Après l’adoption par la communauté internationale d’une résolution pour déterminer l’origine des défenses d’éléphants, obtenue lors de la dernière Convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites), tenue à Bangkok, les huit pays d’Afrique centrale ont récemment adopté au terme d’une réunion d’urgence tenue à Yaoundé (Cameroun), un Plan d’extrême urgence de lutte anti-braconnage (Pexulab).
Après une année 2012 particulièrement noire pour les éléphants d’Afrique centrale, les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), ont décidé de s’accorder pour renverser la tendance qui présage de l’extinction totale de l’espèce animale la plus charismatique et intelligente de la planète, l’éléphant, mais aussi pour la paix et la sécurité, l’intégrité des États, l’économie et le bien-être des populations. La réunion d’urgence des ministres de la CEEAC chargés des questions de Défense, de Sécurité, des Relations extérieures, de l’Intégration et de la protection de la Faune a permis élaborer un plan pour mener ce combat qui n’est pas gagné d’avance.
Doté d’un budget de 2,3 milliards USD, dans le but de stopper sans délai l’abattage illégal des éléphants en Afrique centrale, qui alimente le commerce international illégal de l’ivoire, en menaçant ainsi la biodiversité dans cette région, le Pexulab prévoit l’établissement d’un commandement militaire conjoint, avec un système de partage et d’analyse d’information en temps réel et la mobilisation des forces de défense et de sécurité ainsi que des brigades de lutte anti-braconnage des États concernés. Spécifiquement, il s’agit de démanteler le réseau des grands braconniers et trafiquants opérant dans la zone ciblée, lutter contre la circulation illicite des armes légères et de petits calibres, et éventuellement d’autres types d’armes dans la zone ciblée, assurer l’intégrité et la sécurité de la zone sous menace des braconniers.
En 2011, on estime à 25 000 le nombre d’éléphants abattus en Afrique pour alimenter le commerce illicite de l’ivoire dans le monde. En 2012, plus de 10 000 éléphants ont disparu des forêts et des savanes d’Afrique. 62% des éléphants de forêts ont été abattus pour leur ivoire au cours des dix dernières années. «Le braconnage des éléphants a atteint son pire niveau depuis une décennie», indique le rapport publié en 2012 par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). En presque 10 ans, environ 11.000 des 40.000 éléphants du parc national de Minkébé au nord du Gabon ont été décimés, selon une étude de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN).
L’Afrique centrale abrite une biodiversité faunique variée et diversifiée constituée de grands mammifères dont les lions, les éléphants, les grands singes, faisant l’objet d’une grande convoitise par les chasseurs et autres braconniers. Cette richesse naturelle bien gérée serait un puissant levier pour le développement de l’économie verte en Afrique centrale, une voie pour la diversification de l’économie de la sous-région en plus du bois, du pétrole et des mines.
Malheureusement, du fait de plusieurs facteurs parfois combinés (pauvreté des populations locales, accroissement de la demande nationale et internationale des produits fauniques, accentuation du commerce illégal et trafic des armes) cette richesse faunique est très menacée avec les prélèvements anarchiques observés. Pour l’heure le commerce illicite d’ivoire prospère sur le marché noir asiatique, où le prix d’achat du kilogramme d’ivoire avoisine actuellement 2000 USD. Une embellie des prix qui stimule le trafic d’ivoire et par ricochet l’abattage des éléphants. D’après le rapport publié en décembre par WWF, le braconnage brasse aujourd’hui un chiffre d’affaires de 19 milliards USD, se classant ainsi 4e marché illégal du monde après la drogue, la fausse monnaie et le commerce des êtres humains.
