La chaîne de télévision française France Ô braque ses caméras le 20 mars 2013 à 20h48, sur deux faits aux conséquences désastreuses tant humaines qu’écologiques aux Philippines et en Afrique respectivement au Gabon et au Niger.
La 5e chaîne du bouquet de chaînes publiques de France télévision, France Ô, dévoilera pendant près de 106 minutes les résultats de deux enquêtes sur les conséquences de l’extraction de deux minerais : l’or, aux Philippines, et l’uranium, en Afrique à travers les exploitations de la société française Areva, au Gabon et au Niger.
Le documentaire de Pascal Lorent et Dominique Hennequin, «Uranium : un poison légal», sera diffusé dans le magazine «Investigations», présenté par Samira Ibrahim. Durant 52 bonnes minutes il entraîne le téléspectateur dans les dessous de l’exploitation légale d’un poison. La première partie de cette enquête qui débute à Mounana, au Gabon, sur le site d’une mine d’uranium, propriété de la Compagnie des mines d’uranium de Franceville (Comuf), une filiale d’Areva, permet de se faire une bonne idée de la situation qui prévaut dans ce paysage soumis à la pollution radioactive.
Après la fermeture de la mine en 1999, les expatriés sont partis, mais les mineurs gabonais et leurs familles sont, eux, toujours là. Depuis, personne pas plus les autorités locales que leur ancien employeur ne s’inquiète de leur santé. Un danger invisible, le radon, pourtant, les menace. Ces habitants vivent dans des maisons construites avec des débris miniers radioactifs. Pendant des années, l’usine a rejeté ses déchets radioactifs dans la rivière où les femmes continuent d’aller laver le linge et de tremper le manioc. La filiale a démoli l’usine et déversé les gravats au fond d’une ancienne mine à ciel ouvert, aujourd’hui remplie d’eau et profonde d’une centaine de mètres. L’eau rejoint une rivière où les habitants se lavent et pêchent le poisson. Tous les habitants ont la sensation d’avoir été laissés exprès dans l’ignorance. Si cette radioactivité est sans danger immédiat, elle peut dépasser la dose maximale admissible recommandée sur l’année
Est-ce un problème isolé ou concerne-t-il toute l’industrie de l’uranium ? s’interroge Dominique Hennequin. Pour le savoir, il visite des mines encore en activité, à Arlit, au Niger. Guidé par les communicants d’Areva, il réussit pourtant à dévoiler une sinistre réalité : puits contaminés à l’uranium, radon dispersé dans l’air, mineurs mal protégés, population maintenue dans l’ignorance… Seuls les salariés expatriés réussissent à faire entendre leur voix. C’est grâce à leur action que Dominique Hennequin et Pascal Lorent livrent cette enquête, rendue plus implacable encore par sa sobriété.
Au Niger, l’uranium contamine les mineurs
À quelques kilomètres des deux mines d’uranium toujours en activité exploitées par Areva au Niger, les 85 000 habitants d’Arlit sont eux aussi menacés. «Il y a une pollution de l’air, de l’eau, une dispersion de solides radioactifs», assure Bruno Chareyron, un ingénieur en physique nucléaire, venu enquêter pour la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad). Les mineurs travaillent dans une mine souterraine à 250 mètres de profondeur. Plusieurs d’entre eux tombent malade et meurent d’infections pulmonaires et de cancers.
Une situation insupportable pour les juristes et les avocats de l’association Sherpa, spécialisés dans la défense des populations victimes de crimes économiques. En 2009, lorsque ce documentaire a été tourné, Sherpa était parvenue à négocier avec Areva la mise en place d’observatoires de la santé sur ces sites au Gabon et au Niger avec la collaboration de Médecins du Monde et de la Criirad. Trois ans plus tard, à la fin de l’année dernière, l’association constate que ces engagements ont été très insuffisamment respectés par Areva.