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EDITORIAL : FEMMES, CRIMES ET SILENCE …

CFFCTrois événements majeurs viennent de mettre la gent féminine en valeur, disons plutôt au devant de la scène. Le 45e anniversaire du Parti Démocratique Gabonais (PDG) avec ses prestations féminines toujours aussi remarquables ; la journée internationale des droits de la femme du 8 mars, elle-même succédant au carnaval international de Libreville du 23 février dernier marqué par une démonstration en tenue d’Eve des Brésiliennes qui ont visiblement satisfait les organisateurs de cet événement et enchanté les autorités gabonaises.
Si côté carnaval on s’attendait moins à un coup de gueule des femmes sur les questions liées à leurs droits malgré le choc visuel et moral servi au peuple, les 8 et 12 mars devaient au contraire servir de séances de rattrapage pour la gent féminine, copieusement réduite à sa dernière expression ces derniers temps avec des crimes, des découvertes macabres assortis d’un rituel insupportable que constituent ces pieux fichés dans le sexe des victimes. Actes barbares, odieux, ignobles … bref, les coupures des journaux ont épuisé les épithètes pour dénoncer la nouvelle orientation prise par les bandits de grand chemin qui, semblent-ils, courent encore.
Le dernier fait en date est celui de cette adolescente de quinze ans retrouvée pendante à un bout de tissu dans le vestiaire populaire d’un bar au Carrefour STEFO de Libreville. Un crime perpétré dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 mars dernier, et donc en pleine célébration de la journée internationale des droits de la femme. Les autres conditions de cette découvertes sont similaires à celles d’une autre jeune fille, de vingt-et-un ans celle-là, battue, violée et tuée au mois de février à Ambowé, une autre aile de la capitale où l’insécurité s’est durablement établie.
Jusqu’alors les autorités restent muettes sur le sujet. Le Ministère de la Sécurité publique, qui avait annoncé à grand renfort médiatique un renforcement des contrôles pour mieux maîtriser les malfrats, est encore dans une phase d’atermoiement pendant que les gangsters continuent d’assassiner avec plaisir.
Reste donc, dans ce cas de figure, la voix des femmes. Non pas pour exercer une espèce de loi du talion dont elles n’ont d’ailleurs pas les moyens, mais tout de même pour se faire entendre et peut-être réveiller l’attention des gouvernants. Le 8 mars dernier aurait donc pu servir de « journée tribune » pour une marche populaire, un élan de cœur, une dénonciation totale, pour sonner une ère de respect de la dignité humaine, mais encore de la dignité de la femme. Occasion manquée. Quelques jours plus tard, le 12 mars, les femmes de l’Union des Femmes du Parti Démocratique Gabonais, l’UFPDG, effleuraient à peine le sujet, réservant le gros de leurs activités à des expositions, à la fête, et à des discours dithyrambiques aux cadres masculins, traduisant parfaitement leur engagement indéfectible au parti. En tout cas, pagnes et danses ont tenu une bonne place dans cette affaire.
Par ailleurs l’Observatoire des droits de la femme, Cri de femmes, le Réseau de défense des droits humains et consort, toutes ces organisations et associations rompues à la cause humaine et féminine au Gabon sont restées sans voix pour la plupart. La seule sortie notable d’une ONG au féminin, deux jours après le drame, a été l’occasion de remercier vivement les autorités pour avoir imposé un quota de 30% des femmes dans les listes électorales pour les élections locales et législatives à venir. L’intérêt ne guide-t-il pas l’action ? L’opportunité était aussi belle pour quelques dons de produits vivriers à gauche et à droite. De quoi soigner quelques images et préparer quelques terrains politiques
Question : les femmes ont-elles réellement pris la mesure de la douleur vécue par leurs sœurs, filles, ou simplement leurs congénères dans les différents quartiers de Libreville ? On est bien tenté de dire oui. Et de supposer que les leaders féminins sont mus par d’autres questions plus essentielles pour elles. Ainsi la cause des femmes se trouve-t-elle tronquée par celles là qui disent tous les jours être en quête d’émancipation, d’égalité des sexes, et de respect de la femme.

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