Le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, a entretenu les journalistes, le 12 avril, sur les questions brulantes de l’actualité nationale. Notamment, les grèves à répétions tant des enseignants que des étudiants dans les universités et grandes écoles, les crimes de sang, la biométrie, la hausse des prix sur le marché, la pénurie de gaz et les problèmes d’eau et d’électricité.
Le chef du gouvernement gabonais, qui a entrepris de rencontrer les hommes de média depuis sa prise de fonction pour passer lui-même le message, informer de l’action gouvernementale, relever ce qui fonctionne, tout comme ce qui ne fonctionne pas, ainsi que les blocages rencontrés, a tant bien que mal apporté des réponses aux questions de la presse, qu’il a rencontré le 12 avril à Libreville.
D’emblée, comme on pouvait s’y attendre, les problèmes des enseignants ont eu une place de choix dans cet échange. Conscient des conséquences d’une année blanche, le Premier ministre, non sans préciser que des efforts ont été faits pour apporter des solutions, reste persuadé que c’est «tout le système de rémunération qui devrait être mis à plat». Pour lui, les salaires pourraient être majorés de 5 à 10%, selon les études, tout en tenant compte des autres réalisations programmées pour le développement du pays.
Au sujet de la problématique de la mercuriale, les explications fournies par le Premier ministre ont, selon certains journalistes, révélé l’incapacité des autorités gabonaises à trouver des solutions fiables et durables à la hausse des prix. Raymond Ndong Sima n’a cependant pas manqué de défendre soncabinet : «l’Etat a la maîtrise des prix sur les questions de douanes, de taxes sur la valeur ajoutée (TVA) et sur les taxes et droits à l’importation […] La seule chose que nous pouvons faire est de baisser ces coûts, de les suspendre ou de les supprimer. Mais le problème reste que nous n’avons pas la maîtrise du coût de transport. Or, si les coûts de transport augmentent, les coûts des produits vont forcément grimper», a-t-il expliqué avant de souligner qu’ «il n’est pas juste de dire que rien n’a été fait».
Autre point saillant de l’intervention du Premier ministre : les crimes de sang au Gabon. Raymond Ndong Sima a de facto réfuté le terme «crimes rituels», qu’il considère inapproprié pour désigner ou pour caractériser ces crimes et assassinats, désormais en prolifération dans le pays. Posant la problématique de la définition légale du terme, il a expliqué qu’«il y a des gens qui peuvent commettre des crimes et les maquiller». Justifiant son assertion, il a pris l’exemple d’un braquage perpétré non loin de la Primature : un jeune homme ayant envoyé ad patres, à l’aide d’un couteau, un automobiliste qui s’était garé pour lire son journal. Si les passants n’avaient pas assisté à la scène, à la vue des traces laissées par l’arme blanche, on aurait conclu à un «crime rituel». Toute chose qui l’a donc amené à déclarer qu’il est «injuste de porter des accusations sur le gouvernement en disant qu’il baisse les bras». En plus, a-t-il indiqué : «je pense qu’il y a des pays dans le monde où le taux de criminalité est très loin au-dessus du nôtre».
«Le gouvernement est farouchement déterminé à combattre les crimes. Nous devons être lucides et laisser les enquêtes aller jusqu’au bout», a dit le Premier ministre qui a défendu ses ministres indexés dans des affaires de crimes et qui ne sont nullement inquiétés, encore moins être poussés à démissionner de leur fonction comme on le voit sous d’autres cieux. Pour Raymond Ndong Sima, le Gabon est un pays de droit et l’on sait y faire usage de la notion de la présomption d’innocence. Au passage, et visiblement pas du tout au fait de l’interdiction de la marche du 13 avril 2013 visant la dénonciation des crimes rituels, le Premier ministre a soutenu son ministre de l’Intérieur qui a apposé une finde non-recevoir à cet événement. «Je suis d’accord qu’on manifeste pour tous les crimes de sang», a-t-il conclu tout en indiquant que «sans vouloir banaliser le crime de sang […] Il faut rester ferme. L’atteinte à la vie humaine n’est pas tolérable». Ndong Sima a également relevé le fait que les sessions criminelles spéciales ont été réactivées et ce après plus de 10 ans de suspension, afin de résoudre les cas de crimes de sang.
Amené à expliquer la pénurie du gaz, le Premier ministre a relevé que le Gabon n’a pas la capacité de stockage nécessaire au niveau de la Société gabonaise d’entreposage des produits pétroliers (SGEPP). «Contentons-nous de ce que nous avons-nous-mêmes organisé. On a mal fait les programmations. Il y a eu une mauvaise anticipation de l’accroissement de la population au Gabon».
Les mêmes remarques ont été faites concernant les conduites d’eau et la distribution d’électricité, ou encore le pont de Kango qui croupissait sous le poids de l’âge. «Un pont comme une route s’entretient», a relevé le chef du gouvernement qui affirme que les désagréments que vit dorénavant la population gabonaise sont la résultante du fait «que nous n’avons pas mis en place des mécanismes de contrôle».