classement Jeune Afrique.
Après Total Gabon viennent, en effet, Shell Gabon (116e), Sogara (155e), Comilog (184e) et Maurel & Prom qui se logent respectivement 4e, 5e, 6e et 8e dans le classement des 70 premières entreprises d’Afrique centrale, pour n’en rester qu’au top 10. Il est à faire remarquer qu’en dehors de Sogara, le destin et les stratégies de ces plus grandes entreprises gabonaises se décident dans des métropoles étrangères, l’État gabonais n’y disposant souvent que d’un quart des parts ou ne bénéficiant que d’un contrat de partage de production dans ces entreprises. Le secteur pétrolier et les mines qui représentent respectivement 48% et 4 % du PIB, trustent ces cinq plus grosses entreprises.
Viennent ensuite, la SEEG (376e entreprise africaine et 16e d’Afrique centrale), Airtel Gabon (430e entreprise africaine et 18e d’Afrique centrale), la Compagnie du Komo (438e entreprise africaine et 19e d’Afrique centrale), Total Marketing (440e entreprise africaine et 20e d’Afrique centrale), la Sobraga (451e entreprise africaine et 21e d’Afrique centrale).
Le Gabon reste un petit pays avec de petites entreprises
Le reste des grandes structures gabonaises ne figurent pas parmi les 500 premières entreprises africaines et ne figurent que dans le classement de la sous-région Cemac : Socoba-EDTPL (27e entreprise d’Afrique centrale), Petro Gabon (31e entreprise d’Afrique centrale), CFA Gabon (33e entreprise d’Afrique centrale), Gabon Telecom (27e entreprise d’Afrique centrale), Rougier Océan Gabon (48e entreprise d’Afrique centrale), Siat Gabon (50e entreprise d’Afrique centrale). On passera sur Libertis (51e d’Afrique centrale), SDV Bolloré (53e d’Afrique centrale), SNBG (54e d’Afrique centrale), Setrag (55e d’Afrique centrale), Colas (56e d’Afrique centrale), Société alimentaire de la Nomba (59e d’Afrique centrale), Toyota Gabon (63e d’Afrique centrale), Engen Gabon (64e d’Afrique centrale), CFAO Motors (65e d’Afrique centrale), la société d’aconage, de transport et manutention (68e d’Afrique centrale) et CimGabon, 70e entreprise d’Afrique centrale et dernière de ce classement qui prend 2011 pour l’année de référence.
Si Jeune Afrique rappelle que «Quand l’appétit va, tout va», on notera qu’au classement par secteur qui prend en compte 100 entreprises, il n’est nulle part question du Gabon dans la rubrique Agrobusiness. Le singapourien Olam figure pourtant à la 20e place du classement pour le compte du Nigéria et à la 56e place pour le compte du Ghana. Dans la rubrique Boissons, la Sobraga occupe 18e place. Dans la rubrique Hydrocarbures, le Gabon compte quatre entreprises : Total Gabon (15e), Shell Gabon (17e), Sogara (24e) et Maurel & Prom (35e). Dans les Industries extractives, le pays ne compte naturellement qu’une seule entreprise : la Comilog (19e). Idem pour le BTP, avec Socoba-EDTPL (30e) ; les Télécoms, avec Airtel Gabon (35e) ; la Distribution, avec Ceca-Gadis (19e). Le Gabon ne figure pas dans la rubrique Transport.
On réalise ainsi que les structures qui passent pour des géants à l’intérieur des frontières gabonaises, se retrouvent être des juniors, sinon des cadets ou des minimes à l’échelle continentale ou sous-régionale. Rendu à l’échelle de la Cemac, les résultats engrangés dans ce classement peuvent paraître réconfortants, mais à l’heure de la mondialisation ou du village planétaire, ils sont bien modestes ; tout comme pour le Cameroun, locomotive économique de la sous-région si l’on s’en tient à ce classement. L’ouverture des frontières douanières sous-régionale est de ce fait plus qu’urgent et impératif. De même que s’impose pour le Gabon, un nouveau code des investissements qui ne sera vraiment attractif que s’il ouvre sur le marché sous-régional.