L’écrivain Jean Divassa Nyama, fervent défenseur de la mémoire du Gabon, déplore, dans une interview accordée à Gabonews à Paris, le manque criard d’archives sur l’histoire de la colonisation du Gabon par les français, à la bibliothèque nationale de Libreville.
Gabonews (GN): Vous venez de publier votre septième roman de 174 pages aux éditions NDZE intitulé « L’amère saveur de la liberté, la révolte ». De quoi il s’agit dans ce roman ?
Jean Divassa Nyama (JDN) : Ce roman est la biographie romancée de Mavouroulou, alias Nyonda Makita, héros du sud du Gabon mort pour la liberté en 1913. On sera fasciné de découvrir comment, par la ruse et ses qualités de stratège, il a réussi à bloquer pendant des années la colonisation du Gabon par les français dont il est devenu l’ennemi numéro un. Les lieux, les dates, les noms sont authentiques, mais cela reste une œuvre de fiction à laquelle mon imagination a donné forme et chair.
GN : C’était facile pour vous de réunir la documentation sur place au Gabon avant d’écrire ce roman ?
JDN : J’ai eu toutes les difficultés du monde pour avoir la documentation nécessaire pour avancer dans mon travail. Je me suis adressé sans succès à la mairie de Moabi, à Tchibanga et même à la bibliothèque nationale de Libreville. Pour contourner la difficulté, j’ai contacté mon éditeur pour qu’il puisse fouiller au niveau de Paris s’il peut avoir une documentation coloniale sur l’histoire de la guerre de Mocabe. Il s’est transporté à Aix-en- Provence où il a pu obtenir facilement une documentation sur l’histoire du Gabon en particulier l’histoire du sud du Gabon. Dans mon travail, j’ai mis aussi en relief les témoignages des gabonais qui ont vécu cette histoire pour que l’histoire se reconstruit d’elle-même. Ce dernier roman n’est qu’un premier élément d’une trilogie qui va être publié d’ici peu. Et je me prépare aussi à publier le troisième élément de l’histoire du Gabon parce que je viens de passer une semaine à Aix-en-Provence où j’ai fait des recherches pour compléter mon travail.
GN : Votre réaction face à ce manque d’archives sur l’histoire du Gabon à Libreville ?
JDN : C’est triste et c’est très douloureux parce que les jeunes qui sont à l’université Omar Bongo de Libreville, les chercheurs et enseignants gabonais n’ont pas de matière pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Quand j’ai commencé à écrire ce roman, la bibliothèque nationale était fermée. Jusqu’à présent, elle n’est pas encore ouverte au public.
GN : Votre souhait entant qu’écrivain ?
JDN : Le Gabon doit tout faire pour que la bibliothèque nationale puisse avoir l’opportunité de conserver toute la documentation sur l’histoire du pays car ces archives sont la mémoire du Gabon et chaque écrivain ou chercheur ne doit pas effectuer tous les jours un voyage en France pour chercher des éléments sur l’histoire de son propre pays. C’est inadmissible et c’est une honte.
GN : Enfin parlons de la promotion des livres gabonais
JDN : J’ai une émission littéraire à la télévision nationale tous les lundis matin, mais c’est insuffisant. Le problème dans notre pays, c’est qu’on a perdu aussi l’habitude de fréquenter les librairies faute de promotion de nos œuvres. La ville que je trouve très culturelle au Gabon, c’est Port-gentil. Il manque également une bonne politique du livre pour accompagner les écrivains. Le ministère de la culture doit mettre en place une direction nationale du livre pour nous soutenir et soutenir aussi les bibliothécaires et libraires parce qu’on peut écrire un bon livre. Mais s’il n’est pas bien diffusé et distribué, l’écrivain ne peut pas s’en sortir. Ensuite, il y a plus d’émissions de musique, il faut donc renverser la pyramide pour nous éviter d’animer des rencontres littéraires dans des bistrots comme on le fait souvent à Libreville. Enfin, la caravane de l’UDEG doit continuer à contribuer au développement de la lecture et favoriser le rapprochement des écrivains aux