Quelques semaines seulement après la révélation concernant l’usurpation de l’espace destiné à la construction, dans l’enceinte du tribunal de première instance de Libreville, d’un immeuble inter-cour devant accueillir les services de la Cour des comptes, du Conseil d’État et des éléments du secteur judiciaire de la justice, éparpillés dans la capitale gabonaise par l’Agence judiciaire du Trésor, les agents du Conseil d’État viennent de se voir chasser de leur siège par l’Agence nationale des grands travaux (ANGT).
Ce n’est vraiment pas la chance pour les éléments du Conseil d’État gabonais, qui depuis la création de cette institution, enchaînent les déménagements et locations. Impossible pour eux d’exercer dans un siège propre à eux sans être amenés à réfléchir sur un éventuel déguerpissement, souvent sans raison valable.
L’institution est en effet passée de l’immeuble «Alusuisse» aux bureaux de la Cité de la démocratie, avec certains des agents et d’autres dans un immeuble du quartier Kalikac à Libreville. Une situation qui semblait n’être que provisoire, avant que le Conseil d’Etat ne devienne propriétaire d’un siège dédié. Les membres du Conseil d’État viennent pourtant, une fois de plus, d’être chassés comme des malpropres.
Mandaté par qui ? Pour quelle raison ? Et à quelle fin ? Sont les questions qui taraudent actuellement l’esprit des administrateurs de cette haute juridiction de l’ordre administratif. Toutefois, les casseurs reconnaissent avoir reçu une autorisation d’une instance dont ils n’ont donné aucune indication, pour l’exécution de cette opération de destruction, alors qu’aucun plan de relogement pour ces hauts fonctionnaires déguerpis sans préavis n’est envisagé.
Actuellement squatteurs d’un immeuble appartenant à un membre du gouvernement, un nouveau siège provisoire, les membres du Conseil d’État devraient désormais apprendre à fonctionner avec un bâtiment inachevé et avec le minimum en matière de l’équipement qui a pu être sauvé au cours de l’opération de casse de l’ANGT, notamment des ordinateurs, des archives, dossiers et quelques souvenirs personnels.
Soucieux de trouver un consensus sur cette situation, les membres de l’institution prévoient, en guise de protestation, d’adresser une correspondance au président Ali Bongo Ondimba. Et selon les administrateurs du conseil d’État, une bataille judiciaire est en gestation et promet d’être virulente si un compromis n’est pas vite trouvé quant à cette impasse qui suscite moult réactions sur le rôle et l’importance des institutions judiciaires gabonaises en proie à plusieurs maux, notamment des conditions de travail exécrables.
Pourtant souhaité et initié par le feu président Omar Bongo Ondimba, les corps judiciaires gabonais se demandent dans quel tiroir a été classé le projet de la construction d’une immeuble inter-cour financé et confié à l’ancienne ministre de Justice, Pierrette Djouassa.
Pour que la justice gabonaise soit respectée, il faut d’abord qu’elle cesse d’être locataire et soit respectable : le Gabon émergent qui prône l’égalité de tous devant la loi ne peut se passer d’une justice vraie, honnête et réelle.