La section gabonaise de la coalition Publiez ce que vous Payez, a émis un communiqué, le 18 mars 2013, à travers lequel elle procède à une série de remarques relatives à la distribution du budget général de l’État gabonais. Entre autres perles relevées, on note que le volet social est le moins doté financièrement et qu’il ne saurait être la priorité tant clamée dans les discours politiques.
La large diffusion, comme jamais avec les années antérieures, de la loi de finances 2013, aura suscité moult commentaires, analyses et déclarations. Après la Fondation Sylvia Bongo Ondimba pour la Famille qui a publié, le 18 mars, une clarification au sujet du milliard de francs CFA qui lui est consacré dans cette loi de finances, la société civile gabonaise réunie au sein de la coalition Publiez ce que vous Payez, a édité, le même jour, ses observations sur le budget 2013 de l’Etat gabonais, concernant la prise en compte des besoins des populations.
Le budget et l’état actuel du secteur social
L’analyse de Publiez ce que vous Payez s’articule sur les données du «Rapport économique et financier accompagnant la loi de finances 2013» qui indique, au 2e chapitre de la 2e partie, que «le budget pour l’exercice 2013 permettra de mettre un accent particulier sur la réalisation du Plan directeur national d’infrastructures, le renforcement du secteur social et la poursuite des différentes réformes». Déclinant en premier lieu des observations générales, la confédération d’organisations de la société civile rappelle que cette loi de finances fixe les ressources et les charges de l’État à 3141,2 milliards de francs CFA dont la ventilation comporte des «projets transversaux» et une répartition par administration.
Dans ce fromage, 362 milliards sont consacrés aux projets transversaux dont 90,6 milliards seront gérés par l’Agence nationale des grands travaux (ANGT) et 144,23 milliards de francs CFA affectés au «fonds souverain», relève la coalition Publiez ce que vous Payez, qui souligne que «certains projets nous paraissent ne pas contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations». Illustrant son assertion, la coalition donne les exemples du Programme de mise aux normes des résidences et bâtiments de commandements qui bénéficie de 10 milliards de francs CFA ; la cité de la Démocratie, dotée de 12,5 milliards de francs CFA ; le Palais présidentiel de la cité de la Démocratie alloué de 2,6 milliards de francs CFA ; les parcours de Golf pour 3,7 milliards de francs CFA et le Programme de construction et de réhabilitation des bâtiments administratifs qui jouit de 12,5 milliards de francs CFA.
La section gabonaise de Publiez ce que vous Payez brosse, après quoi, un petit tableau pour démontrer que le volet social souffre de maux multiples et qu’il gagnerait à être privilégié. Le tableau met en exergue «l’arrêt des cours aux Universités Omar-Bongo de Libreville et celle des sciences et techniques de Masuku (USTM) suite à la combinaison des grèves des enseignants d’une part et des étudiants d’autre part ; la précarité dans laquelle vivent les couches les plus nombreuses de la population, suite à l’insuffisance des logements, les pénuries d’eau et d’électricité dans les grandes villes comme Libreville et Port-Gentil et en zones rurales, une pénurie généralisée des médicaments dans les hôpitaux à travers le pays, une insuffisance des produits alimentaires made in Gabon et à des rémunérations insignifiantes ; les effectifs pléthoriques dans les établissements scolaires ; les embouteillages qui se multiplient ressortant au grand jour l’insuffisance des routes à Libreville, etc.»
Pour une prise en compte des besoins des populations
«Après examen des dotations budgétaires des secteurs sociaux, il ressort que seul 8% du général est accordé à ces secteurs. Lorsqu’on sait que les budgets de fonctionnement sont plus élevés que ceux de l’investissement, on peut dès lors se poser la question de savoir si les secteurs sociaux constituent-ils une priorité pour le gouvernement. Comment une affectation de 8% du budget peut-elle conduire à accepter que ledit secteur est prioritaire ?», s’indigne et interroge la section gabonaise de Publiez ce que vous payez. Et d’indiquer que certaines institutions bénéficient de dotations budgétaires si importantes qu’on pourrait penser qu’elles constituent la véritable priorité des autorités.
A cet effet, revenant sur la subvention d’un milliard accordée à la Fondation Sylvia Bongo, la coalition Publiez ce que vous Payez interroge : «Pourquoi n’avoir pas renoncé à cela depuis l’année dernière ? Autre fait consécutif à cette polémique, les agents de la Direction Générale du Budget se sont amusés à retirer cette écriture budgétaire du fichier pdf sur leur site en violation de la loi si telle est que les inscriptions mentionnées sur ce document officiel ont été adoptées par les deux chambres du parlement et ne peuvent faire l’objet d’une quelconque manipulation en dehors d’une loi des finances justificative.» Et d’annoncer qu’elle «se réserve le droit de saisir les juridictions compétentes pour qu’une enquête soit diligentée aux fins de mettre un terme à ces agissements non républicains et que les coupables soient sévèrement sanctionnés».
Le communiqué indexe également le budget de 15 milliards accordé à l’Assemblée nationale pour la construction d’une annexe, alors même que malgré les dotations des années antérieures pour le même objet et malgré les dénonciations de la société civile, aucune pierre n’a jamais été posée concernant la construction de cette annexe. Doutant de la fiabilité du budget de l’Etat gabonais, la coalition relève par exemple qu’au ministère de l’Economie numérique et de la Communication, «des dotations budgétaires ont été octroyées deux fois à des mêmes organes, mais à des dénominations différentes : RTG1 ; TDG, GT et RG. Or, selon les dispositions législatives de notre pays, la RTG n’existe plus. Toutefois, les responsables actuels de la radio et télévision gabonaise dirigent la RTG. Ces derniers ne sont donc pas habilités à poser les actes engageant la TDG, la GT et RG.»
Pour finir, la ligue associative «interpelle les plus hautes autorités du Gabon pour que cesse cette répartition du budget de l’Etat qui ressemble plus à un partage de gâteau entre copains et coquins qu’à un réel soucis de lutter contre la pauvreté endémique dans notre pays.»