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Le Gabon est-il en faillite ?

mendiant-gabonCette question est la résultante d’un communiqué de presse, conjointement signé par le ministre de l’Economie, Luc Oyoubi, et celui du Budget, Rose Christiane Ossoucah, rendu public en fin de semaine écoulée et relatif à l’émission de bons du Trésor à trois mois. Ce qui a donné lieu à une interprétation : l’Etat gabonais envisage d’emprunter de l’argent pour résoudre ses problèmes.

Sous ce titre «Le Gabon est-il en faillite ?», le journal La Loupe du mardi 7 mai 2013 s’interroge sur la nécessité de ce communiqué et sur le fond et la forme du mode de communication choisi par le gouvernement pour cette affaire. L’hebdomadaire va du fait que «rien, ni personne n’a souvenance d’avoir vu Luc Oyoubi ou Rose Christiane Ossoucah venir à la télé expliquer les tenants et les aboutissants de cet emprunt». Et de s’interroger : «n’est-ce pas là un devoir républicain ? Gère-t-on un pays commun de cette manière-là ? Ali est-il fier de cette façon de faire qui, en réalité, est un mépris pour le peuple par ses collaborateurs».

Selon l’hebdomadaire «lorsque l’Etat a besoin d’argent, il fait comme chacun de nous, il emprunte. Si c’est pour investir, par exemple construire des infrastructures, l’Etat emprunte auprès de la Banque Mondiale, de la BAD (Banque africaine de développement – ndlr), de l’AFD (Agence française de développement) et d’autres sur plus de 15, 20 ou 30 ans. Mais si l’Etat a des problèmes pour boucler ses fins de mois, il sollicite un découvert bancaire ou il emprunte de l’argent à 3 mois, 6 mois ou 1 an».

«Dans le cas de l’opération en cours», relève ce confrère, «le trésor émet 1.000.000 de bons, pour une valeur unitaire de 10.000 francs CFA, ce qui fait au total 10 milliards de francs CFA, remboursables dans trois mois, en août». Si l’on s’accorde sur le principe même de cette opération, il n’en demeure pas moins que la question essentielle est celle de savoir comment et pourquoi le Gabon en est à emprunter dix milliards sur 3 mois. Ce qui laisse penser que la situation des finances publiques est devenue préoccupante pour ne pas dire précaire.

«De deux choses l’une. Soit l’Etat ne parvient pas à faire rentrer les 3000 milliards de recettes prévues dans le budget 2013. Soit, cet argent rentre mais connaît des déperditions», fait remarquer le tabloïd qui se demande encore pourquoi emprunter de si petites sommes pour boucler les fins de mois alors que «l’argent rentre à flot».

À son analyse, La Loupe affirme que «les éléments probants des difficultés financières de l’Etat, ce sont tous ces chantiers arrêtés ou abandonnés, à Libreville comme en province». «Comment expliquer que depuis des années, les projets inscrits dans le budget et votés par le parlement ne se réalisent pas ou le sont avec difficultés ?», s’interroge le journal. Et de répondre que «les entreprises ne sont pas payées. Tous les chantiers ouverts à Libreville, pour ne prendre que le cas, sont arrêtés ou ralentis parce que l’Etat n’honore pas ses engagements. Les opérateurs économiques s’en plaignent, car asphyxiés financièrement».

L’on indique également que les ministres râlent de leur côté contre l’Agence nationale des grands travaux (ANGT) devenu l’ordonnateur national du budget, de même que contre le Trésor qui ne paie pas. Toutes choses qui conduisent à la non-réalisation des investissements programmées, budgétisés et annoncés, faute de cash.

L’article s’achève sur des interrogations au sujet du rôle de certaines institutions républicaines : «Si nous avions un vrai parlement, cette question ne mériterait-elle pas une interpellation du gouvernement ? Et si à la tête de la Cour des comptes, nous avions une personnalité de la trempe du Français Didier Migaud, on en saurait davantage».

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