mmé le 16 mars dernier au poste de Directeur général de la Caisse nationale de Sécurité Sociale (CNSS), le Dr Désiré Lasségué voit ses premières décisions contestées par le personnel qui s’exprime dorénavant par des moyens inhabituels.
Des tracts surgissent tout d’un coup à la CNSS. La vie à la tête de cette entreprise publique n’est décidément pas un long fleuve tranquille. Après Marie-Thérèse Vané Ndong Obiang, le Dr Désiré Lasségué n’a pas mis longtemps à l’apprendre à ses dépens. Ses premières décisions sont très critiquées au siège de l’entreprise «en raison de leur caractère inouï». Selon des membres des syndicats qui ont choisi, par peur de représailles, de s’exprimer dorénavant par tracts : «le nouveau directeur général a déjà commis quatre grosses erreurs, à savoir le blocage du système informatique quarante-huit heures après sa nomination et alors que la passation de service n’avait pas encore eu lieu, le limogeage du directeur des Ressources humaines, la nomination du directeur de la Polyclinique médicale de Franceville et l’installation officielle de la nouvelle DRH. En quarante-cinq jours seulement, ça fait beaucoup, le Code de Sécurité sociale est bafoué, ainsi que les décrets du chef de l’Etat».
Les syndicats et autres représentants du personnel se demandent en fait, à travers ces deux tracts, à qui revient le droit de nommer au poste de directeur. «Est-ce au président de la République ou au directeur général de la CNSS de procéder à de telles nominations ?», écrivent-ils. Depuis sa prise de service, le Dr Désiré Lasségué a nommé deux directeurs et un directeur adjoint, à savoir celui des Ressources humaines et son adjoint, et celui de la Polyclinique médicale de Franceville en la personne de Jean Nono, précédemment directeur de la Fondation Jeanne-Ebori. Jusque-là, les directeurs généraux, depuis Sylvestre Oyouomi jusqu’a Marie-Thérèse Vané, ne désignaient que les chefs de division et les chefs de service, ainsi que les assistants du directeur général (ADG, qui étaient en réalité des conseillers nommés en interne).
Textes OHADA contre décisions gouvernementales
Pour les proches de l’actuel directeur général de la CNSS, «le Dr Désiré Lasségué n’a en rien bafoué les textes qui régissent le fonctionnement de l’entreprise, puisqu’il se base sur les textes OHADA qui lui donnent la latitude de nommer au poste de directeurs et de tout responsable dans l’entreprise», souligne l’un d’entre eux. Celui-ci ajoute que les mêmes textes ne prévoient pas, par exemple, la fonction d’agent comptable, mais plutôt celle de directeur financier et comptable. Il y a donc à parier que d’autres changements vont intervenir dans le secteur des finances de l’entreprise. Le nouveau patron de la CNSS a donc choisi de s’appuyer sur des textes supranationaux pour s’imposer face aux décisions gouvernementales. Un peu comme à la manière d’un Alfred Mabika Mouyama à La Poste S.A, il estime que la CNSS doit être régie par les textes OHADA. Pour les employés de la CNSS, «c’est inadmissible, si le nouveau directeur général veut nommer ses proches pour gérer les finances de l’entreprise, qu’il fasse au moins semblant de les proposer au gouvernement ; en tout cas, pour nous, les mesures individuelles déjà prises et celles à venir sont nulles et de nul effet».
Méthode contestée
D’autres proches du Dr Lasségué affirment qu’après les années Vané, il faut effectuer des audits et opérer un changement de méthode dans la gestion de la structure, mais on constate que cette nouvelle méthode a certainement été mal expliquée, puisque déjà contestée par la base. Une méthode apparemment trop brutale aux yeux de certains syndicalistes qui, après avoir salué l’arrivée du nouveau directeur général, en sont à se demander si leur avenir professionnel va s’écrire en pointillés et si l’entreprise saura faire face aux défis à venir (cession des hôpitaux à l’Etat, situation des personnels, etc.). Les semaines à venir devraient nous édifier sur la méthode Lasségué qui a, pour l’instant, nous l’espérons pour la CNSS, manqué la pédagogie.