BHP Billiton, l’une des plus grandes entreprises minières du monde, a finalement plié bagage du Gabon. La finalisation d’une convention avec le gouvernement gabonais a été attendue trop longtemps, dans un contexte où la major australienne avait déjà décidé de la réduction de sa voilure africaine.
Le numéro 1 mondial du manganèse, BHP Billiton, a finalement quitté le Gabon. On note que sur le permis de recherche de manganèse dans la zone Est de Mounana, obtenu en juin 2007, en plus de la signature de l’accord d’exploitation des deux gisements d’Okondja et de Franceville, il ne reste de BHP Billiton qu’un chauffeur et un mécanicien chargés de l’entretien de quelques équipements restant dont des groupes électrogènes. Le retrait du géant minier australien ne sera cependant officialisé qu’après la remise d’un quitus environnemental par le gouvernement gabonais.
Jointes au téléphone, les sources du ministère gabonais de l’Industrie et des Mines se sont montrées très discrètes sur les raisons de ce retrait, se contentant d’indiquer que le Gabon ne correspondrait plus aux visées stratégiques de la major australienne et que celle-ci accorde désormais moins d’intérêt à l’Afrique. «C’est un mouvement d’ensemble observé auprès des grands groupes miniers du monde et cela ne concerne pas que le Gabon. Même le groupe minier brésilien CVRD a quitté l’Afrique», s’est consolé un membre du cabinet de Régis Immongault Tatagani, le ministre des Mines.
On a enregistré, en effet, depuis l’année dernière, des désinvestissements de BHP Billiton en Guinée, en RD Congo et en Afrique du Sud. Mais partout sur le continent noir le groupe australien est resté à l’affût d’autres opportunités. Au Gabon particulièrement, il manœuvrait depuis un moment pour reprendre l’alléchant gisement de fer de Belinga, toujours détenu par le groupe chinois, China machinery & equipement (CMEC).
La volonté de BHP Billiton de quitter le Gabon était, discrètement, déjà signalée par Gabonreview lorsque, en décembre 2012, M. Morkel, responsable des finances de la société Samancor Gabon SA dont BHP Billiton possède 60 % du capital (avec 40 % pour Anglo American), a envoyé une lettre à certains de ses partenaires au Gabon en vue de leur notifier que BHP Billiton avait pris la décision définitive de ne pas poursuivre le développement de la mine de manganèse de Franceville dont elle avait acquis les actifs et titres du géant brésilien CVRD (Companhia Vale do Rio Doce).
Pourtant, en février 2012, Jean-Jacques Jung, président de la filiale gabonaise de BHP Billiton, confiait être en discussion avec le gouvernement gabonais pour finaliser la convention minière, indiquant que son groupe était d’accord sur la montée de l’État gabonais dans son capital à 20 %, avec une option d’achat complémentaire. Il restait donc à fixer quelques points juridiques sur la manière dont Libreville pouvait exercer ses droits. Une fois la convention signée, la construction des installations devait prendre dix-huit mois et BHP Billiton devait commercialiser du manganèse gabonais au quatrième trimestre 2013, avec une production annuelle d’environ 300 000 tonnes.
Mais, le dossier a traîné en longueur, selon des sources non-officielles qui indiquent que le groupe s’est donc finalement lassé d’attendre la finalisation de cet agrément d’exploitation du manganèse de Franceville. Le départ de BHP Billiton du Gabon n’est pas pour y attirer d’autres investisseurs. Il se murmure que le groupe français Eramet qui exploite déjà du manganèse dans la même province du Haut-Ogooué avec sa filiale locale, la Comilog, ne voyait pas d’un bon œil l’implantation de BHP Billinton dans la même zone.