La question des biens mal acquis (BMA) a secoué, ces dernières années, plusieurs pays africains où des chefs d’Etats ont été contraints de s’expliquer sur leur patrimoine à l’Etranger : une situation qui embarrasse l’Hexagone qui veut mener des enquêtes et traquer les responsables. Mais la tâche ne s’annonce pas aisée. Pour preuve, un des accusés, le président congolais, Denis Sassou N’Guesso s’y oppose fermement.
Dès septembre 2012, un différend avait opposé la France à la Guinée Equatoriale concernant l’affaire des BMA. Dans l’objectif de prendre à contre-pied les éventuels mouvements d’humeur engendrés par la suspicion des populations et hommes politiques Equato-guinéens à la suite des déclarations faites par des journalistes français, Malabo avait alors saisi la Cour Internationale de justice pour violation du droit international. L’avocat de la famille Obiang, Olivier Metzner, avait alors demandé que la France cesse toutes les poursuites et enquêtes engagées contre plusieurs responsables politiques du pays.
Au début de cette année, ce sont deux villas appartenant à la famille Bongo qui ont été perquisitionnées par les policiers de l’Office centrale de répression de la grande délinquance financière à Nice (France). Suite à cette perquisition, la famille Bongo a déclaré, par le truchement de son avocat, n’avoir jamais fait la moindre acquisition en France. Entre accusations et déni de la part des intéressés, l’affaire des BMA s’avère être un dossier compliqué et difficile à gérer pour les autorités françaises qui, pour la plupart, sont boostés par une justice plus ou moins libre.
De son côté, Denis Sassou N’Guesso, le président congolais perçoit l’affaire sous un autre œil. En effet, en visite à Paris le 08 avril dernier, ce dernier a appelé la France à ne pas enquêter sur ces «fameuses affaires de biens mal acquis». Comme explication à ce refus ferme opposé par celui qui est accusé détenir de nombreux appartements en France, le principe de non-ingérence devrait être pris en compte par les autorités françaises. Pour lui, ce n’est pas à la justice française de se mêler de ce dossier.
A cet effet, a indiqué Denis Sassou N’Guesso, «même s’il y avait délit établi, détournement ou corruption, la justice française n’est pas habilitée à traiter des délits qui se produisent au Congo». Le président congolais a notamment expliqué : «ce que nous voulons rappeler, c’est que le principe auquel nous avons tous souscrit au plan international est celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures».